Obsolescence programmée : lumière sur ce concept

Le saviez-vous ? L’obsolescence programmée, aussi appelée obsolescence planifiée, n’est pas un concept nouveau. Remontant aux années 30, il participe à la relance économique. Le concept consiste à faire en sorte, volontairement, que les biens de consommation aient une durée de vie limitée.

Oui ! Plus vite les objets et produits périssent, plus vite le consommateur en achète un neuf. Pourtant, une chose n’est pas prise en compte : l’écologie. On ne s’attardait pas forcément, alors, sur le nombre de ressources, la quantité d’énergie ou la pollution qui allait se dégager de cette pratique. Aujourd’hui, nous vous proposons de mieux comprendre l’obsolescence programmée et ses impacts sur l’environnement. Nous vous donnerons aussi des pistes pour éviter de tomber dans certains travers de la surconsommation

Définition de l’obsolescence programmée

Apparition

Nous devons l’invention de ce concept à Bernard London en 1932. Il souhaite relancer l’économie suite à la crise de 1929 en créant des objets plus facilement périssables, afin de pousser à la consommation

Aujourd’hui, le code de la consommation en France donne une définition précise qui l’encadre :

Article L441-2 (Version en vigueur depuis le 1er juillet 2016)

« Est interdite la pratique de l’obsolescence programmée qui se définit par le recours à des techniques par lesquelles le responsable de la mise sur le marché d’un produit vise à en réduire délibérément la durée de vie pour en augmenter le taux de remplacement. »

Mécanique de l’obsolescence planifiée

Un ensemble de techniques, cela signifie un ensemble de moyens pour bouleverser le cycle de vie d’un objet. Cela peut donc se faire de plusieurs façons : 

  • en utilisant des matériaux moins solides (souvent pour privilégier des matériaux plus polluants, mais plus abordables) ;
  • en créant volontairement de légers défauts dans le design, pour que l’objet se casse à l’usure ;
  • en créant une limite volontaire dans l’utilisation d’un logiciel, par exemple. 

Il s’agit donc d’un modèle de consommation qui privilégie le jetable face au durable. Encore aujourd’hui, nous avons souvent peu d’options pour faire réparer un produit. À l’inverse, de multiples options s’offrent à nous pour faire une nouvelle acquisition

L’obsolescence programmée entraîne une augmentation de la consommation de ressources naturelles. On a aussi pu constater une augmentation très importante de l’utilisation des ressources minérales et de la biomasse entre 1900 et 2009. 

Sur la même période, la part des matières non renouvelables est passée d’un quart à deux tiers dans l’extraction mondiale totale. 

La composition des objets se complexifie, ce qui a pour impact de complexifier également les substituts et le recyclage des matériaux utilisés. 

Légalité de l’obsolescence programmée

Comme nous l’avons vu un peu plus haut, l’obsolescence programmée est une méthode interdite par le code de la consommation en France. Pourtant, de nombreux contournements auraient pu être envisagés. L’article L441-3 de ce même code précise donc que toute technique, y compris logicielle, visant à rendre impossible la réparation ou le reconditionnement d’un appareil est interdite. 

Il faut donc qu’un appareil ou un produit soit réparable pour pouvoir être mis sur le marché. D’autres articles encadrent également la disponibilité des pièces détachées afin de réparer un produit. Ce qui est plus difficile, c’est de contrôler que ces critères sont respectés dans un monde mondialisé, où la plupart des produits que nous achetons sont importés. Les législations changent d’un pays à l’autre. 

On le constate bien souvent en tant que consommateur. Par exemple, la plupart des objets conçus massivement et de manière industrielle en Chine ont la réputation de ne pas être très solides, quand une invention made in France aura souvent une durabilité plus importante. 

Impacts sur l’environnement

Les risques pour l’environnement

Dans les faits, on peut le constater, les impacts de ces pratiques de surconsommation ont de lourds impacts sur la planète :

  • émissions de gaz à effets de serre ;
  • polluants dans l’air, l’eau et les sols ;
  • atteintes à la biodiversité ;
  • consommation d’énergie et d’eau ;
  • production de déchets ;
  • etc.

C’est sans parler des problèmes économiques ou politiques que cela peut engendrer (coûts d’extraction, tensions géopolitiques).

Les matières premières et ressources utilisées

Une mobilisation très importante de ressources naturelles pour soutenir la production croissante — qui va de pair avec une consommation croissante — amène de nouvelles difficultés. 

Les nouveaux gisements de minerais sont plus difficiles à exploiter, car plus difficiles d’accès. Le besoin en ressources énergétiques, en eau et en métaux pour construire des infrastructures spécifiques est donc plus important. 

Il en va de même pour la biomasse. Elle devient de plus en plus coûteuse à produire. En effet, elle est soumise aux changements climatiques, à l’apport d’eau, au phosphore (matière première critique en UE) et à la disponibilité de terres productives dédiées. 

De nombreux investissements et accords internationaux devront être négociés pour continuer sur cette voie à terme. 

Enfin, rappelons que l’extraction et l’utilisation des matières premières s’associent à de fortes émissions de gaz à effet de serre. C’est donc assez incompatible avec les objectifs de limitation du réchauffement climatique à l’échelle mondiale en dessous de 2 °C d’ici 2100. 

Quelques chiffres

  • 9 Français sur 10 considèrent que l’obsolescence programmée est bien réelle ;
  • 88 % des Français changent leur téléphone alors qu’il fonctionne encore ;
  • 70 kg de ressources naturelles sont utilisés pour créer un smartphone de 300 gr ;
  • 1 ordinateur peut contenir jusqu’à 60 matériaux différents.

Solutions

La lutte contre l’obsolescence programmée

Afin de lutter contre l’obsolescence programmée et la surconsommation, voici quelques actions qui peuvent être menées :

  • allonger la durée de vie des produits ;
  • mettre en place une feuille de route privilégiant l’économie circulaire ;
  • obliger la disponibilité des pièces détachées ;
  • créer une application qui regroupe toutes les informations sur les produits et leur durée de vie ;
  • etc.

L’économie circulaire est une très bonne piste, par exemple. 

Elle s’oppose à l’économie linéaire, qui consiste en une chaîne simple : 

Extraire ⇒ Fabriquer ⇒ Consommer ⇒ Jeter

L’une des solutions proposées pour la promouvoir serait d’afficher une information sur la durée de vie des produits électroménagers/bricolage. Il a été proposé de créer un indice basé sur 10 critères. Cela donnera alors une note sur 10 permettant au consommateur de s’informer plus facilement. Plusieurs facteurs sont à rassembler pour que la lutte contre l’obsolescence programmée fonctionne selon François de Rugy (ancien ministre d’État, ministre de la Transition écologique et solidaire, actuellement député français) : 

  • le volontarisme des pouvoirs publics ;
  • la responsabilité des producteurs/distributeurs ;
  • l’engagement des consommateurs.

Il est donc possible à notre échelle d’aller à l’encontre de l’obsolescence programmée. 

Les initiatives françaises

En France, un groupe international d’experts sur les ressources (GIER) a été créé en 2007. L’utilisation durable des ressources naturelles a alors été promue comme discipline scientifique à part entière. 

La loi de transition énergétique pour la croissance verte (2015) a engagé le pays vers une utilisation efficace des ressources. Ainsi, l’usage de ressources issues du recyclage et des ressources renouvelables doit être privilégié. Elle participe aussi à l’encouragement de l’économie circulaire en luttant contre le gaspillage et en faisant la promotion de biens et services économes en ressources. Enfin, elle encadre aussi le développement du recyclage.

Les initiatives européennes

Au niveau de l’Europe, certaines notions ont été travaillées, en matière de sécurité d’approvisionnement et d’optimisation des ressources. Objectif : réduire les pressions environnementales. L’Europe travaille aussi sur la notion de découplage. Il s’agit d’un concept économique : augmenter la valeur créée tout en réduisant la quantité de ressources utilisées

Le découplage est dit « relatif » si la quantité de ressources utilisées continue d’augmenter malgré les efforts. Il est « absolu » si la consommation de ressources naturelles diminue alors que la valeur créée augmente. 

L’économie circulaire a aussi été mise en avant dans un plan d’action publié par la Commission européenne. Ce plan comporte trois axes principaux :  

  • la conception de processus de fabrication optimisés ;
  • la production de produits plus économes en ressources naturelles ;
  • le développement du recyclage.

Pourtant, il ne mentionne pas d’objectif européen global sur la productivité des matières. D’autres initiatives ont suivi dans certains pays européens, mais pas tous. L’Allemagne, l’Autriche et l’Italie souhaitent se fixer des objectifs à leur échelle sur la productivité des matières. 

Les gestes à adopter en tant que consommateur avant de faire l’acquisition d’un nouvel objet

Certains bons réflexes peuvent vous permettre de participer à cette lutte, à votre échelle. Tout d’abord, il faut se renseigner sur votre achat. Vérifiez : 

  • ses conditions de fabrication ;
  • s’il a été écoconçu ;
  • son lieu de fabrication ;
  • son utilisation ; 
  • ses garanties.

Vous pouvez aussi vérifier la durée d’usage et la réemployabilité de ce produit, sa réparation, sa recyclabilité.

Les gestes à adopter à son échelle avant de jeter un objet

Si vous souhaitez jeter un objet, voici quelques questions à se poser avant  : 

  1. Cet objet est-il toujours fonctionnel, même s’il n’est plus au maximum de ses performances ? Autant ne pas se précipiter dans un nouvel achat si votre appareil n’est pas encore en fin de vie, même s’il n’est pas au maximum de ses performances. Attention, l’utilisation d’appareils électroniques réellement défectueux peut parfois être dangereuse. N’hésitez pas à relire la notice ou à contacter le fabricant pour vous rassurer sur ce point, si vous avez un doute. 
  1. L’objet est-il encore sous garantie ? Peut-il être réparé ou reconditionné ? Si oui, cela vous permettra une économie, car la réparation est souvent moins coûteuse que d’acheter un nouveau produit. Sinon, le reconditionnement de votre appareil pourra sûrement vous permettre d’obtenir une petite prime. 
  1. S’il ne peut pas du tout être réparé, il sera alors important de le recycler correctement. Si possible, déposez alors l’appareil dans le lieu adéquat en déchèterie

Vous pouvez aussi le confier à un organisme tel qu’Envie, par exemple. Ce réseau s’occupe de reprendre, réparer et revendre vos produits ou de les recycler. En plus de cela, le réseau s’évertue à employer des réparateurs, livreurs ou autres acteurs en cours de réinsertion professionnelle. 

Cela permettra à votre objet de connaître une nouvelle vie. Dans le pire des cas, l’objet pourra peut-être être démantelé. Les réparateurs pourront récupérer des pièces et matériaux utiles pour le reconditionnement d’autres appareils. 

Produire plus avec moins de matières : pourquoi ? — Ministère de l’environnement de l’énergie et de la mer en charge des relations internationales sur le climat. 

Obsolescence programmée : le rapport Libaert pousse la réflexion du Gouvernement sur la consommation durable — ecologie.gouv.fr

Obsolescence programmée — bientôt un délit ? — UFC que choisir

Code de la consommation — legifrance.gouv.fr

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