Doit-on être Pour ou Contre la Chasse ?

Doit-on être pour ou contre la chasse ? Ce qui est sûr, c’est que cette pratique ancestrale fait couler beaucoup d’encre, et ce, depuis de nombreuses années. D’un côté, les écologistes et les biologistes, qui affirment que la chasse est non nécessaire et évitable. De l’autre, les chasseurs, qui, en France du moins, se déclarent comme « les premiers écologistes de France ». Alors, qu’en est-il ? Permettent-ils vraiment de réguler les surpopulations d’animaux sauvages et de protéger la nature ? Ou bien représentent-ils un danger pour nos forêts ? Décryptons cette tradition à travers 5 questions.

Quels sont les jours de chasse ?

Chaque année, vers fin septembre, s’annonce la saison de la chasse. Les dates d’ouverture de la chasse dépendent de chaque département : elles sont définies par arrêté préfectoral.

Chasseurs et militants anti-chasse s’engagent alors dans un combat intense, autant sur les réseaux sociaux que sur le terrain. Mais pourquoi ces militants anti-chasse existent-ils ? Ces derniers ont pour but, entre autres, d’empêcher la chasse à courre, une tradition française qui consiste à chasser le grand gibier à l’aide d’une meute de chiens.

Cette pratique, souvent jugée brutale et cruelle, est interdite depuis de nombreuses années dans plusieurs pays européens, tels que le Royaume-Uni, la Belgique ou l’Allemagne. Par ailleurs, 86 % des Français se déclarent contre la pratique de la grande vénerie : autant d’arguments que les anti-chasse utilisent en leur faveur.

Mais alors, doit-on être pour ou contre la chasse ?

La chasse permet-elle de réguler la faune et de protéger la biodiversité ?

Réguler la faune dans nos campagnes : tel est l’argument de la chasse.

D’ailleurs, 60 % des Français pensent que les chasseurs sont indispensables pour protéger les milieux de vie naturels et empêcher la prolifération de certains animaux nuisibles, tels que le sanglier ou le chevreuil.

Alors, mensonge ou vérité ?

La biodiversité : un trésor à protéger

Qu’est-ce qu’une espèce nuisible ? Si vous posez cette question à un biologiste, il aura bien du mal à y répondre : en effet, dans la nature, toutes les espèces animales et végétales ont leur rôle à jouer. D’ailleurs, plus ces espèces vivantes sont nombreuses et diverses, et plus notre environnement est en bonne santé. Sans l’une d’entre elles, c’est tout le système vivant qui risque de s’effondrer… C’est pourquoi protéger la biodiversité est un acte écologique. Il s’agit alors d’éviter qu’une espèce ne prolifère aux dépends des autres.

Toutefois, la nature n’a pas attendu l’être humain pour s’autoréguler : un équilibre complexe est en effet en jeu. Malheureusement, la pression des activités humaines sur la nature, aussi appelée pression anthropique, a conduit à un déséquilibre. Conséquence ? Certaines espèces sont en surpopulation, tandis que d’autres sont menacées d’extinction.

D’ailleurs, selon la liste rouge des espèces menacées, établie par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), près de 2/3 des 91 espèces chassées en France sont en mauvais état de conservation global. Il semblerait alors que la chasse ne protège pas si bien la biodiversité.

Animaux d’élevage ou animaux sauvages ?

De plus, il n’est pas rare que plusieurs animaux chassés soient issus de l’élevage. C’est le cas du faisan ou de la perdrix, qui sont lâchés juste avant que les battues ne commencent. Il paraîtrait que cette pratique permet de réintroduire certaines espèces dans la nature, car tous les animaux relâchés ne sont pas tués par les chasseurs.

Toutefois, selon l’Agence nationale de sécurité sanitaire (ANSES), près de 50 % de ces animaux meurent le jour même. Cette mortalité augmente jusqu’à 80 % les jours suivants : en effet, les animaux d’élevage ne savent pas se défendre face à leurs prédateurs naturels. On comprend alors vite qu’aucune régulation des espèces sauvages ne peut être réalisée dans ces conditions, de même qu’aucune espèce menacée d’extinction ne peut être réintroduite dans la nature…

L’adaptation biologique face à la pression de la chasse

Le saviez-vous ? Certaines espèces se sont adaptées face à la chasse, dans le but de se protéger. Ainsi, une équipe de recherche issue entre autres du CNRS, de SupAgro et de l’INRA a montré que les sangliers avaient évolué biologiquement en réponse à la pression de la chasse : les marcassins naissent désormais plus tôt dans l’année.

Qu’est-ce que cela signifie ? Tout simplement qu’il peut être difficile d’empêcher une surpopulation en tuant certains gibiers : ce dernier trouvera d’autres stratégies pour survivre.

La chasse a-t-elle un impact écologique ?

Eh oui ! On n’y pense rarement, mais la chasse a un impact écologique non négligeable.

Tout d’abord, à cause du plomb contenu dans les cartouches. Ainsi, d’après l’Agence européenne des produits chimiques, chaque année, 100 000 tonnes de plomb sont déversées dans l’environnement de l’Union européenne.

Tout ce plomb vient-il de la chasse ? Non, seulement 14 % de ces déchets proviennent de cette activité. Ce qui représente tout de même 14 000 tonnes de plomb abandonnées dans la nature chaque année !

Or, le saviez-vous ? Le plomb cause le saturnisme, une intoxication qui provoque, entre autres, des maladies rénales. En plus des morts directes dues à la chasse, il faut donc compter les victimes indirectes, dues à l’empoisonnement de la faune, des nappes phréatiques… et des êtres humains.

Par ailleurs, le braconnage et la chasse contribuent dans de nombreux pays du monde à une perte en biodiversité. Or, celle-ci est directement liée à la régulation climatique de la Terre : en touchant ce maillon, c’est toute la chaîne qui est impactée ! Ainsi, la réduction de certaines espèces animales ou végétales conduit à un renforcement du réchauffement climatique…

Les accidents de chasse sont-ils si nombreux ?

Sans doute en avez-vous déjà entendu parler : régulièrement, des articles de presse annoncent des accidents de chasse, dus à des tirs de fusils non maîtrisés.

Les principales causes de ces accidents sont :

• une mauvaise manipulation de l’arme à feu ;
• un non-respect de l’angle de tir de 30° ;
• des tirs en direction d’habitations ou de routes.

Ainsi, les accidents dus à la chasse restent relativement peu nombreux et sont en baisse constante. Malgré tout, selon l’Ipsos, les Français ont peur de recevoir un coup de fusil lors de leurs promenades en famille. C’est pourquoi 82 % d’entre eux souhaiteraient voir la chasse interdite le dimanche, ainsi que pendant les vacances scolaires.

Doit-on être pour ou contre la chasse ? Le cas des épidémies

Le moins que l’on puisse dire, c’est que la pandémie du Covid-19 nous a fait prendre conscience du lien étroit qui existe entre la destruction de l’environnement et l’apparition de maladies. C’est pourquoi nous observons une augmentation du nombre d’épidémies depuis 50 ans environ. Environ 2 à 3 nouveaux agents infectieux apparaissent chaque année : ceci est dû à la destruction de la faune et la flore dans certaines parties du monde.

En consommant la viande sauvage, les humains sont alors rapidement infectés. C’est ce qu’on appelle des zoonoses : le VIH et l’Ebola ne sont que quelques exemples de maladies qui sont passées du gibier à l’humain de cette manière.

Alors, existe-t-il un lien entre les épidémies et la chasse ? Il semblerait bien que oui, car cette activité met directement en lien des animaux potentiellement malades avec des êtres humains. Par ailleurs, les conditions de stress liés à l’abattage et à la capture du gibier augmentent les risques de transmission des agents infectieux.

Alors, face à tous ces constats, dot-on être pour ou contre la chasse ? Nombreuses sont les personnes qui refusent d’abolir la chasse. Pourtant, les arguments mis en avant par le lobby de la chasse ne tiennent pas. En effet, les chasseurs ne contribuent que peu à protéger les espaces naturels et à réguler les espèces nuisibles. Pire : ils sont responsables de la pollution de certaines nappes phréatiques. De plus, les espèces jugées comme nuisibles par l’être humain ont toutes leur rôle à jouer dans la nature.