Bioplastiques, une véritable alternative ?

À votre avis, quel est le point commun entre votre poêle en Téflon, votre tee-shirt de sport anti-transpirant et un gobelet à usage unique ? On vous le donne en mille… Oui, il s’agit bien du plastique ! Léger, pas très cher à produire et modulable à souhait, il a envahi notre quotidien. Sa production se compte en centaines de millions de tonnes par an et une bonne partie est utilisée à des fins d’emballage. La pollution plastique qui en découle nous amène collectivement à chercher des alternatives venant adoucir le bilan carbone d’un matériau pas si fantastique, finalement. Or, il en est une qui semble pouvoir ravir nos cœurs, nos consciences et nos habitudes de consommateurs : le bioplastique. Il sonne bien, d’ailleurs, pas vrai ? Mais qu’est-ce qui se cache réellement derrière cette dénomination qui fait rêver et ces matières organiques ? Les bioplastiques sont-ils compostables ou recyclables ? Échooo fait le point sur ces plastiques dernière génération !

Les bioplastiques, de quoi parle-t-on ?

Plastique végétal, matériaux biosourcés, compostables ou biodégradables… Les bioplastiques méritent une petite définition. Mais pour mieux en saisir le sens, repartons du début. Les polymères thermoplastiques (« plastiques », pour les intimes) artificiels sont faits à base d’hydrocarbures. C’est-à-dire qu’ils puisent leur matière première dans le pétrole, le charbon ou le gaz. À l’inverse, les biopolymères, ou polymères biosourcés, sont élaborés à partir de ressources naturelles issues de la biomasse, de la matière organique provenant du végétal. C’est le fameux plastique végétal ! La composition des bioplastiques est variée. Il peut s’agir d’amidon de maïs ou de pommes de terre, de saccharose tiré de la canne à sucre ou de la betterave, mais aussi d’huiles végétales. 

Il existe en réalité deux types de ces plastiques innovants : les plastiques biosourcés et les plastiques biodégradables. Les premiers, biosourcés, sont issus des végétaux ou de déchets végétaux. Les seconds, biodégradables, sont capables de se dégrader dans certaines conditions. Concrètement, comment fabrique-t-on du bioplastique ? Prenons l’exemple d’un plastique fait à partir de maïs. La première étape consiste à extraire l’amidon de maïs, puis à le fermenter. À la suite de la fermentation, on obtient des granulés de plastique exclusivement végétal. Ce qui n’est d’ailleurs pas toujours le cas, certains plastiques biosourcés étant issus d’un alliage de composants d’origine végétale et de plastique conventionnel. 

plantation de maïs destiné à produire du bioplastique
Plantation de maïs destinée à la production de bioplastique

Le bioplastique, tout beau tout « bio » ?

Biosourcés, biodégradables… mais pas bio

Vous l’aurez compris, l’étiquette « plastique biosourcé » est suffisamment large pour recouvrir tout un tas de matériaux différents. Certains mélanges ne laissent d’ailleurs à la part végétale qu’un pourcentage minoritaire. C’est le cas du polyéthylène-téréphtalate (PET de son petit nom), qui entre dans la fabrication des bouteilles plastiques. Il est composé de matière d’origine végétale… à hauteur de 30 %, le reste venant de ressources fossiles. Et ne vous laissez pas amadouer par leur préfixe « bio » ! Les plastiques biosourcés ne sont pas impérativement issus de l’agriculture biologique. Quant à leur biodégradabilité, elle est souvent remise en question. Et pour cause ! Biodégradable signifie qu’un matériau finira par être assimilé par l’environnement qui l’entoure. Que ce soit dû aux micro-organismes, à la chaleur ou à l’humidité. Ce que ça ne nous indique pas, c’est le temps qu’il faudra pour que tout ça se fasse : un an, un siècle ? Dans ce dernier cas, la biodégradabilité ne reste qu’un argument marketing…

Il n’existe pas aujourd’hui une seule définition du terme « bioplastique ». Leur composition et leur fin de vie peuvent donc varier du tout au tout. Certains de ces plastiques alternatifs sont biodégradables, mais issus de la pétrochimie. D’autres sont biosourcés, mais pas compostables. Origine et traitement en fin de cycle, pourtant indépendants l’un de l’autre, se retrouvent sous une seule et même appellation : le bioplastique. Méfiance, donc, et vigilance lors de la lecture des étiquettes.

Les ressources limitées des plastiques biosourcés

L’un des avantages des bioplastiques, c’est qu’ils permettent d’utiliser les déchets de l’agriculture intensive. Rien ne se perd ! Mais il faut les replacer dans leur contexte : aujourd’hui, les plastiques alternatifs sont minoritaires dans l’océan de plastique généré chaque année. Or, si l’on en venait à n’utiliser qu’eux, les ressources utiles à leur production seraient limitées… ou obligeraient à un usage massif de nos terres cultivables. La production d’une tonne d’acide polylactique (PLA, qui entre dans la composition des plastiques biosourcés) est gourmande en matière végétale, en eau et en hectares de terres agricoles. Elle s’accompagne de dérives, comme le recours aux OGM ou l’usage de pesticides. Mais aussi d’une dégradation de la qualité des sols et d’une tension dans le partage des sols arables entre cultures alimentaires et celles dédiées au bioplastique. Ce qui remet en question le principe même des plastiques végétaux, dont la production à grande échelle n’est clairement pas sans conséquences environnementales.

La fin de vie des bioplastiques 

La biodégradabilité des bioplastiques

On l’a vu, biosourcé ne rime pas forcément avec biodégradable. Il se trouve que seule une moitié des polymères biosourcés sont effectivement biodégradables. Et pas dans n’importe quelles conditions, s’il vous plaît ! Oubliez le bon vieux compost de jardin, c’est de compostage industriel dont il s’agit ici. Les bioplastiques compostables estampillés « OK Compost » le sont, mais de manière industrielle : à température élevée et savamment maîtrisée. On comprend donc rapidement que les bioplastiques biodégradables n’ont que peu de chance de disparaître en pleine nature.

bouteille en bioplastique dont l'étiquette est visible
Au-delà des apparences verdoyantes, les étiquettes peuvent vous aider à faire un choix éclairé… gare au greenwashing !

Les limites du recyclage

Les inconvénients des bioplastiques ne se limitent pas à leur biodégradabilité, leur recyclage est également relativement ardu. En cause ? Le système de traitement de nos déchets, recyclables notamment, qui n’est pas prévu pour eux. À ce jour, on ne traite pas aussi bien les plastiques nouvelle génération que les plastiques conventionnels issus de la pétrochimie. Pour faire simple, disons que votre vieux bidon de lessive a plus de chance d’être trié, puis traité, qu’un produit en bioplastique. Pourquoi ? Parce qu’il sera correctement identifié, et donc correctement recyclé, là où les bioplastiques passent encore au travers des mailles du filet. Ils seront donc (ironie suprême)… incinérés comme de vulgaires déchets ménagers.

L’alternative à l’incinération des déchets bioplastiques, c’est le compostage industriel. Mais cette option est si peu économique que les collectivités choisissent de les brûler. D’autres bioplastiques sont oxofragmentables ou biofragmentables et, comme leur nom l’indique, terminent leur vie en petits morceaux. Des déchets plus petits, donc, mais qui n’ont pas disparu pour autant. Et, on le sait, ces microparticules ont plus de chance de migrer dans l’environnement et par atterrir… dans nos assiettes, à l’instar des microplastiques !

Alors, on en pense quoi finalement de ces bioplastiques ? On peut leur concéder que la recherche d’alternatives a du bon et qu’elle nous permet de continuer à remettre en question nos modes de consommation. Tout comme le déchet parfait n’existe pas, si ce n’est celui qu’on ne produit pas, le plastique parfait n’existe pas non plus. Peut-être que la réduction de l’usage du plastique reste-t-elle la clé de voûte d’une consommation durable ? Pour poursuivre la discussion autour du plastique et aiguiser votre réflexion sur le sujet, découvrez une autre alternative : le zéro plastique !

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