Les feux zombies : zoom sur ce phénomène dévastateur

On préférerait que ce soit le titre du dernier blockbuster de science-fiction dans lequel des zombies envahissent la ville. Mais ce n’est pas le cas. Les feux zombies, c’est un phénomène bien réel, un désastre naturel qui touche des terres éloignées des nôtres, mais qui veut dire beaucoup sur l’état actuel de la planète. Zoom sur l’un des énièmes cris d’alarme de la nature.

Les feux zombies, qu’est-ce que c’est ?

Il s’agit de phénomènes qui touchent les zones les plus froides du globe – Sibérie, Arctique et le nord du Canada essentiellement. Les feux zombies sont en fait des feux souterrains formés à partir d’incendies de forêt, qui continuent de se consumer sous la tourbe pendant l’hiver, même après que l’incendie a été éteint en surface. « Préservés » par des sols riches en carbone, ils se déclarent lorsque la neige fond dans ces régions, généralement aux alentours du mois de juin. À cette période, ils deviennent en effet de véritables incendies qui ravagent les forêts et les étendues de végétation.

Les incendies qui se déclarent en été dans ces grandes forêts sont de plus en plus nombreux à cause de la hausse des températures et de la sécheresse. La chaîne de conséquences est simple à visualiser : il y a plus de feux, qui se déclarent plus tôt dans l’année et créent donc plus de dégâts sur ces zones naturelles. C’est également un effet papillon : plus il y a d’incendies au printemps et à l’été, plus il y a de feux zombies susceptibles de se créer en hiver, et ainsi de suite.

Est-ce un nouveau phénomène ?

On a observé avec impuissance les gigantesques incendies qui ont ravagé l’Australie et l’Amazonie en 2020. Si l’on ne peut pas dire que c’est normal, on est plus habitué, tristement, à ce que ces terres s’embrasent. Le phénomène des feux zombies n’est pas nouveau, puisqu’il est aussi lié à la composition spécifique des sols des forêts boréales. Ce qui a changé, en revanche, c’est leur fréquence et le moment de l’année auquel ils apparaissent désormais. 2021 a clairement marqué un tournant, avec des incendies nombreux et spectaculaires dès le début du mois de mai.

Leur aspect « souterrain », du moins jusqu’à ce que la neige fonde, compliquait jusque-là leur recensement : on a donc longtemps cru que leur fréquence n’avait pas particulièrement augmenté avec le réchauffement climatique. Seulement, lorsque plus d’un million d’hectares sont partis en fumée en 2019, les questionnements sont devenus plus nombreux. Des spécialistes ont alors commencé à étudier des images satellites de ces dernières décennies permettant de repérer les zones de feux zombies. Ils en ont tiré deux conclusions. La première, c’est que la fréquence de ces feux a bel et bien augmenté depuis le début du XXe siècle. La seconde, c’est qu’il existe un lien clair entre les étés très arides et l’apparition plus précoce des incendies l’année suivante. Or, ces étés caniculaires sont de plus en plus nombreux dans ces zones à cause du réchauffement climatique.

Pourquoi les feux zombies sont inquiétants ?

La liste des éléments qui doivent nous alarmer est assez longue. Tout d’abord, ces feux zombies et leur violence sont reliés au changement climatique, et cela n’augure rien de bon pour les années à venir. Ils sont donc, une fois de plus, un signe que la Terre va mal.

Malheureusement, les feux zombies sont dans le même temps un élément aggravateur pour le climat. L’ancienneté des tourbières dans ces régions du monde en fait des terres extrêmement riches en carbone : en plus d’entretenir le feu de façon souterraine, cela crée surtout des émissions particulièrement abondantes de dioxyde de carbone lorsque les forêts boréales se consument. Les incendies en Arctique de 2020 ont, par exemple, relâché 2 fois plus dioxyde de carbone que les incendies en Californie la même année. Quand on connaît les effets dévastateurs de ce gaz à effet de serre sur le réchauffement climatique, il y a de quoi être inquiet…

Le point de vue d’Instants Brief

On ne peut pas vraiment dire qu’on avait encore besoin de preuves que la Terre va mal… Elles s’accumulent sur la liste, en même temps que les bonnes raisons d’enfin prendre des décisions radicales en faveur du climat. Pourtant, on a un peu cette sensation de « déjà vu » : le panier de linge sale se remplit et déborde, et on repousse quand même le moment de la lessive. Alors le moment de la grande lessive pour l’environnement, c’est pour quand ? En général, quand on n’a plus de chaussettes propres, c’est déjà trop tard, et avec les feux zombies, le risque, c’est qu’il n’y ait tout bonnement plus de forêts boréales, qui jouent pourtant un rôle majeur dans l’écosystème de notre planète.

Le souci, c’est que l’on s’inquiète toujours plus de ce qu’on voit, là devant soi ou juste à côté. Les inondations en Belgique et en Allemagne de ces derniers jours en sont la preuve : elles ont certainement bien plus marqué les esprits des Français que les inondations historiques au Vietnam en 2020. Pour les régions du globe comme l’Arctique ou la Sibérie, très peu peuplées et très éloignées de la plupart des grandes zones d’habitation du globe, qui va alors s’inquiéter ?

La conclusion, c’est qu’il y a urgence à repenser cette façon très égocentrée de voir les choses liées à l’environnement. Nous ne sommes pas uniquement menacés quand ça arrive près de chez nous. Nous ne devons pas penser au changement uniquement quand la proximité des événements nous fait craindre le pire chez nous. Nous ne devons pas considérer qu’un incendie est notre problème uniquement quand il se produit dans une forêt du sud de la France.

Quel que soit l’endroit de la planète où aura lieu la prochaine catastrophe naturelle, elle devra être un signal d’alarme pour l’ensemble de la population mondiale. Notre planète, nos solutions à trouver ensemble, nos actions.

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