Metaverse, une immersion dans l’inconnu

Avez-vous déjà joué aux Sims ? Ce jeu vidéo des années 2000 permettait de faire évoluer son avatar, un peu gauche et décalé, au milieu de la maison de ses rêves, entouré de ses amis, au rythme de fiestas endiablées. Une simulation de la vie dans un monde alternatif : un jeu précurseur du futur d’Internet ? Désormais, équipé d’un casque de VR (Virtual Reality), il est possible de s’évader vers un univers en pixel issu des dernières évolutions technologiques. Pour découvrir ce qui se définit comme le Web 3.0, nous vous invitons à vous immerger dans un monde parallèle. Virtuel, le metaverse ? Pas si certain… 

Le metaverse : bienvenue dans le monde virtuel

Le terme apparaît pour la première fois sous la plume de Neal Stevenson, auteur de science-fiction et du roman Le Samouraï virtuel, paru en 1992. Popularisé dans des livres dystopiques ou sur grand écran, à l’instar de Steven Spielberg et son film Ready Player One, le metaverse nous transporte dans la réalité virtuelle. Un peu d’étymologie, tout d’abord : ce néologisme est issu de la contraction du grec ancien meta,  qui signifie « au-delà », et du mot univers. Un monde au-delà du nôtre, certes, mais expérimentable par la magie d’Internet…

Cet univers parallèle se veut en 3 dimensions, pour que nous puissions y évoluer comme dans la vraie vie, ou presque. En effet, nous y sommes représentés par notre avatar, un « nous » en pixels. Ce personnage, créé par nos soins, peut nous ressembler ou non, pour coller à celui que nous souhaitons être. Un avatar unique, qui va pouvoir interagir avec d’autres, comme on le ferait en réel. Il va ainsi parler, bouger, avoir ses propres mimiques pour se rapprocher au maximum de nos modes de communication humains.

On accède à ce monde virtuel par le biais de plateformes dédiées, dont les principales sont Horizon Worlds, du groupe Meta, Rec Room et Decentraland. L’accès nécessite, pour être totalement immersif, le port d’un casque de réalité virtuelle (RV) ou de réalité augmentée (RA). 

Et que fait-on concrètement dans cet univers alternatif (ou métavers en français) ? À l’heure actuelle, les avancées technologiques en la matière permettent principalement de s’y divertir, mais aussi d’apprendre et de travailler. Le confinement de 2020 a d’ailleurs accéléré la donne, trouvant l’occasion parfaite de repousser littéralement les murs en dématérialisant notre environnement. 

homme immergé dans un monde en 3D portant un casque de réalité vituelle

Le virtuel, avenir d’Internet ?

Un univers parallèle existant depuis 2003

La notion métavers, née de la science-fiction, n’est pas nouvelle, et sa première mise en application non plus. Si les Sims étaient un simple jeu vidéo familial, le logiciel Second Life, né en 2003, a poussé plus loin l’application du concept de simulation de vie. Univers en 3D, création d’avatars et de tout leur environnement, achats immobiliers via une monnaie numérique… Les prémices de ce monde virtuel suscitent à l’époque un engouement tel que de grandes entreprises, écoles et même des partis politiques s’y implantent. 

Presque 20 ans après, si Second Life vivote toujours, l’envie d’aller encore plus loin dans une réalité collective alternative semble représenter l’avenir d’Internet. Le Web 2.0 des interactions via les réseaux sociaux est voué à évoluer vers le Web3, celui du monde virtuel.

Le monde entier à portée de tous ?

L’une des raisons avouées de l’essor de cette technologie, c’est de pouvoir faire vivre à tout mortel des expériences qu’il ne pourrait éprouver dans la vie réelle. Voyages, exploits sportifs, événements, jeux, rencontres seraient ainsi placés à la portée de tous… Enfin, de tous ceux munis d’un casque de réalité virtuelle, comme l’Oculus Quest 2, dont l’usage irait au-delà du simple jeu vidéo en immersion.

Du simple entertainment, alors ? Non, car le méta-univers ne se limite pas à se divertir dans un monde pixelisé ou à faire évoluer son avatar dans Fortnite ou Roblox. Toutefois, ces derniers, géants du jeu en ligne, contribuent à l’essor du Web 3.0, en rassemblant des millions de joueurs lors de fêtes et concerts virtuels sur leurs plateformes.

L’avenir du travail dans le méta-univers

Dans cette nouvelle donne technologique, le monde professionnel n’est pas en reste. La crise de la Covid a repensé les modalités de travail à distance, entre essor du télétravail, visios et conf calls. Le métavers propose d’aller encore plus loin, en réunissant nos avatars cravatés dans un espace de coworking virtuel reproduisant notre bureau à l’identique. C’est le principe d’Horizon Workrooms, partie intégrante de la plateforme virtuelle Horizon Worlds de Mark Zuckerberg. 

Les enjeux économiques du métavers

La démocratisation du métavers est, depuis 2021, le dernier cheval de bataille du groupe Facebook, rebaptisé pour l’occasion… Meta. Mark Zuckerberg, emblématique patron du réseau social et de ses firmes, y voit l’avenir d’Internet, et y a d’ores et déjà investi plusieurs milliards de dollars. Un univers virtuel, certes, mais permettant des investissements financiers, eux, bien réels. 

Le métavers, qui n’en est pourtant qu’à ses balbutiements en matière de technologie, représente en effet un nouvel enjeu économique pour de nombreuses entreprises. Les marques issues de l’industrie du luxe, de l’immobilier ou même les artistes y voient une opportunité d’augmenter leur visibilité, mais également de faire des profits. 

Un business 3.0 possible à coup de cryptomonnaie, pour acquérir des NFT (Non Fungible Tokens), sorte de titres de propriété numériques uniques et non échangeables. Acquisition de terrains virtuels, shopping de biens numériques, mais aussi commerce des indispensables casques de réalité virtuelle ou augmentée : le marketing du méta-univers a de beaux jours devant lui.

Métavers et écologie, deux mondes opposés

Il faut bien comprendre que tel qu’il est imaginé, ce monde virtuel doit permettre à ses habitants de vivre et évoluer en continu. L’idée est de créer une réalité alternative persistante, autorisant des échanges fluides (ou interopérabilité) entre les différents univers virtuels. Or, cette technologie de pointe demande des ressources informatiques et énergétiques considérables pour être correctement mise en œuvre.

ville virtuelle dans le metaverse

À ce jour, ni nos réseaux électriques ni nos systèmes informatiques ne le permettent. Et si tel était le cas, l’empreinte carbone et l’impact écologique pour y parvenir seraient immenses. Et que penser d’un monde virtuel où, au lieu de sortir de chez soi, on se réfugierait loin du réel, occultant par là même les problématiques sociales ou environnementales ?

Alors que l’avènement du métavers semble incontournable dans l’évolution du Web, le monde virtuel qu’il nous propose est loin d’être utopique. Et si, au lieu de transposer notre univers dans une réalité alternative, nous investissions pleinement le futur sur notre belle planète ?

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