Est-il simple de consommer du « Made in France » ?

On connaît tous les vins de Bordeaux, le foie gras du Sud-Ouest et les champagnes de Champagne. Mais savons-nous vraiment ce que « Fabriqué en France » veut dire ?
« Fabriqué en France » : ce que les textes en disent
Selon le site du ministère de l’Économie, des Finances et de la Relance, la mention « Made in France » marque l’origine du produit. « [L]e produit prend l’origine du pays où il a subi la dernière transformation substantielle. » Le gouvernement fait toutefois cette importante précision : « Cette notion d’origine des marchandises, utilisée par les services douaniers se distingue du label Origine France Garantie qui est attribué par un organisme indépendant et obéit à un cahier des charges spécifique. L’obtention de ce label permet aux entreprises qui en font le choix, de valoriser leur production nationale. » Trois autres indications précisent le « Made in France » en allant plus loin sur l’origine des produits. Une indication géographique peut être attribuée à un produit dont la production respecte le cahier des charges spécifique à chaque indication géographique. Seules trois d’entre elles sont à ce jour homologuées par l’INPI : la porcelaine de Limoges, les sièges de Liffol et le granit de Bretagne.
Le label « Entreprise du Patrimoine Vivant » identifie les entreprises dont les savoir artisanaux et industriels se distinguent par leur excellence. Enfin, le label « France Terre Textile » est la garantie qu’au moins 75 % des étapes de fabrication ont eu lieu dans l’Hexagone. Fabriqué en France ne veut donc pas dire créé de toute pièce dans les entreprises de l’Hexagone, ou tout droit sorti des fermes nationales. En effet, un produit fini dont les composants sont d’origine de plusieurs pays peut se voir attribuer la mention « Fabriqué en France » si ses matières premières provenant de l’étranger ont subi certaines opérations de transformation en France.
Une mention élémentaire dans l’alimentaire
Les produits non alimentaires ne sont pas tenus d’arborer la mention « Fabriqué en France ». En revanche, la viande bovine, les fruits et légumes, de même que les poissons de mer et d’eau douce doivent impérativement afficher leur origine.
Les chiffres du « Made in France »
Toujours selon le site du ministère de l’Économie, des Finances et de la Relance, trois Français sur quatre « se déclarent prêts à payer plus cher » pour consommer français. Une très large majorité (92 %) « souhaitent être informés par un marquage spécifique ». Les Français sont également quasi unanimes dans leur volonté de soutenir l’industrie. Enfin, 87 % de nos compatriotes « estiment contribuer au respect de l’environnement ».
Sommes-nous réellement « Made in France » ?
Les bonnes intentions sont une chose, les actes en sont parfois une autre. Selon une étude de l’Insee, en 2015, la consommation des ménages était à 81 % « fabriqué en France » à hauteur de 81 %. Mais ce bon résultat, qui s’aligne sur celui des grands voisins européens de l’Hexagone, cache de nettes disparités dans ce qui est consommé, et par quelle population. Toujours selon l’Insee, une forte hétérogénéité est relevée entre les différents types de produits. Si les Français consomment du « Made in France » à hauteur de 60 % dans les denrées alimentaires, ce taux chute pour les produits pharmaceutiques (42 %), les biens manufacturés (36 %), et plus encore pour les biens fabriqués (15 %, et 13 % pour les textiles).
Concernant la consommation de services, le « Fabriqué en France » domine à 90 %. Une entreprise française peut cependant inclure des produits étrangers dans son activité. Par exemple, un restaurant peut servir de la viande provenant d’Argentine. L’activité produite est ainsi « Made in France », mais l’un des composants peut être d’origine étrangère.
Les personnes âgées et les cadres plus « Made in France »
Toujours selon l’Insee, les populations âgées consomment plus de « Fabriqué en France » que les plus jeunes. De même, les cadres comparés aux ouvriers et aux agriculteurs font une consommation « France » plus intensive. Cela s’explique, chez les personnes âgées, par leur investissement plus important dans le logement et, chez les cadres, par leur consommation plus grande de services (culture, loisirs, cafés et restaurants) que les autres catégories socio-professionnelles.
Les ouvriers et les agriculteurs, par exemple, allouent une part plus importante de leur budget aux denrées alimentaires et aux boissons, ce qui entraîne à la baisse le taux de consommation « Made in France ». Ajoutons que les familles nombreuses, qui dépensent une plus grande part de leur budget en habillement et une moins importante en logement, ont également un taux de consommation « Fabriqué en France » plus bas que les autres familles.
Une appétence pour les importations allemandes
Les importations des Français se révèlent majoritairement allemandes (13 %). Puis viennent les États-Unis (8 %), la Chine (7, 7 %), le Royaume-Uni (6, 7 %), l’Espagne (6, 5 %), l’Italie (6, 2 %) et la Belgique (5, 4 %). Les Français consomment des importations allemandes variées, alors qu’ils le font de manière spécifique pour les produits électroniques (Chine), les véhicules (Espagne), les équipements électroniques et optiques (Suisse), ou encore des services d’intermédiation financière d’origine luxembourgeoise. Précisons que les biens du champ manufacturier proviennent en majorité d’Allemagne et de Chine. Quant à elles, les denrées alimentaires sont également d’origine allemande, puis des Pays-Bas et d’Italie.
Le virus du « Fabriqué en France »
La crise sanitaire mondiale de Covid-19 a fortement perturbé le commerce mondial, et la grande distribution n’a pas été totalement épargnée. Un point plutôt positif pour les fruits et légumes français, par exemple, qui ont occupé une part plus importante des étalages. De quoi faire prendre de nouvelles habitudes de consommation à certains de nos compatriotes, pour qui il sera de plus en plus facile de consommer « Made in France ».
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