Bateau Nettoyeur : Pourquoi et Comment il sauve les Océans ?

Le Manta, c’est le nom donné au projet fou mené par Yvan Bourgnon, navigateur et fondateur de l’association The Sea Cleaners. Pour cet homme de la mer, le fléau écologique qui se déverse dans nos océans ne peut plus durer. Il s’est donc lancé un défi, celui de créer un navire innovant, un bateau nettoyeur pour lutter contre la pollution de plastique dans les mers du monde. Les premières missions de collecte auront lieu en 2023. Mais par quoi se caractérise ce bateau ? Quels sont les enjeux de ce projet écologique révolutionnaire ? Zoom sur le Manta, un quadrimaran collecteur de déchets qui prend le large pour donner un nouveau souffle à l’océan.
8 millions de tonnes de plastique dans l’océan, un constat alarmant
8 millions de tonnes de déchets plastiques déversés dans l’océan chaque année, c’est le constat amer qu’a souligné l’association The Sea Cleaners. En cause ? Une mauvaise gestion des déchets sur terre, et notamment dans les pays d’Asie du Sud-Est qui sont à l’origine de 60 % de la pollution de plastique océanique. Les déchets affluent par les fleuves avant d’être reversés dans les mers.
Le danger avec les déchets en plastique, c’est que les macro-déchets, c’est-à-dire des déchets issus de la consommation humaine, flottent à la surface et se fragmentent en microparticules. Une fois arrivés à ce stade, ils sont assimilés par la faune marine qui ne fait pas de distinction. Aujourd’hui, le plastique est responsable de l’extinction de plus de 100 000 mammifères marins chaque année.
Un bateau nettoyeur : la solution écologique pour collecter les déchets
Le projet Manta est une réponse concrète à la catastrophe écologique marine, car sans une récolte des déchets de surface, ces derniers sont voués à être décimés sous le niveau de la mer et à polluer les fonds marins. À ce stade, le nettoyage des océans deviendra beaucoup plus compliqué.
Qu’est-ce que le Manta ?
Un bateau qui nettoie les océans, c’est bien ce qui se cache sous le projet écologique de l’aventurier des mers, Yvan Bourgnon. Sensibilisé depuis son enfance à la protection de la faune marine, le skippeur a pris de plein fouet la réalité lors de son tour du monde en solo sur son catamaran entre 2013 et 2015. « J’ai navigué pendant près de deux mois dans des déchets plastiques. C’était le choc. » À son retour, il décide d’entreprendre un projet, celui de construire un voilier hauturier, capable de récolter et de traiter les déchets au large dans des zones où il y a concentration de plastique comme les embouchures de grands fleuves ou des zones fortement polluées.
Pour cela, il s’entoure d’une équipe et monte l’association The Sea Cleaners pour porter le projet. Aujourd’hui, le navire est toujours en étude. La fin de la construction est prévue pour 2022 et la première mission de collecte pour 2023.
Quelles sont les caractéristiques de ce bateau hors normes ?
Aussi appelé le géant des mers, le navire-nettoyeur de plastique est un multicoque de 70 mètres de long, 49 mètres de large et 62 mètres de haut, soit aussi grand qu’un terrain de foot. Il pèsera près de 18 000 tonnes.
Le Manta a été conçu comme un outil de travail. Par conséquent, il intègre des systèmes poussés pour permettre de collecter, de traiter, de filtrer et de valoriser en continu les macro-déchets. C’est aussi un lieu d’études qui permettra aux scientifiques de faire des recherches sur la pollution marine.
Plusieurs dispositifs ont été intégrés au bateau nettoyeur de plastique :
- Système de collecte: il permet de piéger les déchets plastiques à l’aide d’un tapis roulant qui peut aller jusqu’à 1 mètre de profondeur sous le niveau de l’eau. Avec la vitesse de navigation, les déchets sont facilement interceptés et remontés jusqu’à la zone de traitement à l’intérieur du bateau.
- Usine embarquée : une fois collectés, les déchets sont traités sur des tapis dans un espace dédié. Ici, la main d’œuvre humaine est nécessaire. Des opérateurs trient manuellement les résidus en fonction de leur type afin d’être redirigés.
- Zone de stockage : sur Manta, les déchets sont soit valorisés ou stockés pour être acheminés sur terre dans des zones de recyclage.
- Unité de valorisation: si les déchets sont valorisés, ils sont convertis en carburant au moyen d’un procédé « pyrolyse ».
- Grues pour les déchets de gros calibres: filets de pêche, gros débris, carcasses, les grues robotisées installées sur le pont pourront ramasser ces déchets encombrants avant de les ramener sur terre pour être recyclés dans des filières spécialisées.
- Installations scientifiques: elles permettront aux scientifiques de collecter des données pour affiner leurs recherches et faire avancer la science sur la problématique de la pollution océanique.
Une innovation technologique au service de l’écologie
Vous l’aurez compris, le Manta n’est pas un navire comme les autres. Outre le projet de débarrasser les océans des déchets plastiques, ce bateau nettoyeur est aussi un défi technologique en lui-même. Il représente l’avenir en termes d’innovations durables.
Par exemple, dans un souci de limiter au maximum l’empreinte carbone, le Manta est doté d’une propulsion hybride. Autrement dit, le bateau collecteur peut naviguer grâce aux voiles automatisées et aux moteurs électriques alimentés par une énergie solaire, éolienne et par l’unité de valorisation des déchets.
Autre innovation, un système d’émission sonore. Pour éviter à la faune marine de se faire piéger par le collecteur, le navire hauturier sera équipé de sonars à l’avant du bateau.
C’est donc en ça que ce bateau dévoreur de plastique est unique. Il est le résultat d’études poussées qui ont permis de trouver un compromis entre technique et écologie. Le Manta marche à l’énergie renouvelable tout en intégrant des systèmes de pointe pour collecter et traiter les macro-déchets des océans pollués.
Les enjeux du navire collecteur de déchets plastiques
Trier et compacter les résidus
Selon les calculs de The Sea Cleaners, le quadrimaran sera capable de ramasser 30 000 m3 de déchets en mer sur une base de 25 campagnes de collecte par an. Alors, sur les 8 millions de tonnes déversées dans les océans chaque année, c’est peu. Mais rappelons-le, le Manta n’est que le prototype d’un projet d’envergure. Imaginez le résultat avec 100 bateaux ! Il est aussi important de souligner qu’aujourd’hui, très peu d’initiatives sont mises en œuvre pour collecter les déchets au large. Quelques barrières flottantes et de petits bateaux de 5-6 mètres ramassent du plastique, mais rien de significatif. Le géant des mers, lui, est pensé comme une technologie qui donnera un nouveau visage au monde de demain.
Valoriser les macro-déchets
Même si l’enjeu principal du Manta est de débarrasser les océans de plastique, il ne s’arrête pas là. Derrière ce projet de collecte, il y a une réelle volonté de réutiliser les résidus comme source d’énergie. C’est d’ailleurs pour cela que le bateau nettoyeur inclus à son bord une unité de valorisation des macro-déchets. Une fois collectés et triés, les déchets non réutilisables sont transmis dans un four pyrolyse qui transforme le plastique en carburant. Tout est donc pensé dans une logique de réutilisation et d’énergies renouvelables.
Quant aux déchets recyclables, ils sont stockés dans des espaces prévus sur le navire pour, une fois sur terre, être envoyés dans des centres de recyclage. Selon le processus, ils seront eux-mêmes valorisés pour être réutilisés en matières premières.
Bateau nettoyeur, un outil de sensibilisation
Autre enjeu du bateau nettoyeur, la sensibilisation. Avec le Manta, Yvan Bourgnon et son équipe veulent montrer qu’il est possible de mener des actions concrètes pour désengorger les zones concentrées en plastique. Le multicoque sera alors présenté lors de différentes escales dans des pays où la gestion des déchets est critique.
Vous l’aurez compris, le projet va donc bien au-delà de la collecte. Il représente le changement écologique marin. En apportant une technologie, The Sea Cleaners montre qu’il y a une solution. L’idée derrière est qu’une flotte de Manta se créer et que les pays puissent monter leur propre projet de financement pour construire leurs bateaux collecteurs. C’est pour cela que la sensibilisation est importante.
D’ici 2050, la production de plastique dans le monde atteindra1 milliard de tonnes. Face à cette alerte, le bateau nettoyeur est une réponse concrète à la pollution océanique d’aujourd’hui. Mais derrière ce projet, il y a aussi une invitation citoyenne à prendre conscience pour écrire le monde de demain, car sans une mobilisation collective, c’est tout un écosystème que nous détruirons. Si vous souhaitez participer et soutenir le projet The Sea Cleaners, l’association dispose d’une rubrique sur son site internet afin de faire des dons et agir au côté d’Yvan Bourgnon et son équipe pour nettoyer les océans.
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