Commerce équitable : pourquoi faut-il l’encourager ?

Nous savons tous qu’il est préférable, en termes d’éthique, de consommer des produits issus du commerce équitable. Mais pour quelles raisons, au juste ? Quelle est l’origine du commerce équitable ? Quels en sont les principes ? Et où peut-on trouver des produits équitables ? Éclaircissement sur ce système solidaire !
Commerce équitable : définition et histoire
Le commerce équitable est ainsi nommé, car son principe consiste à rémunérer les producteurs au juste prix. Sa création a été nécessaire pour contrer les dérives du commerce moderne.
Pourquoi a-t-il fallu s’opposer au commerce conventionnel ?
Notre système commercial, aujourd’hui mondialisé, est devenu de plus en plus complexe avec le temps, notamment au cours du XXe siècle. Dans les pays occidentaux, on s’est rendu compte que dans les pays du sud de la planète, on pouvait trouver de la main-d’œuvre bon marché. Les ouvrières et ouvriers mexicains, par exemple, acceptent d’être payés à un prix largement inférieur à celui que peuvent mettre les consommateurs européens ou nord-américains pour acheter du chocolat ou du café produit en Amérique du Sud. C’est faute de choix, car leur situation précaire ne leur permet guère de réclamer une augmentation de ces faibles seuils de rémunération. Du reste, le niveau de vie est beaucoup moins élevé dans les pays en voie de développement.
Les intermédiaires, qui achètent ces produits et les revendent à des distributeurs occidentaux, touchent une commission intéressante, tandis que les ouvriers, malgré la pénibilité de leur travail, ne perçoivent qu’une infime partie du prix du produit fini. C’est 40 % de la population mondiale qui dépend de l’agriculture comme source de revenus. Près de 500 millions de personnes produisent 80 % de notre nourriture. Paradoxalement, en raison de la précarité de leur travail et de l’exploitation qu’ils subissent, les paysans sont les premières victimes de la faim dans le monde.
La création d’un commerce alternatif plus juste
Voilà donc pourquoi il a fallu créer le commerce équitable pour rétablir l’équilibre ! Les premiers balbutiements du commerce équitable sont apparus aux États-Unis dans les années 1940. Dans les années 1950, 1960 et 1970, diverses associations et magasins ont vu le jour pour promouvoir ce modèle commercial, notamment aux États-Unis, en Angleterre, aux Pays-Bas et en France.
Lors de la Conférence des Nations unies pour le commerce et le développement de 1964, la notion de commerce équitable a été employée et adoptée pour la première fois. Le fameux slogan « trade, not aid ! », qui l’a accompagné, signifie que les pays défavorisés ont besoin d’une rémunération juste plutôt que de la charité. En d’autres termes, d’un moyen de leur assurer une autonomie et d’en finir avec la dépendance envers les associations bienfaitrices.
Puis, le commerce équitable a connu un tournant dans les années 1980. Le premier label est né aux Pays-Bas en 1988 : le fameux Max Havelaar. S’est ensuivie la création de la WFTO (World Fair Trade Organization), l’organisation mondiale du commerce équitable, l’année suivante.
Quels sont les grands principes du commerce équitable ?
L’éthique du commerce équitable s’articule autour de 3 grands axes :
- la juste rémunération des ouvriers et paysans,
- le respect des droits de ces travailleurs,
- la préservation de l’environnement.
Le but du commerce équitable est de contrer différents problèmes liés au commerce mondialisé, et ceux-ci sont multiples. Les travailleurs des pays défavorisés ne bénéficient pas d’une protection suffisante en matière de droits de la personne. Ainsi, il leur est difficile – voire impossible – de négocier le montant de leurs revenus. Leur situation précaire ne leur permet pas de s’assurer un avenir stable. Les droits fondamentaux du travail ne sont pas toujours respectés, et ce, particulièrement dans les grandes plantations. En outre, le changement climatique a des répercussions sur les cultures, renforçant davantage la précarité : épisodes de sécheresse, invasions de parasites, cyclones…
Le respect de l’humain va de pair avec celui de la planète. L’éthique du commerce équitable ne saurait choisir l’un au détriment de l’autre. C’est d’autant plus essentiel que les deux sont liés, comme le prouvent les effets néfastes du changement climatique sur les sources de revenus des productrices et producteurs. De ce fait, les produits issus du commerce équitable sont généralement bio. Les acteurs refusent que la croissance économique se fasse au détriment de l’humain et de la planète.
L’agriculture biologique veille à préserver les ressources en produisant de manière raisonnable. Elle préserve également les sols, les eaux et la qualité de l’air en refusant l’usage d’engrais de synthèse, de pesticides ou encore d’OGM.
Quels sont les produits issus du commerce équitable ?
À l’origine, le commerce équitable concernait uniquement des produits venus des pays situés en dessous de la limite Nord-Sud. La majorité d’entre eux provient toujours de l’international, avec le café et le chocolat en première position. Viennent ensuite les fruits secs et frais comme les ananas, les noix du brésil, les avocats… D’autres produits alimentaires issus du commerce équitable sont du quinoa, des confitures, compotes, jus de fruits, des épices ou encore des glaces.
L’alimentation représenterait 95 % du commerce équitable. Pour le reste, on trouve aussi des textiles, en coton notamment, des fleurs séchées ou encore des ballons de sport. Les principaux pays exportateurs sont des pays d’Amérique du Sud, d’Afrique et d’Asie.
Mais aujourd’hui, on trouve aussi des transactions Nord-Nord. 35 % des produits de la filière équitable seraient aujourd’hui d’origine française selon l’agence Commerce Équitable France [1]. Peut-être avez-vous déjà entendu parler de la marque d’œufs bio ou de poules élevées en plein air C’est qui le patron ?! qui rémunère le producteur au juste prix. Les produits français labellisés « commerce équitable » sont généralement des produits de boulangerie. En effet, ils concernent essentiellement la filière du blé.
Après l’émergence de quelques boutiques indépendantes au milieu du XXe siècle, ce sont les magasins bio qui ont commencé à distribuer des produits équitables. À présent, les grandes et moyennes surfaces s’y mettent à leur tour. Tout ce qu’il reste à faire au consommateur, c’est de scruter les emballages pour trouver le label !
Le commerce équitable a dû être créé en réponse à l’iniquité. « Pourquoi n’a-t-on pas toujours fait ainsi ? », me direz-vous. Et vous aurez raison. Mais l’essentiel, à présent, est cet heureux constat : le marché du commerce équitable gagne du terrain avec 1,83 milliard d’euros générés par les Français en 2020.
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