Le flexitarisme : bienfaits et mode d’emploi

Le débat autour de la consommation de chair animale a toujours existé pour des raisons religieuses, éthiques ou philosophiques. Aujourd’hui, la pollution et le réchauffement climatique s’invitent à leurs tours dans notre assiette. Pour autant, au royaume du bœuf bourguignon, peu nombreux sont ceux qui passent le cap du végétarisme. Seuls 2,2 % des Français déclarent ne pas manger de viande, selon une étude de France Agrimer. En revanche, 68 % d’entre eux pensent qu’on en consomme trop. Contradictoire ? Pas forcément. Pour résoudre cette équation, le flexitarisme est peut-être la solution.

Qu’est-ce que le flexitarisme ?

Selon le Petit Larousse, le flexitarisme est un mode d’alimentation principalement végétarien, mais incluant occasionnellement de la viande ou du poisson. Cette notion, née aux États-Unis dans les années 1990, laisse donc une place importante à la subjectivité. 24 % des Français s’autoproclament flexitariens… tout en mangeant quotidiennement de la viande pour certains !

Entre les années 1800 et la fin du XXe siècle, la consommation de viande des Français a été multipliée par cinq, provoquant les dérives que l’on connaît : des élevages intensifs où les animaux sont considérés comme des objets et non comme des êtres doués de sensibilité. Le cœur du régime flexitarien repose donc sur sa finalité : consommer peu de viande, mais de meilleure provenance, si possible bio, pour encourager un élevage respectueux de la terre, des animaux et des hommes.

Même s’il n’existe pas de dogme en la matière, pour passer au flexitarisme, il est plus efficace de se fixer un cadre. Côté quantité, pour éviter les effets dévastateurs de l’élevage industriel, Greenpeace recommande de ne pas dépasser 16 kg de viande par personne et par an (300 g/semaine) et 33 kg de produits laitiers (1/2 l hebdomadaire). De quoi s’accorder quelques raclettes accompagnées de charcuterie ! Vous pouvez, par exemple, décider de manger végétarien chez vous et de remettre votre casquette omnivore lorsque vous dînez chez des amis ou au restaurant.

Les bienfaits du flexitarisme

Les effets positifs du flexitarisme sur l’environnement

Adopter un régime essentiellement végétarien favorise le bien-être animal. C’est aussi un écogeste à fort impact sur le climat et la biodiversité. 

L’élevage est responsable de 14,5 % des émissions de gaz à effet de serre mondiales, selon Greenpeace. L’empreinte carbone moyenne annuelle d’un Français s’élève à 10 tonnes eqCO2 (source : Carbone 4), dont plus d’une tonne correspondant à la consommation de viande et de poisson. En particulier, 1 kg de viande bovine équivaut en moyenne à une émission de près de 100 kg eqCO2 (source : Our World in Data). En cause, la déforestation induite par l’alimentation du bétail, ainsi que le méthane dégagé par les ruminants lors de leur digestion.

Non seulement la déforestation est mauvaise pour le climat, mais elle fragilise, voire anéantit la biodiversité. Par ailleurs, les rejets de l’élevage intensif provoquent d’importants dégâts environnementaux sur le milieu aquatique. Le littoral breton et ses algues vertes ont rendu tristement célèbre ce phénomène d’eutrophisation. L’élevage recourt également à d’importantes ressources en eau douce. Enfin, n’oublions pas la surpêche qui menace directement la survie des mers et océans.

Les avantages personnels du flexitarisme

Chacun sait que la viande et le poisson sont des produits plutôt onéreux. En revanche, les légumineuses comme les pois chiches ou les lentilles sont très abordables, y compris lorsqu’elles sont bio et locales. Vous pouvez même tenter de les cultiver !

salade vegetalienne aux bettareves, pois chices, maïs, tomates et noix pour flexitariens

Végétaliser son alimentation, d’autre part, revient souvent à manger moins gras et moins salé. La charcuterie, notamment, n’est pas l’amie de nos artères et favorise certains cancers. Par ailleurs, une consommation d’animaux stressés, nourris au tourteau de soja OGM et bourrés d’antibiotiques ne peut pas nous être bénéfique. À condition de ne pas vous jeter sur les frites à chaque repas, votre corps aussi vous dira merci.

Comment cuisiner flexitarien ?

Il ne vous reste plus qu’à ouvrir vos horizons culinaires : Internet et les rayons cuisine des librairies regorgent d’idées. Une méthode simple consiste à garder vos recettes traditionnelles en remplaçant la chair animale par des protéines végétales. Testez le chili sin carne aux haricots rouges, la sauce carbonara au tofu fumé ou la bolognaise de lentilles. Les panisses, à base de farine de pois chiches, et le quinoa constituent aussi de bonnes sources de protéines.

Poussez ensuite la porte des magasins bio et goûtez le seitan, fabriqué à partir de gluten de blé. Découvrez le tempeh, originaire d’Indonésie, confectionné avec des fèves de soja fermentées, au délicieux goût de champignon. Le tofu lactofermenté, à la texture de feta, vous ravira aussi probablement. Quant aux algues, elles donneront une note iodée à toutes vos salades.

D’un point de vue nutritionnel, combiner ces protéines végétales avec des céréales, des champignons et des oléagineux évite de souffrir de carence, à plus forte raison si vous intégrez régulièrement des œufs et des produits laitiers dans votre alimentation.

Sachez qu’il existe également de plus en plus de substituts carnés, notamment à l’attention des flexitariens : les végétariens leur reprochent en général de vouloir imiter la viande, tandis que les carnivores invétérés les accusent d’être ultratransformés. Certaines marques, comme Happyvore ou Excellent, sont pourtant notées A au Nutriscore. Elles vous permettront de déguster des nuggets vraiment bluffants (testez-les sur vos enfants) et des quiches au bon goût fumé.

Du flexitarisme au « flexiganisme », il n’y a qu’un pas : essayez-vous aux laits et desserts végétaux qui vous embarqueront dans un univers dépaysant. Vive la gourmandise sans beurre et sans œufs : à vous les brownies à la courgette, les biscuits à la compote de pomme, les entremets au tofu soyeux. Enfin, initiez-vous à la mousse au chocolat à l’aquafaba, ce jus issu de la cuisson des légumineuses aux propriétés de blanc d’œuf !

En conclusion, le flexitarisme offre les avantages de la souplesse et la possibilité d’être écoresponsable sans se couper de sa culture culinaire. Il offre de belles surprises gustatives et un meilleur équilibre nutritionnel. Il constitue donc la clé d’une alimentation durable et respectueuse du vivant. À adopter sans hésiter !

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