Ordures Ménagères : Où vont-elles vraiment ?

En jetant notre sac-poubelle dans le bac de collecte, nous nous sommes tous interrogés sur le sort de nos ordures ménagères : où vont-elles vraiment ? Du centre de tri voisin à la décharge en plein air d’Asie ou d’Afrique, nos déchets ménagers ont un parcours à la fois organisé, mais aussi surprenant. Grâce au tri sélectif, à un traitement différencié et à une gestion raisonnée (pas toujours vertueuse), nos ordures ont un parcours amenant à leur incinération, leur enfouissement ou bien à une seconde vie à travers le recyclage. Ainsi, sans le savoir, nous sommes vêtus d’une partie de nos déchets recyclés, par exemple. De la même manière, nous enrichissons nos sols d’engrais composites réalisés à partir de nos restes de poubelle !

Les ordures ménagères : de votre poubelle au centre de tri

Les déchets et l’Homme : « je pollue donc je suis »

Nous polluons par nature depuis la nuit des temps. Il s’agit là de l’empreinte humaine sur son environnement. Alors que l’homme préhistorique produisait une très faible quantité de déchets (et tous recyclables), très vite, le recours à la poubelle s’est avéré indispensable. Les détritus jetés dans les rues ont rapidement constitué des enjeux de santé publique en France, car ils engendraient des risques épidémiques, dépassant les nuisances olfactives. Dès 1884 à Paris, le préfet Eugène Poubelle initie le traitement des déchets par l’usage obligatoire des poubelles.

Par la suite, la définition du « déchet » s’est imposée au niveau du cadre législatif français. Il peut être défini comme « tout résidu, toute substance, tout matériau que son détenteur destine à l’abandon » (Code de l’Environnement).

Depuis, la production de déchets va croissante. Chaque Français produit de nos jours environ 568 kg de déchets par an (sources Ademe, 2016) contre 220 kg en 1960. Ceci, alors qu’en Afrique par exemple, 170 kg d’ordures ménagères annuelles biologiques sont produits par personne. Elles sont principalement consommées par les animaux domestiques en zone rurale. En France, ce n’est malheureusement pas le cas.

Focus sur le contenu de nos poubelles : la rudologie à l’œuvre

Les ordures ménagères produites par les familles se distinguent principalement des déchets hospitaliers, agricoles, municipaux ou bien issus des entreprises. La rudologie consiste à analyser le contenu de ses poubelles, en voici un aperçu ici :

  • une majorité d’emballages divers : verre, papier et carton, plastique et métaux. Ces emballages représentent 30 % du poids de nos déchets et 50 % du volume total de nos poubelles !
  • des déchets d’équipements électriques et électroniques (DEEE) en fin de vie :  des piles, ampoules, néons et le matériel électro-ménager, informatique ;
  • des déchets putrescibles et biodégradables relatifs à notre mode d’alimentation. Ils sont organiques la plupart du temps : ce sont, par exemple, les épluchures de fruits et légumes, noyaux, coquilles d’œufs, pain, etc. ;
  • des déchets verts issus de l’élagage, de la taille des arbres, de l’herbe et du jardinage.

Avoir les bons gestes de tri détermine où vont vos ordures ménagères

On nous demande prioritairement de trier deux types de déchets : d’un côté lesdits recyclables, de l’autre les non-recyclables. Ils sont en effet collectés séparément, car leur traitement est différent.

Les déchets sont collectés par la commune ou le syndicat intercommunal missionné. Ils débutent ensuite un voyage plus ou moins long vers des usines de retraitement, d’incinération ou d’enfouissement. Nos bons gestes de tri sont donc essentiels à toute cette chaîne opératoire.

« Recyclé ou non recyclé », telle est la question

La collecte est sélective en France : le ramassage des ordures par catégorie nécessite le tri du verre, du papier-carton, du métal et des déchets biodégradables.

 Les déchets recyclables

Une partie des emballages et contenants sont recyclables : le verre, papier, carton, métal et certains plastiques et tissus également.

À chaque matière recyclable, son usine de retraitement ou d’incinération :

  • verrerie : verre ;
  • usine de compostage : déchets verts ;
  • usine papetière : papier et certains emballages carton ;
  • usine de plasturgie : plastiques ;
  • usine de recyclage : métaux et aluminium ;
  • recyclerie : habits et tissus d’ameublement.

Ces déchets recyclables y sont transformés en engrais, papier recyclé, habits, canettes, etc.

Les déchets non-recyclables

Ce sont la plupart du temps des objets complexes et parfois volumineux (meubles, électroménager). On les appelle aussi « déchets composites », car ils sont composés de plusieurs matériaux (plastiques, colles, métaux lourds). Ceci rend leur recyclage difficile, coûteux et très polluant.

En fonction de leurs propriétés physiques, deux lieux de traitement existent :

  • l’usine d’incinération où les ordures brûlées deviennent des mâchefers. Ces résidus sont issus de la combustion des déchets. Ils ne sont donc pas éliminés, mais réduits uniquement au niveau de leur volume de près de 90 %. Dans le meilleur des cas, la production d’énergie induite peut être transformée en électricité et servir au chauffage de logement par exemple.
  • le centre d’enfouissement (ou décharge contrôlée) réalise un procédé utilisé de dernier recours pour les déchets ultimes. Il s’agit de déchets complexes qui ne peuvent être correctement traités, recyclés ou incinérés. Ils sont donc enfouis sous terre dans des conditions normées et très strictes.

Le parcours des ordures ménagères « hors de contrôle » en France et à l’Étranger

Une production de déchets supérieure à la capacité de traitement

Malgré toute cette organisation, les usines sont bien souvent en état de saturation face à l’importance et l’augmentation des déchets. Non seulement des comportements demeurent inadaptés en raison d’un manque d’éducation et de sensibilisation en matière de déchets. Mais aussi, on note que les pays occidentaux sont également les plus gros producteurs de déchets au monde. C’est pourquoi ils ont mis en place des politiques surprenantes d’exportation de leurs déchets dans des pays tiers. Ici, la France figure à la 4e position mondiale.

En Asie et en Afrique, un tsunami d’ordures en provenance des pays occidentaux

Initialement, ce marché est important et lucratif pour des pays d’Asie et d’Afrique. Malheureusement, ces derniers ne disposent pas tous de solutions techniques efficaces pour traiter ces déchets. Il en est de même pour leurs capacités propres à gérer les flux importants provenant des pays exportateurs comme les États-Unis, le Japon, l’Allemagne, etc.

Depuis 2018, la Chine a mis en place une interdiction totale d’importation de déchets qui a conduit à un bouleversement de leur traitement au niveau international. D’autres pays comme l’Indonésie et la Malaisie ont vu leurs importations de déchets exploser. Tant et si bien que des pays comme les Philippines ont dû renvoyer à leur expéditeur canadien leurs marchandises polluantes.

En parallèle, des pays d’Afrique comme le Kenya, l’Éthiopie, le Congo et le Burkina Faso sont envahis de déchets malgré la législation internationale. La création de décharges spontanées à ciel ouvert y est exponentielle (69 % des déchets y sont déversés). Le plus souvent toxiques et très insalubres, ces décharges sont aussi le lieu de vie de milliers d’habitants. De nombreuses familles et enfants y cherchent des sources de revenus divers.

Un sursaut citoyen primordial à la maîtrise de la déferlante mondiale de déchets

Chez nous ou ailleurs, nos déchets s’accumulent dans des décharges sauvages et à ciel ouvert. Les détritus y occupent de vastes étendues et de grands volumes de terrain. Les conséquences sur l’Environnement sont désastreuses compte tenu des émanations toxiques dans les sols et l’air. La biodiversité est largement impactée, sans oublier les êtres humains qui y vivent et travaillent en nombre dans les pays dits émergents.

Connaître le parcours des ordures ménagères nous permet de savoir comment elles sont traitées. Notre prise de conscience actuelle nous amène à devenir des consom’acteurs vigilants, des « pollueurs » plus respectueux de l’Environnement. Ceci pour éviter que nos poubelles ne soient déversées chez nos voisins.

Heureusement, on constate un infléchissement de la tendance française depuis quelques années. L’Ademe a évalué que 65 % des déchets ménagers sont recyclés ou utilisés comme remblai pour les travaux d’aménagement paysagers (+ 13 % en 10 ans). De plus, 29 % sont éliminés (- 15 % en 10 ans) et 6 % sont valorisés énergétiquement parlant (+ 59 % en 10 ans).

Depuis 2007, on note une diminution de 4,6 % de déchets produits par habitant grâce notamment à la prévention, à la réutilisation, au réemploi, à la réparation et à la réduction du gaspillage alimentaire (Source Ademe). La priorité : tendre vers moins de déchets ultimes en produisant moins d’ordures et en recyclant plus. La règle des 4 R prend de l’ampleur : Réduire, Recycler, Réparer, Réutiliser les objets et ainsi devenir écoresponsable. Grâce à l’éducation et la sensibilisation du grand public, chacun revoit sa production de déchets via des choix de consommation et une tendance au zéro déchet. Pour aller plus loin et traiter efficacement ses déchets ménagers, vous pouvez consulter notre article dédié.

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