Le gaspillage alimentaire n’est pas une fatalité

Véritable fléau, le gaspillage alimentaire est l’un des défis de notre époque. En France, chaque habitant jette en moyenne entre 20 à 30 kg de nourriture par année, dont environ un tiers encore emballé. Les ménages sont responsables de près de la moitié (42 %) de tout le gaspillage alimentaire. Ces chiffres recouvrent une réalité plus que préoccupante qui n’est nullement une fatalité. Mais l’alimentation étant affaire d’habitudes, il est essentiel de changer en profondeur nos routines de consommation pour parvenir à moins gaspiller. Pour ce faire, plusieurs stratégies et bonnes pratiques sont facilement à votre portée.

Le charme trompeur des produits soldés

Nous sommes tous visuellement interpellés par divers produits en promotion dans nos supermarchés, dont les étiquettes jaunes ou rouges nous indiquent la bonne affaire à saisir. Seulement, ces produits achetés souvent impulsivement sont motivés par le plaisir d’épargner de l’argent plutôt que par nos besoins réels. Mais ce bénéfice est le plus souvent illusoire, car l’argent épargné à l’achat sera perdu si l’on n’a pas le temps de consommer le produit. C’est alors non plus 1, 2 ou 3 euros épargnés, mais bien la totalité du coût du produit qui est perdue. En effet, ces produits à prix réduit sont souvent en fin de vie, leur date de péremption étant imminente. Les dates de péremption sont un sujet à part entière et mériteraient d’amples développements. Disons seulement qu’un certain nombre de produits peuvent être consommés au-delà de leur date de péremption. Toutefois, il peut être hasardeux de surconsommer des produits bientôt périmés, car les chiffres du gaspillage montrent déjà de manière frappante que nous n’arrivons pas à consommer tout ce que nous achetons.

Réduire, oui, mais aussi réutiliser

Ainsi, réduire le gaspillage alimentaire commence par réduire la quantité de nos achats. Mais cela ne suffira pas. Pourquoi ? Parce que nos vies étant le plus souvent trépidantes, nos horaires surchargés, divers imprévus et quelques urgences nous mènent à ne pas consommer tous ces aliments que nous avions prévu de cuisiner. Les aliments – tout particulièrement les fruits et légumes – peuvent donc, en une poignée de jours, nous sembler impropres à la consommation. Heureusement, il y a des astuces pour accommoder les végétaux défraîchis. Voyons quelques exemples :

  • Un poivron rabougri ? Faites-le griller dans votre poêle, pelez la peau (brûlée), puis intégrez-le à vos sauces ou vos houmous maison.
  • Une banane bien trop mûre ? Elle sera excellente en smoothie ou dans vos préparations de gâteaux, de muffins…
  • Des pommes/poires/pêches ou autres fruits presque passés ? Faites-en des compotes ou des confitures.
  • Un pain complètement sec et dur ? Mettez-y un peu d’eau et passez-le un court moment au four, pour qu’il retrouve son moelleux. Ou encore, une fois mixé, ce pain sec vous fera une chapelure parfaite.

Une lutte de plus en plus concertée contre le gaspillage alimentaire

C’est avec un grand soulagement que nous voyons de plus en plus d’entreprises prendre des mesures pour lutter contre le gaspillage alimentaire. Des mesures attendues depuis de nombreuses années, mais qui ont le mérite de s’installer peu à peu, se répandre et se durcir. Le 24 septembre 2019, le ministère de la Transition écologique et solidaire a présenté son projet de loi anti-gaspillage pour une économie circulaire. La secrétaire d’État auprès de ce ministère, Brune Poirson, chargée de présenter ce projet au conseil des ministres (juillet 2019) – une somme de mesures qu’elle juge ambitieuses –, a confié au Journal du Dimanche : « S’attaquer aux déchets, c’est un vrai combat. Je suis face à des lobbies puissants. Ce monde-là est l’un des secteurs les plus opaques en France. La dernière grande loi sur le sujet a près de trente ans ! »

Parmi ces mesures, le texte de loi proscrit l’utilisation des plastiques à usage unique (pailles, couverts et gobelets en plastique), avec une fin du plastique jetable d’ici 2040, fixe à 2025 un objectif de 100 % de recyclage du plastique et prévoit le retour de la consigne, mais pour les bouteilles en plastique PET (15 centimes). Ces mesures incitent les consommateurs à réduire leurs achats de produits jetables et à recycler davantage. Quid des entreprises ? Le projet de loi les oblige à gérer leurs déchets avec de plus en plus d’exigences.

La loi Garot du 11 février 2016 interdit aux distributeurs alimentaires de rendre impropres à la consommation les invendus encore consommables. La loi du 10 février 2020, relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire, met les entreprises dans l’obligation de gérer leurs invendus alimentaires ou non alimentaires, rendant (enfin) leur gaspillage illégal. Le chemin vers un monde plus vert demeure long et ardu, mais cette nouvelle loi va résolument dans la bonne direction pour l’avenir de notre planète et celui de nos enfants.

Ainsi, de nouvelles mesures sont enfin édictées par le gouvernement français pour lutter contre le gaspillage alimentaire. De leur côté, quelques entrepreneurs et citoyens se mettent également à la tâche : celle de proposer à leurs concitoyens des solutions favorisant la limitation des invendus et, donc, la diminution du nombre de déchets. Toutefois, réduire sa poubelle ne signifie pas la supprimer totalement. En effet, que faire de nos épluchures de légumes, de nos restes de viande, de nos vieux cartons à moitié déchirés… ? Que l’on soit en ville ou à la campagne, existe-t-il des solutions pour réutiliser et recycler ces déchets ? Comment y contribuer, à notre échelle ?

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