Permaculture, la comprendre et la pratiquer

S’éloigner des modes de culture industrielle et chimique, telle est la volonté de l’agriculture biologique et de l’agroécologie. Mais lorsque l’on souhaite simplement faire pousser de manière naturelle quelques fruits et légumes chez soi, une alternative à ces systèmes agricoles à grande échelle existe. Fondée en 1978 par les Australiens David Holmgren et Bill Mollison, cette méthode est née du constat des dégâts causés sur les écosystèmes par l’agriculture industrielle. Elle prône un travail de la terre durable, respectueux de la nature et de l’humain, menant vers la régénération des sols et l’autonomie alimentaire. En quoi consistent les principes philosophiques de la permaculture ? Comment pratiquer cette culture écologique des fruits et légumes, que l’on possède un immense jardin ou un mini potager ? Échooo vous explique tout !
La permaculture, pourquoi c’est bien ?
Les piliers de cette agriculture durable
Entre modernité et innovation, la permaculture, contraction de l’expression « agriculture permanente », est tout d’abord un concept. En reproduisant le fonctionnement de Dame Nature, nous régénérons nos écosystèmes affaiblis par la culture à gros rendements et les intrants chimiques. Le concept permacole est ainsi fondé sur 3 piliers éthiques : prendre soin de la terre, des hommes, et redistribuer les surplus. De ces préceptes, développés dans l’ouvrage Perma Culture One, découlent 12 principes pratiques, car il faut bien mettre la main à la grelinette* pour faire pousser nos végétaux !
Parmi les plus importants, l’observation est le mot d’ordre du jardinage permacole, une phase préalable dont dépend le succès de son futur potager. On analyse ainsi l’environnement, le climat, les zones d’ombre et d’ensoleillement, la flore, la faune locale et leurs interactions. L’observation se poursuit ensuite de manière permanente pour adapter ses cultures en fonction de ce qui fonctionne. Un apprentissage passionnant du cycle naturel et de son propre habitat !
Produire son propre écosystème
Un autre principe de cette agriculture verte vise la production autonome : il nous faut donc définir des objectifs. Notre jardin peut ainsi nous fournir fruits, légumes, mais aussi plantes aromatiques ou médicinales, selon nos critères et nos besoins réels. Certains choisissent de faire pousser des fleurs mellifères ou de simplement concevoir un espace extérieur naturel destiné à leur bien-être. Il n’y a pas une permaculture, mais des centaines, en fonction des contextes propres à chacun ! Seuls l’éthique et les principes sont immuables. Au titre des autres principes édictés par Mollison et Holmgren, on retiendra également la valorisation des ressources renouvelables, de la diversité, l’absence de déchet, la collecte et le stockage d’énergie… Une mine de bon sens !

Cultiver son potager en permaculture, c’est compliqué ?
Du projet au design en permaculture
Un projet de jardin ou de potager en permaculture se décline en plusieurs étapes. À la suite de la phase d’observation et de définition de ses objectifs vient celle du design. Le design en permaculture est la partie architecturale dans laquelle est décidé ce qui sera planté, et comment. Quel fruit, quel légume, quelle plante protectrice de tel autre végétal peut profiter à tous, vous y compris ? Dans quelles zones va-t-on établir les parcelles de son potager, disposées en harmonie avec la nature et l’activité de la maison ? L’objectif d’un design réussi est que chaque culture soit à sa meilleure place, avec le moins de contraintes possible pour la nature et l’homme. Alors, à vos crayons, dessinez votre potager !
Choisir les bonnes techniques
Il faut ensuite décider de votre type de plantation : il existe diverses techniques de permaculture, dont la plus connue des jardiniers est la butte. La technique consiste à surélever la zone de culture sur une butte de terre. Cette méthode de jardinage permacole présente divers avantages : drainage, profondeur de sol, aération de la terre ou possibilité de travailler la terre debout. La butte peut s’associer à d’autres techniques de permaculture comme le keyhole garden et son composteur intégré, la culture en lasagne, la botte de paille, la spirale aromatique, la butte autofertile Hugelkultur… Mais d’autres supports de culture existent !
Un fois la technique choisie et vos plantations faites, l’écosystème ainsi mis en terre peut s’épanouir et produire en quasi-autonomie. Car la permaculture, c’est un peu l’agriculture des fainéants ! Les associations de cultures profitent de leurs bienfaits réciproques de manière vertueuse : c’est le compagnonnage. De plus, on ne bêche pas et le paillage (ou mulch) permet de conserver un maximum d’humidité et de limiter les arrosages.

Pratiquer cette agriculture durable de la ferme au balcon
Faire pousser un petit jardin écologique
La bonne nouvelle, c’est que tout le monde peut posséder son propre jardin en permaculture. Inutile d’être l’heureux propriétaire d’un immense terrain en pleine campagne pour planter les graines de cette agriculture durable et résiliente ! Grande ferme ou petit jardin, permaculture urbaine, voire balconnière : tous les types de cultures potagères sont envisageables.
Si vous possédez un modeste jardin et que vous voulez favoriser la biodiversité sur votre lieu de vie, vous pouvez cultiver quelques plantes dans un petit potager durable. Douze mètres carrés et un week-end suffisent à créer son potager 3P (premier potager permanent). Une formation en permaculture dédiée existe pour réaliser votre mini jardin permacole et, en quelque temps, récolter les fruits de votre production.
Enfin, en agriculture permanente, on peut jardiner petit… mais aussi voir grand ! Les projets de ferme en permaculture fleurissent : il s’agit souvent de microfermes, appliquant les principes de Mollison et Holmgren.
Le potager vertical et les types de permaculture de balcon
Vous vivez en ville ? Vous pouvez aussi créer votre petit écosystème. Vous avez en effet la possibilité de produire vos plantes, fruits et légumes en bacs de permaculture hors sol. Ceux-ci pourront être garnis selon la technique de la culture en lasagne ; vous pourrez aussi les relier à une gouttière pour l’arrosage. L’apport fertile se fera grâce à un keyhole ou votre propre compost. Ensuite, il ne vous restera ensuite qu’à planter et profiter de votre mini jardin permacole.
Autre design de permaculture adapté à votre balcon : le potager vertical. À l’instar de la nature qui s’étend du sol à la cime des arbres, vous pouvez reproduire un tel écosystème en créant une culture à étages. Il suffit de favoriser l’accroche des légumes et des fruits naturellement grimpants : certaines plantes hautes servent d’ailleurs de tuteur !
Finalement, cet art de cultiver au naturel n’est pas si compliqué, pour peu que l’on prenne soin de bien penser chaque étape de son design. À l’image de la nature, passer à la permaculture dans votre jardin prend du temps : celui de planter une graine d’idée, de l’arroser, puis de la regarder pousser… Et pour être accompagné dans votre démarche de culture éthique, des formations en permaculture existent. Le guide de Permaculture Design est une mine de bons conseils pour passer à l’action !
* La grelinette, aussi appelée « bioculteur », est une fourche spécifique permettant d’aérer la terre sans la retourner, pour ne pas perturber l’écosystème.
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