L’avenir est dans les circuits courts

S’il y a bien un virus que les Français ont « attrapé » durant la crise sanitaire et dont ils ne semblent pas vouloir guérir, c’est celui des circuits courts. Du producteur au consommateur, tout le monde aurait pris conscience qu’il y trouvait son compte. Sont-ils pour autant des modèles d’avenir ? Contribuent-ils vraiment à nous mobiliser pour une transition écologique plus écoresponsable, solidaire et durable ? Face aux enjeux, sommes-nous tous en passe de devenir des « consomm’acteurs » ?

Bien définir ce que sont les circuits courts

Si l’on s’en tient à la définition admise par l’administration, un circuit court correspond à un mode de commercialisation présentant un intermédiaire au plus. Elle n’impose pas la notion de proximité physique.

On observe deux types de commercialisation en circuits courts : 

  • les circuits courts en vente directe : aucun intermédiaire n’existe dans le processus de distribution entre le producteur et le consommateur ;
  • les circuits courts en vente indirecte : un seul intermédiaire dans ce cas.

Aujourd’hui, l’alimentation – qui représente 26 % des GES dans le monde – revêt une dimension sociale, voire citoyenne. Manger de façon plus responsable en consommant « made in France » ou local motive 77 % des gens, et 83 % se disent prêts à faire des efforts pour réduire l’impact environnemental de leur assiette (d’après un sondage publié par le HuffPost).

Les clés de la réussite des circuits courts

Des enjeux pluriels et cruciaux sont présents afin qu’ils s’intègrent durablement dans une transition écologique éthique. Ils sont d’ordres environnemental, social et économique. Ils sont basés sur les « régimes alimentaires sains et durables », tels que définis par la FAO (Food and Agriculture Organization).

Pour relocaliser la production et la distribution des produits de qualité, il va s’agir de rester vigilant à ne pas forcer la nature. Il semble primordial d’établir des partenariats interterritoriaux choisis pour :

  • mieux connaître ce que l’on consomme afin de le tracer clairement,
  • équilibrer les flux inégaux en matière de ressources locales,
  • rééquilibrer les circuits longs,
  • impliquer davantage tous les acteurs des changements écoresponsables vertueux (pouvoirs publics, producteurs et fabricants, distributeurs, consommateurs).

Circuits courts : une structuration efficiente en marche 

Il est possible de s’appuyer sur le projet Casdar RCC (références en circuits courts), financé par le ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire. Ce référentiel fournit et diffuse des repères nationaux, sociaux, environnementaux, économiques et techniques pour les exploitations en circuits courts alimentaires.

Ce même ministère finance également le RMT alimentation locale (réseau mixte technologique), dont l’objectif est un accompagnement vers l’agroécologie. Il évalue aussi les stratégies et les performances multiples des chaînes alimentaires courtes de proximité.

pancarte avec la mention "circuits courts" entourées de salade en papier sur une table de bois

On peut également compter sur les projets alimentaires territoriaux (PAT). Ils considèrent l’alimentation dans sa globalité. Les états généraux de l’alimentation (EGA ou EGalim) en attestent : les PAT ont un rôle moteur dans le développement des territoires, notamment en matière de justice sociale. 

L’ADEME (Agence de la transition écologique) a pour vocation « d’accélérer le passage vers une société plus sobre et solidaire, créatrice d’emplois, plus humaine et harmonieuse ».

Impulsée par le Labo de l’ESS, une charte des circuits courts économiques et solidaires (CCES) a déjà été signée par le secrétaire d’État chargé du commerce, de l’artisanat, de la consommation et de l’ESS (Économie Sociale et Solidaire).

➡️ Vous aimerez également notre article : Économie sociale et solidaire : qu’est-ce que c’est ?

Tous ces dispositifs pluridisciplinaires génèrent des démarches de terrains volontaires et collectives, dont les bénéfices communs sont :

  • d’établir des diagnostics des territoires analysés,
  • d’étudier la faisabilité technique, sociale et économique,
  • de chercher et de mettre en œuvre des solutions concrètes répondant aux problématiques locales,
  • de financer certains investissements en découlant,
  • d’accroître les revenus des producteurs en limitant les intermédiaires,
  • de conduire des actions de sensibilisation, d’animation et de formation antigaspi,
  • de propager le réemploi des produits,
  • de favoriser l’insertion sociale,
  • de redynamiser le tissu économique local,
  • de fédérer la cohésion entre les acteurs des territoires (collectivités, entreprises locales, citoyens…),
  • d’asseoir les bonnes pratiques de production,
  • de réduire l’empreinte carbone totale des produits,
  • de préserver la qualité de l’eau,  
  • de mieux protéger la biodiversité et de l’accroître,
  • d’augmenter la part des produits locaux dans les cantines et la restauration,
  • de veiller à préserver la santé publique en proposant une offre alimentaire de qualité pour tous, y compris pour les plus vulnérables.

Vous l’aurez compris, les circuits courts alimentaires sont donc indissociables des circuits courts, économiques et solidaires.

Les circuits courts économiques et solidaires (CCES) : agir bien au-delà de l’alimentaire

Comment assurer l’avenir environnemental et sociétal ? Voici quelques exemples d’initiatives démontrant que la notion de circuits courts infuse déjà en dehors du domaine de l’alimentation.

L’autoconsommation énergétique collective

Par exemple, dans le secteur de l’énergie à Sainte-Affrique, en Aveyron, une clinique vétérinaire, Enercoop Midi-Pyrénées, un magasin Biocoop local (et bientôt d’autres consommateurs locaux) se sont associés pour partager l’électricité produite par des panneaux photovoltaïques installés sur le toit des commerces.

L’habitat participatif

HabiCoop, la fédération française des coopératives d’habitants, promeut « un mode d’habitation spécifique, solidaire et hors du marché spéculatif ».

Les AMACCA 

Les associations pour le maintien des alternatives en matière de culture et de création artistique permettent aux citoyens de s’impliquer dans la gouvernance de projets culturels via du micromécénat.

L’avenir est dans les circuits courts : quelques modèles de circuits courts alimentaires inspirants

Découvrez certaines initiatives significatives ayant déjà fait leurs preuves dans l’incontournable transition écologique.

sac de légumes, pain et vin achetés en circuit court

Communauté d’achat direct aux producteurs locaux 

La Ruche qui dit oui : environ 1 500 ruches approvisionnées par 10 000 producteurs.

Appli antigaspi 

TooGoodToGo, OptiMiam, HopHopFood.

Ferme auberge, théâtre et cabaret

Les Folies Fermières de Garrigues dans le Tarn.

Distributeurs automatiques partagés de produits fermiers

La minute locale à Angoulême.

Camion de vente collective

La Charrette Bio regroupe près de 20 exploitations agricoles en Isère.

Libre-service et cueillette à la ferme 

Réseau Chapeau de paille.

Paniers issus du surplus des particuliers et de producteurs locaux

Le Potager d’à Côté (maraîchage), Poiscaille (produits marins).

Légumerie et transformation des fruits

Adapei-Aria 85, une entreprise d’insertion, transforme et livre des fruits et légumes aux établissements scolaires provenant d’une quarantaine de producteurs vendéens.

Transformation zéro déchet solidaire

La Tente des Glaneurs, à Lille, transforme la précarité en action du développement durable, fort de son slogan : « Plus qu’un engagement, c’est avoir le goût des autres ».

➡️ Pour en savoir plus, consulter notre article : Comment consommer en circuit court ? Conseils et astuces !

Force est de constater que les circuits courts impactent vertueusement les modes de production, de distribution et de consommation pour les tirer vers le haut. Ils constituent bien un chemin d’avenir économique, écologique et sociétal, rentable, sain, pérenne. Dialogues et structuration sont et resteront la clé. Favoriser le lien direct et transparent entre tous les acteurs redonne du sens à leurs pratiques. Il les valorise dans leur quête d’écoresponsabilité. Alors, restons inspirés à plus de résilience afin de surmonter la difficulté des déplacements durant les crises. Cultivons l’autonomie ! Bienheureux, les locavores !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *