Protection des forêts : et si je pouvais agir ?

Les terribles images des super-incendies d’Australie en 2019, les décisions du gouvernement brésilien concernant la protection de l’Amazonie… Depuis quelques années, la préservation des forêts du monde entier est au cœur des débats. Car lutter contre le réchauffement climatique et veiller à la bonne santé des forêts sont deux combats qui vont de pair. Pourquoi faut-il les protéger ? Quelles sont les astuces pour agir au quotidien ? Quelles associations se battent pour pérenniser notre patrimoine ? Tout, vous saurez tout sur la protection des forêts.
Pourquoi il faut préserver les forêts
On dit souvent que les forêts sont les poumons de la Terre. Nous pouvons aller plus loin : elles sont indispensables à notre survie. Et pas seulement parce qu’elles régulent notre climat…
En stockant le CO2, les forêts luttent contre le réchauffement climatique
Le réchauffement climatique se fait sentir : depuis 2016, les records de température se succèdent. D’ailleurs, celle-ci est la plus chaude jamais enregistrée. Les scientifiques craignent que le réchauffement global n’engendre une hausse de 1,5 °C d’ici à 2025. Nous savons qu’il est nécessaire de réduire nos gaz à effet de serre. Dans cette lutte, nous pouvons compter sur un allié de poids pour rendre cet objectif réaliste : les forêts. Leur rôle est essentiel depuis des millénaires afin de pérenniser le paradis que représente notre planète. Elles font partie, avec les océans, des régulateurs de notre climat.
Les forêts sont des éponges à CO2. À travers le processus de photosynthèse, chaque arbre se gorge de carbone afin de se développer. En contrepartie, il rejette de l’oxygène. En ce sens, les forêts sont considérées comme des puits de carbone. Cependant, un arbre rejette tout le carbone emmagasiné durant sa vie lorsqu’il meurt. Si elle survient de manière naturelle, la mort d’un arbre est bénéfique pour le reste de la forêt. Le CO2 expulsé est récupéré par ses congénères, qui prospèrent à leur tour.
L’effet devient pernicieux quand l’homme entre dans la danse. La déforestation massive des forêts matures d’Amazonie, d’Afrique et d’Asie a pour conséquence de relâcher dans l’atmosphère des stocks importants de carbone. À elle seule, la déforestation tropicale serait responsable de 12 à 20 % des émissions annuelles de CO2. Mais ce n’est pas tout. En rejetant plus de carbone que d’oxygène, les forêts tropicales entraînent un assèchement du micro-climat chaud et humide dont elles dépendent. Résultat, elles se détériorent d’elles-mêmes et sont vulnérables aux super-incendies. Un vaste effet boule de neige qui deviendra très vite incontrôlable si nous n’agissons pas.
Les forêts abritent une biodiversité incroyable
Les forêts occupent un peu plus de quatre milliards d’hectares sur notre planète, soit un tiers de sa surface. Selon l’association WWF, elles représentent le plus grand écosystème terrestre. En effet, 80 % de la biodiversité mondiale trouverait refuge dans ces sanctuaires de vie. La majorité des espèces vivent dans les forêts tropicales d’Amérique du Sud, du bassin du Congo, et d’Asie du Sud-Est. Environ deux tiers des espèces de plantes à fleur recensées dans le monde vivent sous ces latitudes. Ce ratio est également valable pour l’ensemble des vertébrés et des arthropodes.
La France est l’un des pays d’Europe le plus boisé. Une prouesse en partie due à l’Outre-Mer. À elle seule, la Guyane totalise 7.5 millions d’hectares de forêt, soit 85 % de la surface du département. On estime qu’elle accueille plus de 10 000 espèces végétales, dont 1 000 essences d’arbres. Les espèces de vertébrés s’élèveraient à 1 200, les insectes à 400 000 (soit 10 à 20 % de la diversité mondiale). Mais en termes de biodiversité, chaque forêt du monde abrite sa propre société. Avec, pour certaines d’entre elles, une faune et une flore endémique. Rien que sur notre territoire, le taux endémique est exceptionnel. Il atteint 76 % des espèces en Nouvelle-Calédonie, et 28 % à l’Île de la Réunion.
Malheureusement, dix millions d’hectares de forêts sont éradiqués chaque année dans le monde. La perte d’habitat de la biodiversité se poursuit à un rythme catastrophique, entraînant d’innombrables espèces végétales, animales et fongiques à l’extinction. La protection de la biodiversité doit être au centre de nos préoccupations. C’est notre patrimoine le plus précieux.
La forêt nous protège d’autres dangers
Les deux raisons évoquées ci-dessus ne sont qu’une partie des bienfaits que nous rend une forêt. En toute discrétion, elle porte un regard protecteur sur nos villes et nos campagnes. À commencer par le rôle qu’elle joue vis-à-vis de l’eau. Lorsqu’ils sont en contact avec des eaux polluées, les arbres régulent les taux de nitrates, empêchant ainsi d’empoisonner les sols. En plus d’améliorer la qualité de l’eau, la forêt la retient. Le nombre croissant d’inondations s’expliquent en général par une déforestation et une urbanisation importante.
La forêt permet également de stabiliser les sols. En montagne, elle empêche les blocs de pierre de se détacher sur les habitations et les routes. Elle agit comme barrière naturelle lors des avalanches, des coulées de boue et des glissements de terrain. Elle tient un rôle de fertilisant des sols. La végétation morte se décompose et forme un humus nourrissant pour la terre. Son cycle de la vie est remarquable, puisque chaque élément disparu vient alimenter les jeunes pousses. Dans une forêt, le moindre champignon se révèle d’une grande importance.
5 façons de protéger les forêts
Vous n’avez pas l’âme d’un révolutionnaire, prêt à s’enchaîner à un arbre ? Rassurez-vous, il est possible de faire une grande différence sans bouger de votre canapé.
Dire stop à l’huile de palme
La culture du palmier à huile est à elle seule responsable de plus de 20 % de la déforestation mondiale. Tout le monde en est conscient, pourtant certaines grandes marques continuent de fabriquer leur marchandise avec cette huile bon marché. La médiatisation de la quasi-extinction des orangs-outangs, symboles de ce désastre, a permis de faire évoluer les mentalités. Mais les lobbies sont puissants, épaulés par certains États. La solution, vous l’avez compris, est simple : bannir les produits issus de cette filière. Lisez soigneusement les paquets d’emballages avant d’acheter votre pâte à tartiner, vos gâteaux et vos produits cosmétiques.
Choisir le bois certifié
Message aux amoureux de décoration intérieure : renseignez-vous sur la provenance du bois de construction de votre mobilier. Alors que 10 % du commerce de bois international porte sur du bois illégal, des labels garantissent une gestion forestière durable et respectueuse de l’environnement. Le plus sérieux est délivré par le FSC (Forest Stewardship Council). Il récompense les exploitants respectueux de la biodiversité et du droit des peuples. Là encore, décortiquez bien les étiquettes.
Réduire la consommation de protéines animales
Nous sommes aujourd’hui 7,8 milliards d’êtres humains sur Terre. Une telle population signifie une nécessité croissante de nourriture. Si la production végétale ne demande pas beaucoup d’espace, il en est tout autre pour les élevages. Jusqu’ici, la solution pour élever le bétail a toujours consisté à raser des surfaces entières de forêts. En Amazonie, des millions d’hectares sont condamnés chaque année, afin de cultiver le soja alimentaire du bétail brésilien et européen. Réduire notre consommation de viande, apparaît comme la meilleure solution pour combattre la déforestation. D’autant qu’ingurgiter des protéines animales deux fois par jour n’est pas bon pour la santé. Privilégiez plutôt la qualité à la quantité : faites travailler la filière bio et locale.
Consommer des produits équitables
Les produits équitables sont cultivés dans le monde entier avec des méthodes d’agriculture durable et soucieuses de l’environnement. Soutenir des productions respectueuses de la faune et de la flore des forêts contribue à leur protection. De plus, vous participez à la survie des quelque 350 millions de personnes qui dépendent directement de l’agroforesterie biologique. L’avantage, c’est que beaucoup de produits équitables sont délicieux : chocolat, café et céréales. Ça n’a jamais été aussi simple de protéger les forêts !
Planter un arbre en un clic
De nombreuses associations œuvrent à la protection des forêts. C’est le cas du moteur de recherche Ecosia, qui vous propose de planter un arbre gratuitement à chaque recherche sur son moteur. Plus de 110 millions d’arbres ont ainsi pu croître, la plupart dans des forêts tropicales dévastées. Sans même vous en rendre compte, vous aidez la forêt à se pérenniser. En un clic !
Aider une association de protection des forêts
Vous souhaitez agir activement contre la déforestation ? Choisissez une association de protection des forêts, et souscrivez à une adhésion. Pour aller encore plus loin, direction la rubrique recrutement : la quasi-totalité des organisations recherchent régulièrement bénévoles et professionnels. Voici quelques associations susceptibles de vous intéresser.
Cœur de forêts
L’association opère dans cinq pays (Bolivie, Indonésie, Cameroun, Madagascar, France). Chaque projet est investi d’une double fonction : procéder à une reforestation, et développer l’économie des populations locales, en harmonie avec la nature. Des campagnes de sensibilisation sont également menées, notamment auprès des enfants, sur la nécessité de préserver la biodiversité forestière. Concrètement, Cœur de forêts se bat pour préserver les forêts primaires, tout en proposant des alternatives à la déforestation. Ainsi, elle mène au Cameroun un programme de valorisation du maobi, arbre symbole de la déforestation en Afrique. Plutôt que de l’abattre, la population locale est incitée à transformer les graines de maobi en huile cosmétique. Cette méthode apporte des revenus durables aux habitants. Bien plus que lorsque le maobi termine sa vie comme table basse.
Reforest’action
Reforest’action est une plateforme de plantation participative. Depuis 2010, elle a planté plus de huit millions d’arbres en Europe, en Amérique du Sud et en Afrique. Les projets tendent vers des plantations adaptées à l’écosystème local. Ils prennent différentes formes selon la région : agroforesterie, afforestation, régénération naturelle assistée… C’est grâce à nos dons, ainsi qu’à la contribution d’entreprises partenaires, que ces initiatives sont conduites. Un don de 3 € permet de planter un arbre.
Les autres associations
Des dizaines d’associations de protection des forêts vous proposent d’agir depuis Internet. Les plus connues proposent toutes des champs d’action contre la déforestation. WWF intervient à Madagascar, mais aussi en Guyane, en Nouvelle-Calédonie, au Mexique… Greenpeace est présent sur tous les continents et lance régulièrement de nouvelles campagnes. Ses chevaux de bataille sont la lutte contre la déforestation due à l’huile de palme et le commerce de bois illégal. L’association Canopée Forêts Vivantes vous propose de participer à ses actions en signant des pétitions et en interpellant nos députés. La dernière visait Total, qui s’approvisionne toujours en huile de palme, malgré la loi sur les biocarburants qui l’exclue. Enfin, ASPAS rachète, grâce aux dons, des parcelles de forêts en France afin de restaurer la biodiversité. Les réserves sont laissées en libre évolution, où la faune et la flore pourront se développer sans intervention humaine.
La lutte contre la déforestation doit être au centre de nos attentions. Si les raisons exposées ci-dessus doivent en principe suffire, pensons au lègue que nous laissons aux futures générations. Finissons sur cette citation d’Antoine de Saint-Exupéry : « Nous n’héritons pas de la terre de nos parents, nous l’empruntons à nos enfants. »
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