Consommation numérique responsable : mode d’emploi

« Bien sûr que je me préoccupe de l’écologie ! Pour preuve : j’ai remplacé tous mes papiers par des données numériques conservées sur le Cloud, pour protéger les forêts ».  Ces quelques phrases, les avez-vous déjà entendues ? Est-ce que, comme moi, elles vous ont fait dresser les cheveux sur la tête ? Aujourd’hui encore, rares sont ceux qui sont conscients des enjeux environnementaux du numérique. Pourtant, notre empreinte énergétique ne cesse d’augmenter, d’année en année. C’est pourquoi avoir une consommation numérique responsable devient un véritable enjeu pour les écologistes.

Pourquoi ? Et surtout : comment faire ? Consommation numérique responsable : mode d’emploi.

Quels sont les enjeux environnementaux du numérique ?

Comment avoir conscience de l’impact écologique d’un ordinateur si l’on ne voit pas la pollution que ce dernier génère ? En effet, s’il est facile de se rendre compte de la pollution engendrée par un pot d’échappement, il est plus difficile de voir celle du numérique. Et c’est bien là que le bât blesse, car, si nos équipements informatiques ne produisent pas de fumée toxique lorsqu’ils fonctionnent, ils sont pourtant bel et bien la cause de certaines émissions de gaz à effet de serre (GES).

Les émissions de GES générées par le numérique

Au niveau mondial, la révolution numérique représente 4 % de nos émissions de GES. Malheureusement, nous ne sommes pas près de diminuer cette empreinte carbone : les usages augmentant, les émissions de GES liées à ce secteur risquent de doubler d’ici 2025. Mais, d’où viennent ces émissions ? Si on ne voit pas la pollution produite par ce secteur, c’est tout simplement parce qu’elle est délocalisée :

  • les téléphones et ordinateurs sont principalement fabriqués en Asie (puis transportés par avion jusqu’en Europe). Or, un seul ordinateur génère 169 kg de CO2 sur tout son cycle de vie et nécessite 800 kg de matières premières pour être fabriqué (dont de nombreux produits chimiques nécessaires à la fabrication d’ordinateurs, notamment pour l’extraction de minerais rares) ;
  • l’électricité utilisée pour le fonctionnement de ces machines est produite soit par le nucléaire (peu générateur de GES), soit par le charbon, le pétrole ou le gaz ;
  • les infrastructures réseaux et data centers, utilisés pour sauvegarder les données échangées par Internet, consomment eux-mêmes beaucoup d’énergie électrique.

Or, au niveau mondial, on ne dénombre pas moins de :

  • 45 millions de serveurs (connectés en permanence au réseau pour permettre aux internautes de communiquer, voir des vidéos, réaliser des recherches, etc.). Bien souvent, des ventilateurs puissants sont associés à ces serveurs, afin de les refroidir et d’éviter des dysfonctionnements, ce qui rajoute des équipements supplémentaires et, donc, de l’énergie électrique ;
  • 800 millions d’équipements réseaux (box Internet, etc.) ;
  • 15 milliards d’objets connectés ;
  • 10 milliards de téléphones portables vendus depuis 2007.

Et ce n’est pas près de s’arrêter. En effet, la quantité de données échangées par Internet augmente d’année en année, jusqu’à + 25 % par an !

Les impacts environnementaux de la 5G

Il y a peu, le monde a fait le choix du réseau 5G. Ce dernier doit apporter une valeur ajoutée importante pour satisfaire les besoins en objets connectés, en augmentant les débits et en réduisant la latence notamment. Il est donc censé faire apparaître de nouveaux usages (comme la chirurgie à distance, par exemple). Bref, la transformation numérique est en marche ! Alors, doit-on s’en réjouir ? Au niveau écologique, en tout cas, on est en droit de se poser des questions. En effet, si la consommation électrique pour le transfert d’un seul octet est moins élevée avec la 5G qu’avec la 4G, la multiplication des objets connectés et des données transférées risque bel et bien de faire exploser l’empreinte énergétique des équipements informatiques.

Comment avoir une consommation numérique responsable ?

Bien sûr, ce sont les pouvoirs publics qui peuvent le plus efficacement réguler la consommation numérique mondiale. Toutefois, ces derniers ne semblent pas prendre cette voie. Dans ce cas, comment contribuer, à notre échelle, à la diminution de notre empreinte numérique ?

Déconnecter et se déconnecter

Pour limiter son empreinte numérique, la première action à mettre en œuvre est la déconnexion. C’est simple : moins l’on passe de temps sur son smartphone et moins l’on consomme ! En particulier, plusieurs choses peuvent être faites :

  • Ne pas laisser ses appareils en veille. C’est la fin de journée et vous n’avez plus besoin de votre ordinateur ? Dans ce cas, éteignez-le. C’est la même chose pour votre box : vous n’en avez pas besoin la nuit, vous pouvez donc l’éteindre. En effet, une box consommerait autant qu’un grand réfrigérateur !
  • Fermer ses onglets ou programmes lorsqu’on ne les utilise plus.
  • De manière plus globale, essayer de passer moins de temps derrière son ordinateur.Reprenez le goût de la lecture, par exemple, ou faites un jeu de société ! En plus de moins consommer, vous pourrez aussi agir sur vos angoisses. En effet, le web et le numérique provoquent des addictions qui, elles-mêmes, génèrent du stress, lié au besoin d’immédiateté et de tout lire, tout de suite, par crainte, par exemple, de passer à côté d’une information sur les réseaux sociaux.

Se poser les bonnes questions

Pour chaque action que vous allez mener sur Internet, posez-vous les questions suivantes :

  • Ce destinataire, dans votre e-mail, est-il vraiment nécessaire ?
  • Avez-vous vraiment besoin d’être inscrit à toutes ces newsletters qui encombrent votre boîte de réception ? Est-ce que vous les lisez ? Est-ce qu’elles vous apportent des informations utiles, ou bien est-ce qu’elles génèrent du spam ?
  • Avez-vous réellement besoin d’utiliser Internet pour connaître l’orthographe d’un mot, ou pouvez-vous utiliser ce dictionnaire qui prend la poussière sur l’une de vos étagères ?
  • Etc.

À première vue, ce travail de réflexion peut paraître lourd et fastidieux. Pourtant, je peux vous garantir que, à force de le faire, vous n’aurez plus à y penser : cela deviendra un automatisme, ou presque. Bien sûr, il est toujours possible de progresser et de mieux faire, mais vous aurez déjà fait un premier grand pas. Et puis, regardez votre boîte e-mail : ne ressentez-vous pas de la satisfaction à la voir vide ? Au niveau du stockage des données, beaucoup de petites actions peuvent également être mises en place. Ainsi, ne stockez rien sur le Cloud, à part si cela est vraiment important. La consommation énergétique y est en effet bien plus importante qu’en conservant ses données de manière locale, sur son ordinateur ou un disque dur externe.

Comment limiter l’utilisation des équipements informatiques ?

Alléger sa boîte e-mail et limiter l’utilisation du Cloud et d’Internet permettent certes d’avoir une consommation numérique plus responsable. Mais qu’en est-il de nos équipements informatiques ?

Évaluer ses besoins

Saviez-vous que 88 % des Français achètent un nouveau téléphone, même si l’ancien fonctionne encore ? Avant de réaliser un nouvel achat, posez-vous les questions suivantes :

  • En avez-vous réellement besoin ?
  • Qu’est-ce que ce nouveau téléphone va vous apporter par rapport à l’ancien ?
  • Les arguments que vous avez trouvés sont-ils suffisamment puissants pour accepter de débourser plusieurs centaines d’euros ?

La même démarche peut être mise en place pour les autres types d’équipements :

  • Avez-vous besoin d’un ordinateur neuf, ou un appareil issu du recyclage peut-il suffire ? En particulier, les ordinateurs reconditionnés sont des appareils remis en vente après nettoyage et révision. Il s’agit donc d’ordinateurs présentant encore de très bonnes performances, moins chers que des appareils neufs, et bénéficiant de garanties. Pourquoi ne pas vous y essayer ?
  • Si vous n’imprimez que peu, essayez, si vous en avez la possibilité, de préférer l’utilisation d’une bibliothèque municipale à l’achat d’une imprimante / photocopieuse.
  • Etc.

Prendre soin de ses équipements

Difficile de lutter contre l’obsolescence programmée… Pourtant, pour éviter que votre ordinateur ou votre smartphone ne tombe subitement en panne, vous pouvez utiliser quelques astuces :

  • Installer un antivirus et un anti-malwares ;
  • Ajouter une coque de protection, ainsi que des vitres pour écran, à votre smartphone ;
  • Si vous le pouvez, privilégier la réparation à l’achat d’un nouvel appareil. Vous pouvez aussi réaliser de petites réparations vous-mêmes, si vous vous en sentez le courage. De nombreuses vidéos YouTube vous aideront à prendre confiance dans cette entreprise. Par ailleurs, certaines assurances habitations couvrent les risques de vol ou de casse des objets connectés : renseignez-vous avant de payer un réparateur !

Avoir une consommation numérique responsable, à l’heure des objets connectés et des réseaux sociaux, peut être un véritable challenge. Pourtant, se déconnecter a de nombreux aspects bénéfiques, autant pour votre porte-monnaie que pour votre bien-être mental et, plus globalement, l’écologie.

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