Cap Vert, un archipel à découvrir absolument

Sable blanc et eau turquoise : au large du Sénégal, l’archipel du Cap-Vert est une destination prisée du tourisme de masse. Mais c’est surtout sa biodiversité, sanctuaire pour de nombreuses espèces, qui fait de ces îles un écosystème incroyable. Découverte.

Le Cap-Vert, ce sont 4000 mètres carrés de terres dispersées au cœur de l’Océan Atlantique en 10 îles et îlots. De vert, il ne porte que le nom : son climat se révèle chaud et venteux, ses terres volcaniques arides. Pas accueillant, le Cap-Vert ? Vous auriez tort de vous fier aux apparences. La patrie de Cesaria Evora se distingue par son hospitalité et sa richesse culturelle issue d’un métissage créole, africain et portugais. Il y règne une atmosphère de fête : carnavals, célébrations et festivals de musique se déroulent tout au long de l’année. Mais loin des paillettes touristiques, l’archipel capverdien renferme surtout une nature abondante, opulente et unique, que de nombreuses associations et bénévoles s’efforcent de préserver.

Cap-Vert, au cœur de la biodiversité

Des paysages uniques et authentiques

Îles-Au-Vent au Nord et Îles-Sous-Le-Vent au Sud, voilà comment se divise l’archipel du Cap-Vert. Et chacune d’entre elles offre à la vue un paysage à couper le souffle, la faute peut-être aussi au vent qui balaie les terres en permanence. Les îles du nord se déclinent en reliefs méditerranéens chaleureux, à l’image de ses charmants petits villages colorés. Sal oscille entre plages paradisiaques et salines dont elle tire son nom. Boa Vista se fait à la fois authentique avec ses villages de pêcheurs… et (littéralement) désertique.

Mais ce sont surtout dans les Îles-Sous-Le-Vent que le patrimoine du Cap-Vert se révèle aux yeux du monde. Riches en ressources naturelles, ces espaces terrestres et côtiers abritent de nombreuses espèces animales (oiseaux, reptiles, tortues) mais aussi une flore locale unique.

Fogo et Maïo, nommées réserves de biosphère

L’Unesco a d’ailleurs désigné les îles de Fogo et Maïo comme réserves mondiales de biosphère. Ces réserves veillent à concilier l’homme et la nature, en préservant à la fois la culture et la biodiversité et en soutenant le développement durable.

Ainsi, la jeune île volcanique de Fogo, dont le volcan culminant à 2 829 mètres est encore en activité, voit sa faune protégée. Des espèces endémiques d’oiseaux, de reptiles comme des geckos et mabuyas rares, mais aussi de tortues marines y évoluent, au milieu de la flore et des 37 000 insulaires. Ceux-ci profitent de la fertilité des terres volcaniques pour cultiver café, vignes, fruits et légumes.

Maïo, la seconde réserve, abrite des colonies de tortues mais aussi toute une faune marine incroyable, composée de cétacés, poissons, reptiles et oiseaux. Les 7000 habitants cultivent le maïs, les haricots, le melon et récoltent du sel. Mais l’autre richesse de Maïo, c’est celle de sa culture et de son patrimoine historique, qui en font un haut lieu du tourisme. Deux trésors à concilier en bonne intelligence.

Un archipel menacé par la pollution

Lutter contre la pollution marine

Si le tourisme de masse pose quelques difficultés dans la préservation des espaces naturels du Cap-Vert, il est un autre fléau venu tout droit des océans… L’île de Santa Luzia est l’une des 10 composantes de l’archipel capverdien, chaude et balayée par les vents. Un climat aride et l’absence de point d’eau douce en font un territoire inhabité… Et pourtant, ce sont des milliers de déchets de toutes sortes qui s’accumulent chaque année sur la plage d’Achados. En cause, les courants marins qui charrient filets de pêche, bouteilles plastiques et emballages du monde entier. L’ONG Biosfera, qui œuvre entre autres pour le nettoyage de l’île, a recensé la provenance de cette pollution : pas moins de 25 pays ont pu être identifiés.

Aussi, une fois par an, employés de Biosfera, scientifiques et bénévoles retroussent leurs manches pour débarrasser la plage de ces immondices et les stocker dans de grandes poubelles. Ces dernières ne quitteront pas l’île, car elles ne sont pas transportables. En 2021, pas moins de 250 tonnes de détritus ont été collectés. De toute façon, le traitement des déchets plastiques n’a cours que sur l’île de Sao Vicente, par brûlage : une problématique supplémentaire pour l’écologie, au regard de l’émission de gaz à effet de serre.

Agir pour protéger l’environnement du Cap-Vert

Pourtant, le gouvernement agit à son échelle depuis 2017 : un plan de gestion des déchets a été mis en place, et les plastiques non biodégradables interdits. Pour aller plus loin, le projet français Plastic Odyssey s’est donné pour mission de réaliser un centre de recyclage des plastiques collectés à Santa Luzia.

Inhospitalière et vide tout habitant : pourquoi s’acharner à nettoyer chaque année l’île de Santa Luzia ? Parce qu’au cœur de la biodiversité du Cap-Vert, ce petit bout de terre de 35 kilomètres carrés constitue depuis 2003 l’une des plus incroyables réserves naturelles de l’archipel. Une réserve qui abrite une partie des zones de nidification des tortues caouannes, ces grandes et magnifiques tortues de mer qui viennent notamment pondre au Cap-Vert. Et le nettoyage annuel des plages de l’île ainsi que le travail d’autres associations dans la protection de tout l’archipel semblent porter leurs fruits. En 2021, ce sont 210 000 nids qui ont été recensés, et 5760 sur Santa Luzia en 2020.

La préservation des espèces endémiques

Cap-Vert compte, du fait de sa situation insulaire, peu d’espèces terrestres endémiques mais de nombreuses espèces marines. Et le réchauffement climatique, la pollution et le développement touristique mettent à mal la préservation de cette biodiversité incroyable. Au-delà du passage de certaines zones en réserve de biosphère ou en réserve naturelle, ce sont des ONG et associations qui œuvrent pour la protection globale de tout un écosystème.

Ainsi, sur l’île volcanique de Fogo, c’est l’association Projecto Vitó qui travaille à la protection et la conservation des ressources naturelles, mais aussi à l’éducation et l’information environnementale de de la population. Elle promeut également l’écotourisme, pilier du développement économique de l’île.

La fondation Maïo Biodiversidad, sur l’île éponyme, veille principalement à la survie de certaines espèces d’oiseaux de mer, comme le pluvier à collier interrompu, le courvite isabelle, l’océanite frégate, mais aussi à la protection des tortues caouannes victimes du braconnage.

Les zones de pêche font aussi l’objet d’une étroite surveillance, conjointement avec les associations Project Biodiversity et Bios.CV. L’écosystème sous-marin et côtier du Cap-Vert est en effet riche d’une mégafaune composée de requins, raies, baleines à bosse qu’il est indispensable de connaître, étudier et protéger.

Enfin, l’ONG Biosfera, basée à Sao Vicente, est active sur tout le territoire du Cap-Vert, et compte de nombreux partenaires pour mener à bien ses actions de préservation. Mais alors, faudrait-il faire cesser le tourisme dans cette zone fragilisée, afin de pérenniser la lutte menée par ces associations ?

Voyager au Cap-vert : le tourisme autrement

Le tourisme, indispensable à l’économie capverdienne

Le Cap-Vert, ce sont des plages paradisiaques et une nature à couper le souffle qui attirent de très nombreux touristes chaque année. Un enjeu économique nécessaire à la santé financière du pays, représentant 25 % de son PIB. Mais le tourisme, s’il est indispensable à l’économie capverdienne, est aussi à l’origine de surfréquentation et de menace écologique pour le littoral et les espèces endémiques de l’archipel. À notre échelle de voyageur, comment concilier intelligemment découverte et protection du Cap-Vert ?

En voyageant responsable ! Grâce au tourisme éthique, nous pouvons limiter l’impact de notre venue sur ce territoire fragile, tout en contribuant à son développement. Voici quelques bonnes pratiques à mettre en œuvre :

  • Organiser ses vacances avec un voyagiste engagé
  • Privilégier la saison des pluies, entre mai et septembre, moins prisée des touristes mais au climat agréable
  • Allonger la durée de son voyage (10 jours au minimum, 15 à 25 jours idéalement)
  • Éviter les complexes touristiques et se tourner vers des labels de tourisme responsable

Évidemment, en déplacement, il faut aussi veiller à conserver ses bonnes habitudes écologiques : réduction des déchets, zéro plastique, achats locaux…

Écotourisme et tourisme solidaire, pour voyager utile

Une autre pratique, celle de l’écotourisme qui vise à axer son voyage sur la découverte de la nature et de la culture locale, s’insère parfaitement dans la logique de préservation du Cap-Vert. Observer la biodiversité, s’émerveiller de la faune et la flore locale, rencontrer les populations, apprendre et s’enrichir de ces différences, n’est-ce pas l’objectif même de tout voyage ? Au programme, randos, treks et une source inépuisable de nouveaux savoirs. Des agences se sont spécialisées dans l’écotourisme : n’hésitez pas à faire appel à leurs compétences pour organiser votre départ.

Enfin, pour aller au-delà de simples vacances et passer à l’action, pensez au tourisme solidaire. En ajoutant une touche de partage à votre voyage, vous contribuerez efficacement à la préservation du Cap-Vert, en immersion totale. Les associations et ONG accueillent continuellement des bénévoles pour les aider dans leur démarche. Ramasser des déchets, surveiller des bébés tortues, repeindre les façades colorées des villages… Voilà une belle forme de tourisme porteuse de sens !

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