Le 7e continent : pourquoi fait-il si peur ?

Le 7e continent ? Si vous aussi, vous êtes en train de recompter dans votre tête pour vérifier, on vous rassure tout de suite : vous n’avez pas la berlue. Dans cet article, nous comptons bien vous expliquer ce que c’est que le 7e continent. Pour ceux qui en ont déjà entendu parler, vous le savez : ce 7e continent, c’est quelque chose qui fait peur. Un continent entier de plastique, navigant dans l’océan pacifique. Si vous pensiez que c’était un mythe, revenons sur l’existence de ce phénomène. Voici le programme : la pollution, la formation de ce « continent », ses impacts et enfin les solutions qui sont en cours de réflexion pour le défaire.

Le 7e continent ? C’est quoi ?

Un continent formé de déchets dans le Pacifique

Ce 7e continent, c’est un continent formé à base de déchets. Il représente une partie des déchets rejetés dans la mer, principalement des déchets en plastique. 3,5 millions de déchets : voilà l’estimation qui ressort. Chaque année, 10 millions de tonnes de plastiques sont rejetées dans les océans. Cela représente un camion toutes les minutes.

Les points de rencontre entre les courants marins forment des gyres océaniques où les déchets sont emportés et se regroupent. Le 7e continent est aujourd’hui le plus important. Malheureusement il n’est pas le seul : il existe 5 principales gyres ainsi formées dans le monde : deux dans le Pacifique, deux dans l’Atlantique et une dans l’Océan Indien.

Situé au nord-est de l’océan Pacifique, il s’étend sur 3,43 millions de kilomètres carrés – soit 6 fois la taille de la France – [RTS.ch]. Même si l’on sait à peu près le situer, il n’est pas fixe pour autant. Il vogue entre la côte est du nord de l’Amérique et la côte japonaise.

Comment cela est-il possible ? Cela se verrait en le survolant ! C’est sans doute ce que vous devez vous dire. Pourtant, ce n’est pas le cas.

Le terme trompeur de « Continent »

Le terme de continent est en effet un peu trompeur. Il ne représente pas une masse compacte sur laquelle on pourrait marcher, comme on le voit parfois illustré dans certains médias. De plus, comme nous l’avons vu, il n’est pas fixe, mais vogue en fonction des courants marins. Il se déplace, mais continue de s’amasser et de grossir. Les courants marins qui emportent les déchets font en sorte que ce 7e continent soit un peu la poubelle ambulante de l’océan. Les déchets arrivent massivement au même endroit, par les simples lois de la physique.

Le 7e continent est invisible, ou presque. En s’approchant de la zone concernée, on peut le voir à l’œil nu. Il est formé de microparticules de plastiques et de déchets encore formés. À la surface, on distingue comme une vague de plastique… Mais ce qu’on constate par-dessus tout, c’est l’absence de vie aquatique.

La presque-intangibilité de ce continent en fait ce qu’il y a de plus problématique : tandis que les plus gros déchets peuvent être ôtés manuellement, les microparticules de plastique sont très compliquées à retirer.

Comment le 7e continent s’est-il formé ?

La surproduction de plastique

Plus de 380 millions de tonnes de plastique sont produites chaque année [Science Daily]. Bien sûr, comme vous le savez déjà, la totalité de ces plastiques n’est pas toujours recyclée. Une bonne partie de ces déchets se retrouve donc dans la nature.

Pourquoi parle-t-on plus souvent des déchets plastiques ? Les déchets plastiques font partie de ceux qui mettent le plus de temps à se dégrader dans la nature. Un déchet plastique peut mettre jusqu’à 450 ans pour se dégrader entièrement. Prenant en compte que la production de plastique a explosé à partir des années 1950, le calcul est vite fait… La plupart des déchets plastiques rejetés dans la nature ne se sont toujours pas dégradés à l’heure où nous rédigeons cet article. On estime qu’environ 80 % des déchets qui composent le 7e continent proviennent des terres [Taraexpeditions.org]. Le reste est tombé des navires de commerce et de pêche.

Le circuit du plastique et la pollution des océans

Comme nous l’avons vu, les déchets plastiques qui ne sont pas jetés ou recyclés se retrouvent bien souvent dans la nature. Lorsque ce n’est pas dans la nature directement, c’est en ville. Dans la rue, dans les caniveaux… Ces déchets sont ensuite projetés par les vents, circulent dans les courants de rivière, puis dans les fleuves… Et enfin dans la mer et les océans. Ils sont donc problématiques pour les océans, mais pas seulement : ils peuvent polluer les autres courants par lesquels ils sont passés… Et toutes les vies terrestres et aquatiques qu’ils rencontrent.

Quelles conséquences le 7e continent entraîne-t-il ?

Les microparticules : un désastre pour la faune aquatique

Plus de 700 espèces touchées [Science Daily]. C’est ce que l’on estime, au niveau de la faune océanique. De quelle manière ? Il y a énormément d’impacts du 7e continent sur ces dernières. En effet, comme nous l’avons vu plus haut, les matières plastiques se transforment en microparticules et forment une couche plus ou moins impressionnante au niveau du 7e continent. À cette couche de microparticules s’ajoutent des déchets entiers, plus classiques. Elle peut s’étendre de la surface jusqu’à 30 m de profondeur sous l’eau. Le problème, c’est que ces microparticules peuvent être confondues avec plancton et crustacés… Et les créatures marines peuvent donc être tentées de les ingérer.

Les déchets qui forment des pièges pour les animaux marins

Nous avons beaucoup parlé des déchets plastiques. Mais on trouve aussi d’autres types de déchets au sein du 7e continent. On trouve entre autres des débris de pêche : cordes, filets et autres ustensiles. Les types de matières retrouvées le plus abondamment sont les suivantes : plastiques, engins de pêche, métal, verre, céramique, textiles, papier [Science Daily].

Au-delà de cela : les plus gros déchets peuvent représenter des risques importants. En effet, ils peuvent entraver les voies respiratoires, piéger et entraver les mouvements, obstruer les voies digestives, etc. Cela met en péril certaines espèces déjà fragiles, potentiellement en voie d’extinction, mais aussi tous les écosystèmes qui sont liés. La faune, la flore et les autres éléments d’un écosystème étant toujours fortement liés : un bouleversement s’opère à tous les niveaux.

Les substances toxiques

En plus des déchets eux-mêmes, les substances toxiques doivent également être mentionnées. Les matières plastiques sont traitées de plusieurs manières, pour obtenir les formes, les rendus et les textures recherchées. Toutes les substances toxiques présentes dans le plastique migrent petit à petit dans l’eau, représentant de multiples menaces pour les écosystèmes marins. C’est sûrement pour toutes ces raisons conjointes que les différentes excursions menées là-bas remontent une même problématique : une disparition de la vie maritime aux abords du 7e continent.

Existe-t-il des solutions pour détruire le 7e continent ?

Une prévention en amont

Pour éviter que la situation ne s’aggrave, il faut déjà en revenir à la source et limiter la consommation de plastique. C’est l’une des premières solutions de base qu’il faut appliquer. À l’heure actuelle, le plastique est privilégié comme contenant pour tout et n’importe quoi. Et pour cause : il est bien plus résistant et moins coûteux que le verre ou le métal. Un véritable fléau se matérialise, entre autres, dans l’utilisation des sacs en plastique – plus de 500 milliards de sacs vendus, n’ayant une durée de vie moyenne que de 15 minutes seulement – [Science Daily].

La raison ? Ils ne sont pas récupérés et difficilement recyclés par les organismes de tri sélectif. Fins et légers, ils finissent souvent par s’envoler et être balayés pour finir dans les eaux. La solution serait donc de diminuer la production et consommation de plastique à l’échelle mondiale, ainsi que de déchets de manière générale.

Pour ce faire, de nombreuses études sont menées (aux alentours des différentes gyres mais aussi sur les fonds marins et les embouchures des fleuves). Ces études ont pour but de donner des arguments pour engager des actes et cadres d’ordre internationaux pour la protection des écosystèmes marins. De plus, il est avéré que les traitements des déchets des pays côtiers jouent un rôle énorme dans le volume de déchets rejetés à la mer [Science Daily]. La problématique est donc d’autant plus importante dans les pays du tiers-monde.

Les difficultés rencontrées

Pour détruire le 7e continent, la difficulté principale réside dans le fait que les déchets sont décomposés en microparticules, comme nous l’avons vu plus haut. En effet, les microparticules ne peuvent pas simplement être attrapées dans des filets : l’eau doit être filtrée. Mais vu la masse, cela représenterait environ 3 à 4 millions de kilomètres carrés à filtrer.

Un travail colossal, par conséquent. On pourrait se dire de ramasser les déchets plastiques plus conséquents (les macroplastiques), mais en réalité ils ne représentent que 0,2 % de la masse de la pollution plastique des océans.

Le projet Ocean Cleanup

En 2013, un étudiant en aéronautique appelé Boyan Slat a proposé un projet de nettoyage des océans. Ce projet, « Ocean Cleanup », proposait de mettre en place des barrières flottantes à proximité des plaques de déchets. Ces boudins devaient recueillir les plastiques flottants à la surface des océans. À la suite de cette « capture », des navires devraient revenir sur place et récupérer les déchets afin de les recycler correctement. Un prototype de ce système appelé « Wilson » a été déployé sur la fin d’année 2018, mais a très vite connu certains déboires et a dû être rapatrié.

La barrière n’avait pas résisté aux intempéries. C’était la crainte principale au lancement du projet. Toutefois, le premier essai avait tout de même réussi à récupérer plus de 2000 kg de plastique en quatre semaines : ce résultat était encourageant (quoique décrié par certaines autres organisations).

Selon Paul Watson, le fondateur de Sea Sheperd, les nettoyages de plage quotidiens à travers le monde ramassent généralement plus de déchets en une seule journée que le système employé par Ocean Cleanup en un mois à l’époque.

C’est la raison pour laquelle le projet a continué d’être poussé et les prototypes améliorés. Le système a donc dû être revu, avec comme espoir d’éliminer jusqu’à 50 % de la masse de la plaque de déchets en 5 ans.

D’autres solutions de nettoyage des océans à l’échelle mondiale

De nombreuses autres initiatives sont menées pour nettoyer les océans à l’échelle mondiale. On peut en citer quelques unes :

  1. Le nettoyage des plages :

Il permet de récupérer des déchets qui ont été jetés à la mer et sont revenus s’échouer sur les plages. A l’inverse, il empêche aussi d’autres déchets déposés sur les plages de pénétrer dans l’eau.

  1. The Interceptor :

Il s’agit d’un navire de récupération des déchets en rivière. Comme nous l’avons vu, bon nombre de déchets arrivent par les différents cours d’eau : rivières, fleuves. Pour empêcher les déchets d’atteindre l’océan, une solution consiste à les arrêter bien avant, lorsqu’ils sont dans l’eau des rivières.

The Interceptor est un navire qui fonctionne à 100% à l’énergie solaire, fonctionne de manière autonome. En plaçant ce navire sur les rivières les plus polluantes, il pourrait avoir un large impact positif sur la pollution des mers et océans.

  1. D’autres navires de nettoyage :

Il existe aussi d’autres initiatives que Ocean Cleanup pour nettoyer l’océan de plastique. Un projet de navire français, le Manta, verra le jour en 2022. Il sera capable non seulement de collecter les déchets, mais aussi de les compacter et de les stocker. Il pourra ainsi naviguer en haute mer. De plus, équipé d’un système d’émissions sonores, il ne sera pas nuisible aux créatures marines : il pourra prévenir de son passage, ce qui éloignera la faune de toute menace.

Le 7e continent représente donc une masse invisible particulièrement impressionnante. À cause de la manière dont il s’est formé, mais aussi de la manière dont il est constitué, il semblait presque impossible à détruire. Aujourd’hui, si des moyens sont mis en œuvre pour essayer de détruire ce continent petit à petit afin de recycler les déchets plastiques, il faut aussi considérer des solutions en amont.

Pour ce faire, il faut limiter la consommation de plastiques polluants, à commencer par les sacs en plastique. En prenant ces dispositions suffisamment rapidement, de nombreuses espèces et écosystèmes marins pourraient ainsi être préservés.

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