Climat et Antarctique : que se passe-t-il vraiment ?

Entre les unes des journaux sensationnelles et les scientifiques plus prudents dans leurs annonces, il n’est pas toujours facile de savoir ce qu’il se passe vraiment. Comment le réchauffement climatique impacte-t-il les glaciers du continent antarctique ? La fonte des glaces contribue-t-elle à l’élévation du niveau de la mer ? Des records de température ont-ils vraiment été atteints ces dernières années ? Dans cet article, nous vous expliquons comment le climat et l’Antarctique interagissent.
Antarctique : quelques définitions
Lorsqu’on dit « continent antarctique », on pense souvent à la banquise ou aux icebergs. Pourtant, ce continent se compose de bien d’autres types de glaces :
- la calotte glaciaire, ou inlandsis antarctique, un glacier de 14 millions de km² dont l’épaisseur est de 5 000 m ;
- les ice shelves, sortes de plateformes qui constituent le prolongement de la calotte polaire antarctique au niveau de la mer ;
- les icebergs, qui sont des blocs de glace qui se détachent du continent et dérivent sur la mer ;
- la banquise, une couche de glace qui se forme à partir d’eau salée à la surface de la mer ;
- les polynies, des zones de glace très fines au milieu de la banquise, avec des formes très variables.
Composé essentiellement de glace, l’Antarctique est tout sauf hospitalier : les 14 millions de km² qui le composent sont balayés par des vents froids et secs. De plus, la température moyenne varie de – 10°C sur les côtes à – 60°C dans certaines régions intérieures. Bref, il s’agit du continent le plus froid de la planète, ce qui explique qu’il y ait très peu de résidents humains.
Pourtant, cela ne l’empêche pas d’être habité par toutes sortes d’animaux sauvages ! Ainsi, les albatros, les léopards de mer, les manchots, les phoques et de nombreux autres mammifères, oiseaux et insectes, y ont élu domicile. Toutefois, leurs conditions de vie sont menacées par le réchauffement climatique actuel. Voyons quels processus sont en œuvre.
Climat et Antarctique : l’impact du réchauffement climatique
La fonte des glaces
Tout le monde a déjà entendu parler de la fonte des glaces au moins une fois dans sa vie. Phénomène connu depuis des dizaines d’années, celui-ci a tendance à s’accélérer avec l’augmentation de la température moyenne terrestre. S’il touche principalement les glaciers côtiers, la banquise est peu impactée pour le moment. Pourquoi ? Parce que la fonte des icebergs, composés d’eau douce, apporte à la surface des mers australes des eaux moins salées. Ceci a pour conséquence de ralentir certains courants océaniques, qui apportent normalement de l’eau chaude aux abords de la banquise.
Or, qui dit moins d’eau chaude dit formation de glace. Ainsi, la taille de la banquise antarctique ne diminue pas malgré le réchauffement climatique, contrairement à celle de la banquise arctique. Néanmoins, avec le temps, il est possible que même la banquise antarctique ne voit sa taille diminuer. De plus, l’inlandsis antarctique (la calotte polaire) a, quant à lui, déjà entamé sa fonte : celle-ci aurait d’ailleurs sextuplé entre 1979 et 2017, d’après l’Organisation mondiale de la météo.
La hausse du niveau de la mer
Mais la hausse des températures globales a une autre conséquence : l’élévation du niveau de la mer. Malgré tout, et contrairement à ce qu’on pourrait croire, les eaux apportées par les glaces fondues ne contribuent qu’à 10 % à cette élévation. En réalité, c’est plutôt la dilatation de l’eau due au réchauffement qui y contribue le plus.
Néanmoins, dans le futur, cela pourrait changer : en effet, la hausse des températures de l’atmosphère comme des océans va de plus en plus déstabiliser les ice shelves et autres composantes de l’Antarctique. Ceci pourrait accélérer grandement la fonte des glaces.
La modification de la météo locale
Résumons : le dérèglement climatique entraîne la fonte des glaciers et la hausse du niveau de l’océan antarctique… Est-ce tout ? Pas vraiment. En effet, l’impact des activités humaines, ou anthropiques, engendre un autre phénomène en Antarctique, moins connu du grand public : l’augmentation des précipitations. Ainsi, les quantités de pluie pourraient augmenter jusqu’à 240 % d’ici 2100 sur la région antarctique. Or, la pluie a en Antarctique de lourdes conséquences :
- une fonte accélérée du manteau neigeux ;
- la mort de poussins manchots.
Des records de température atteints ces dernières années
Le saviez-vous ? Le réchauffement climatique est très rapide dans la péninsule antarctique, la région la plus proche de l’Amérique du sud. Ainsi, en près de 50 ans, cette zone a vu sa température moyenne annuelle augmenter de 3 °C.
Les conséquences ? Des records de température jamais atteints dans ces zones sont relevés. C’est ainsi que, en 2020, l’Organisation mondiale de météorologie (OMM) identifiait une température potentiellement record. Néanmoins, il a fallu attendre un peu plus d’un an avant de confirmer cette donnée. En effet, les relevés météorologiques en Antarctique sont peu précis. Il faut prendre en compte de nombreux facteurs qui peuvent biaiser la mesure, tels que : le type d’instruments utilisés, leur emplacement, etc. Le temps d’étudier leur impact sur la fiabilité de la mesure est donc très long.
Mais chose est faite : l’OMM a confirmé le nouveau record de chaleur pour cette région de la Terre. Ce dernier s’élève à 18,3 °C et a été enregistré le 6 février 2020 à la station Esperanza, en Argentine. Nous sommes bien loin des – 10 à – 60°C en moyenne évoqués au début de cet article…
En ce qui concerne la température de plus de 20°C enregistrée à l’île Seymour, et qui avait fait les titres des journaux en février 2020, elle n’a pu être validée par l’OMM. Le précédent record, quant à lui, datait du 24 mars 2015. Il s’élevait à 17,5 °C et avait également été enregistré à Esperanza. Mais que signifient tous ces chiffres ? S’ils ne permettent pas de dire grand-chose, ils témoignent d’une chose : l’accélération du réchauffement planétaire.
Que prévoient les prévisions climatiques pour l’Antarctique ?
Alors, à quoi s’attendre pour les années et décennies à venir ? Le dernier rapport du GIEC, Groupement international des experts du climat, l’indique. Ainsi, d’après les modèles qui concernent les calottes glaciaires, la fonte de l’inlandsis antarctique pourrait s’accélérer d’ici 2100. Or, cet inlandsis représente une part importante des ressources d’eau douce planétaire : sa fonte conduirait ainsi à une élévation du niveau des océans de 14 à 114 cm. Tout dépendra de la manière dont la calotte glaciaire s’effondrera.
Une équipe de recherche du Massachusetts s’est penchée plus précisément sur la question. Leur article, paru dans la revue Nature en 2021, précise les résultats de deux scénarios :
- pour un réchauffement maintenant en-dessous de 2°C en 2100, la fonte de la calotte antarctique conduirait à une élévation du niveau des océans de 6 à 11 cm ;
- pour un réchauffement de 3°C en 2100, la hausse du niveau de la mer due à la fonte des glaces antarctiques serait plutôt comprise entre 17 et 21 cm.
Conclusion ? Il semble difficile de prédire avec certitude la contribution de l’Antarctique à l’élévation du niveau de la mer. Pourtant, une chose semble sûre : les émissions de gaz à effet de serre auront un impact sur l’inlandsis antarctique de la même manière qu’ils influencent l’inlandsis du Groenland.
La même équipe du Massachussetts indique par ailleurs qu’un point de non-retour sera atteint en 2060 : il est donc encore temps d’agir !
Malgré ces incertitudes, les sciences météorologiques et climatiques restent essentielles pour nous permettre de comprendre le futur climatique qui nous attend. En effet, ce dernier aura des conséquences non seulement sur notre météo, mais aussi sur nos activités économiques et nos modes de vie. Elles nous permettent, aussi, de mettre en exergue l’importance d’agir le plus rapidement possible pour éviter d’atteindre le point de non-retour.
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