Adopter le zéro déchet : un challenge personnel à relever

Aujourd’hui chacun de nous est concerné par la surproduction, la surconsommation et le gaspillage. Pour ne pas rester les bras croisés, nous pouvons commencer par adopter le zéro déchet et nous inscrire dans une démarche durable. Mais le zéro déchet en France ou zero waste en anglais, ça vous évoque quoi concrètement ? Un mode de consommation responsable ? Le recyclage seul de vos déchets ? Ou un vrai challenge à relever ? Décodage.

Définition et origine du zéro déchet

Le zero waste, une philosophie qui questionne les limites

Bien plus qu’un concept, le zéro déchet est avant tout un mode de vie qui vise une seule chose : réduire la quantité de déchets que nous produisons et leur impact environnemental. Facile à dire me direz-vous ! Mais facile à faire aussi : il faut en effet simplement changer nos habitudes et repenser nos façons de consommer. S’inscrire dans une démarche globale et responsable, avoir une vision progressive, écologique et économique, presque choisir de mener une vie minimaliste, c’est aussi cela le zéro déchet en France.

Dans une société consumériste à outrance, où le bien est accessible, à moindre coût, et en quantité plus que nécessaire, repensons la notion de besoin avant un achat, revenons à l’essentiel. L’ère de l’ “avoir pour être” semble être révolue, presque indécente. Tendre vers le zéro déchet ne doit être ni contraignant ni moralisateur : cela doit être une action volontaire, un projet commun à mener en famille (éduquer la jeune génération à ces gestes du quotidien, c’est bien aussi au passage), et un projet fédérateur à mener en collectivités.

Béa Johnson, l’initiatrice du mouvement

Si la démarche commence à faire parler d’elle depuis quelques années, c’est réellement en 2013 qu’elle va prendre de l’importance. Béa Johnson, une Américaine d’origine française, prend conscience lors d’un déménagement qu’elle possède des tas d’objets dont elle et sa famille ne se servent pas ou plus. Le désencombrement est salutaire. C’est une vraie révélation, une prise de conscience. Elle se lance dans la rédaction d’un ouvrage qui s’intitule « Zéro déchet » et fait très vite de nombreux adeptes. Elle enchaîne conférences, interviews dans le monde entier. Le mouvement est lancé ! On pourrait les qualifier d’aventuriers, d’explorateurs, presque d’illuminés… ceux qui adhèrent assez tôt à ce nouveau concept du mieux consommer et du mieux-vivre. En tout cas, devenus rapidement très nombreux, ils réussissent à (re)faire émerger cette philosophie de vie. Mais en quoi consiste-t-elle exactement ? Sur quels principes repose-t-elle ?

La règle des 5 R pour réussir sa transition zéro déchet

Le zéro déchet est le concept de transition écologique par excellence en France. « Le meilleur déchet, c’est celui qu’on ne produit pas ! ». Alors c’est vrai, ce serait LA solution. Mais comme on en est encore loin, adoptons déjà le zéro déchet avec la mise en place de ces 5 grandes actions et ce, par ordre d’importance :

1- Refuser

Il s’agit ici de refuser tout ce dont on n’a pas besoin : les objets à usage unique, les objets du quotidien non revalorisables. J’entends par là, la vaisselle jetable, les pailles, les cotons-tiges, les bouteilles d’eau… Mais aussi les publicités et prospectus dans la boîte aux lettres, les boîtes en plastique et tant d’autres…Préférez la gourde réutilisable, mettez un stop pub sur votre boîte aux lettres, adoptez le contenant en verre… C’est l’apparition du plastique, au début du 20e siècle, qui va engendrer cette frénésie de production d’objets à usage unique. Saviez-vous que moins d’un tiers à peine des déchets plastiques arrivent à être collectés pour être recyclés ? La lutte contre le « tout-jetable » doit être au centre des préoccupations, d’autant que les bioplastiques ne sont pas complètement verts.

2 – Réduire

Dans notre quotidien, il est urgent de réduire :

  • sa consommation : n’achetez que ce qui vous est utile ;
  • son stockage : faites du vide et par la même occasion, faites-en profiter ceux qui en ont le plus besoin ;
  • ses achats compulsifs : investissez intelligemment ;
  • le gaspillage : alimentaire, vestimentaire, énergétique… Il prend aujourd’hui plein de formes. C’est une nécessité absolue de le freiner.

3 – Réutiliser

Il faut savoir faire preuve d’inventivité, d’ingéniosité, de débrouillardise aussi un peu. Réparez, partagez, échangez, troquez ! En plus d’être bon pour la planète, cette pratique est saine et relie davantage les personnes entre elles. Ne pas acheter neuf, mais d’occasion, détourner l’usage d’un objet pour lui donner une seconde vie, voilà encore un vrai challenge.

4 – Recycler

Spontanément, on a tendance à croire que c’est l’étape fondamentale, incontournable de ce processus de sensibilisation au zéro déchet. Je recycle donc je suis. Eh bien non, ça ne l’est pas. Car recycler nécessite des dépenses d’énergie, engendre parfois de la pollution et surtout n’est pas une solution durable. Le plastique, pour ne citer que lui, ne peut être recyclé que de façon très limitée et deviendra un déchet dans tous les cas. Alors recycler, c’est bien, mais c’est loin d’être suffisant.

5 – Rendre à la terre (Composter)

Eh oui, rendons à la terre ce qu’elle sait si bien nous donner. Plus de 30 % de nos déchets organiques peuvent être compostés. Ce n’est pas négligeable alors allons-y ! Plusieurs possibilités pour cela :

  • le composteur à fabriquer soi-même, en fond de jardin ;
  • un composteur individuel, en appartement (le lombricompostage) ;
  • le composteur collectif pour les résidences.

Le compostage n’est plus l’apanage de celui qui vit à la campagne. De nos jours, tout le monde a la possibilité de composter sa matière organique !

Adopter le zéro déchet : un gros challenge mental et une bonne dose d’organisation

Les premiers pas d’un converti au zéro déchet

Relever le défi, oui, mais par quoi commencer ? Peut-être par faire un travail sur soi et assimiler que chaque morceau de déchet cumulé se transforme en quantité astronomique au niveau planétaire. Pour réussir le passage au zéro déchet, il faut être mentalement prêt, sinon les mauvaises habitudes reviennent vite au galop.

Dans un défi, il y a toujours une part d’incertitude, de questionnement, de doute quant à la réussite du projet. Pour démarrer donc avec optimisme et entrain (il faut que l’adhésion au projet soit simple pour être menée sur le long terme), retenons donc 3 actions clés, à fort impact sur la réduction des déchets :

  • composter ses biodéchets : on l’a bien compris, le compost produit devient un engrais naturel, riche en fertilisants pour le jardin ;
  • acheter en vrac : stop aux emballages alimentaires. Légumes, fruits, pâtes, riz, farine… Désormais de nombreux produits sont accessibles sans emballages, en épicerie bio ou en supermarché ;
  • éviter le neuf : place à la réparation, l’emprunt, la location, l’achat d’occasion…

À cela, il est aussi important d’ajouter un usage informatique plus « intelligent » (y auriez-vous pensé ?). De nos jours, pas un foyer sans un ordinateur au minimum, alors autant en être conscient :

  • évitez d’envoyer un mail à plusieurs destinataires et de stocker trop d’e-mails archivés ;
  • préférez aussi un ordinateur portable, il consomme 50 à 80 % d’énergie en moins qu’un ordinateur fixe ;
  • réduisez la taille des pièces jointes ;
  • installez un anti-spam.

Ces 4 pratiques restent à la portée de tous, elles représentent les réels premiers pas vers le zero waste. Et pour que cela s’inscrive dans la durée, que ça ne fasse pas un effet feu de paille, il faut avancer étape par étape. Le but n’est pas de tout bouleverser en une fois, au risque de trouver cela laborieux. C’est une révolution dans nos habitudes quotidiennes, donnons-nous le temps pour les systématiser, bref les adopter.

Le zéro déchet à l’échelle de l’entreprise et des collectivités

Cependant, on ne peut se contenter de ces quelques mesures énoncées. On voit depuis une dizaine d’années de nouvelles idées émerger et de nouvelles règles s’appliquer. Elles se multiplient dans le but d’envoyer des signaux à l’ensemble des intervenants et de favoriser les comportements vertueux. La démocratisation du mouvement est en cours ! La sensibilisation et la mobilisation sont l’affaire de tous pour redonner toute sa place à la nature.

  • L‘engagement des villes et des territoires progresse continuellement.
  • L’entreprise, très productrice de déchets, se mobilise. Selon l’Ademe, chaque employé de bureau produit en moyenne entre 120 et 140 kg de déchets par an sur son lieu de travail.
  • Le coût des traitements polluants augmente. Mais en matière de taxation, il y a encore une grande marge d’amélioration. La TGAP (Taxe Générale sur les Activités Polluantes) est encore bien trop peu utilisée.
  • Le nombre d’épiceries, de boutiques et de marchés zéro déchet (courses sans emballages) explose en France. Et les porteurs de projet se bousculent. Ce qui laisse présager un bel avenir à ce type de commerce.
  • Les blogs à ce sujet sont de plus en plus nombreux. Leurs auteurs forment une grosse communauté sur le net de nos jours.

On peut encore espérer une plus grande sensibilisation. Sans atteindre le zéro, on peut réduire considérablement nos déchets : les champs d’action sont aujourd’hui identifiés et variés, ce sont nos mentalités qui restent encore à éduquer. En tout cas, c’est certain, une transformation lente mais profonde s’est amorcée. De toute façon, nos systèmes de production et de consommation ne sont plus viables. Il faut accepter de se réinventer pour évoluer. Des associations s’engagent, Zero Waste France prône le zéro gaspillage, avec une réduction des déchets à la source. Chaque petit geste doit être encouragé, les générations futures auront tout à y gagner. Privilégions les circuits courts, consommons bio et local, redonnons à la vie sa simplicité.

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