Perturbateurs Endocriniens : Comment les éviter ?

Les perturbateurs endocriniens sont partout. Où que nous allions, quoi que nous mangions, nous y sommes forcément confrontés. On les aspire par la peau, on les respire dans l’air et on les consomme en mangeant. Doit-on en avoir peur ? Le moins, que l’on puisse dire, c’est qu’on ne doit pas les ignorer tant leurs effets peuvent être nocifs pour la santé. Il faut bien s’informer et surtout adopter de bonnes pratiques pour limiter nos interactions avec leurs effets toxiques. Essayons de comprendre comment ils agissent et voyons comment mieux se protéger des perturbateurs endocriniens.
Les Perturbateurs endocriniens, c’est quoi ?
Définition d’un perturbateur endocrinien
« Un perturbateur endocrinien (PE) désigne une substance ou un mélange exogène qui altère les fonctions du système endocrinien et induit en conséquence des effets nocifs sur la santé d’un organisme intact (ou) de ses descendants… ». Voici la définition officielle selon un rapport de l’OMS en 2012. Mais pour bien comprendre ce qu’est un perturbateur endocrinien, il faut d’abord savoir ce qu’est le système endocrinien. Le système endocrinien, ce sont toutes les hormones que sécrète le corps par l’intermédiaire de glandes.
Glande |
Hormones |
Hypothalamus | Ocytocine, Hormones anti-diurétique |
Hypophyse | Hormones de croissance, Prolactine, FSH, LH |
Thyroïde | T3, T4 |
Parathyroïde | Parathormone |
Surrénales | Adrénaline, Noradrénaline, Cortisol |
Pancréas | Insuline, Glucagon |
Ovaires (pour les femmes) | Œstrogènes, progestérone |
Testicules (pour les hommes) | Testostérone |
Toutes ces hormones régulent le métabolisme du corps humain et ont un rôle capital dans le bon fonctionnement de celui-ci. Les perturbateurs endocriniens vont venir dérégler ce mécanisme et venir brouiller cet équilibre.
Où trouve-t-on les perturbateurs endocriniens ?
Chez soi
On trouve des perturbateurs endocriniens un peu partout dans la maison et notamment :
- Sur nos murs : les peintures, les colles, mais aussi les enduits peuvent comporter des composants perfluorés et des phtalates.
- Les meubles sont vernis et contiennent parfois des substances toxiques.
- Tous les textiles sont concernés : canapés, rideaux, nappes, coussins, tapis ou moquettes. Ils sont composés pour la plupart de produits anti-tâches, mais également de retardateurs d’incendie où l’on trouve des perturbateurs endocriniens.
- Tous les appareils électroniques sont traités avec des produits retardateurs de flammes : les téléviseurs et les ordinateurs par exemple. Les câbles et les fils électriques contiennent des phtalates pour diminuer leur rigidité.
- Si vous aimez parfumer votre maison attention à certaines bougies, diffuseurs d’odeur où l’on peut noter la présence de produits toxiques.
Dans la salle de bain
Tous les produits d’hygiène et les cosmétiques sont susceptibles de contenir des perturbateurs endocriniens notamment des parabens, des phtalates, du BHA, Oxybenzone, Résorcinol, Triclosan, etc. Cela concerne :
- le maquillage ;
- le shampoing ;
- le dentifrice ;
- la mousse à raser ;
- les crèmes pour visage, ou solaire ;
- le démaquillant ;
- le vernis à ongle ;
- le rouge à lèvre ;
- les déodorants ;
- le gel douche ;
- le savon ;
- les colorations pour cheveux ;
- les rideaux de douche ont des additifs de type phtalates pour qu’ils soient plus souples.
Dans la cuisine
La cuisine elle aussi regorge de perturbateurs endocriniens :
- Dans nos ustensiles comme les poêles et les casseroles anti-adhésives, on note des composants perfluorés.
- Tous les emballages de ce que l’on achète au supermarché contiennent plusieurs perturbateurs endocriniens.
- Les textiles, nappes et serviettes sont traitées anti-tâches et résistantes à l’eau pour certaines.
- On trouve des phtalates dans tous les contenants en plastique. Ceux-ci se transmettent dans la nourriture, et d’autant plus si on fait chauffer ses aliments aux micro-ondes dans un récipient en plastique.
- Tous les produits ménagers que l’on utilise ainsi que les détergents ont des composants toxiques qui se retrouvent dans l’air de la pièce que nous inhalons.
Dans la chambre
- Comme pour le salon, les textiles : rideaux, coussins, couvre-lit, etc. sont concernés par la présence de polluants.
- Les vêtements neufs ne font pas exception à la règle et contiennent des produits avec des perturbateurs endocriniens.
- Des phtalates sont présents dans les jouets en plastique pour les enfants ainsi que dans leurs peluches. De plus, l’exposition est renforcée lorsque le tout-petit met son jouet à la bouche.
Dans l’alimentation
- Les fruits, les légumes sont les principaux concernés par les pesticides.
- On trouve des substances polybromés dans la viande, le poisson et le lait. Le poisson est concerné également par les résidus plastiques provenant de la pollution des mers.
- Tous les produits transformés comportent des additifs perturbateurs endocriniens. Ces additifs servent entre autres à conserver, à lutter contre la moisissure, les champignons, les bactéries.
- On observe également des traces de perturbateurs endocriniens dans l’eau du robinet. L’eau est contaminée de façon insidieuse. L’utilisation des pesticides dans l’agriculture contamine la terre et, fatalement, les eaux. On a pu noter des traces d’hormones dans l’eau. Ces hormones sont présentes dans les médicaments et on les évacue par les urines. On pourrait parler aussi du bisphénol et du plomb présents parfois dans les canalisations.
- Les perturbateurs endocriniens peuvent atteindre la nourriture à cause de leur emballage, comme les boîtes de conserve, les plastiques et l’encre qui peut migrer sur les aliments.
Dans la voiture
- Comme pour les canapés, les mousses des sièges auto sont composées d’agents polluants.
- Cela concerne aussi tous les produits nécessaires au fonctionnement du véhicule : les huiles, les liquides, etc.
- On utilise souvent des solutions nettoyantes pour la voiture qui sont nocives.
- Les parfums d’ambiance pour l’intérieur du véhicule sont à éviter également.
Sur son lieu de travail
Il faut savoir que l’on est encore plus exposé aux perturbateurs endocriniens sur son lieu de travail. Les espaces sont parfois étroits par rapport à la concentration de produits toxiques, et les bureaux sont souvent mal aérés. Les appareils électroniques comme les ordinateurs, les imprimantes ou autres matériels contiennent des retardateurs d’incendie qui sont toxiques. Le mobilier, les chaises comportent des produits néfastes pour la santé. On remarque cependant que certains métiers sont plus concernés que d’autres, notamment ceux qui manipulent des produits chimiques ou désinfectant sans port de gants.
À l’extérieur
Notre air étant pollué, par toutes les émanations de la vie moderne, mécaniquement en le respirant, nous inhalons des produits toxiques. Les pesticides ont pollué la terre, ils se retrouvent donc dans les pluies. Quant aux fonds marins, ils sont envahis de matières plastiques. Dans nos jardins, les engrais, l’eau d’arrosage, les produits phytosanitaires, les chaises et tables en plastique, les textiles imperméabilisés, les terreaux, et même les tuyaux d’arrosage comportent des substances toxiques. Extrême prudence, donc, si vous voulez y faire un potager qui risque de devenir un nid à perturbateurs endocriniens.
Dans les médicaments
- On trouve dans l’industrie pharmaceutique de nombreux perturbateurs endocriniens. Certains médicaments visent à perturber le système hormonal comme la contraception par exemple.
- On trouve des phtalates dans de nombreux enrobages de gélules ou dans les médicaments gastro-résistant.
- En milieu hospitalier, ce sont les cathéters et les poches de perfusion qui en contiennent.
- Dans le dentaire, il y a des phtalates dans les résines et les plombages.
- Les antibiotiques auraient une influence sur le système endocrinien et la thyroïde.
- La prise d’antidépresseurs pourrait perturber les hormones sexuelles.
- Il en est de même pour les produits vétérinaires : anti-puces, anti-tiques. Mais le pire est tout ce qui est utilisé quand il s’agit de l’élevage.
Liste des perturbateurs endocriniens
Cette liste est non-exhaustive.
Noms |
Groupes |
Provenances possibles |
Nonylphenol | Alkylphénols | Détergents, plastiques, pesticides |
Bisphenol A, Parabens, Halogéno-phénols | Dérivés phénoliques | Cosmétiques, plastiques et désinfinctants |
Atrazine, Ethylène thiourée, Heptachlor, Lindane, Malathion | Pesticides | Agriculture, entretien des villes, jardins particuliers |
Dibutyl phtalate | Phtalates | Plastiques, cosmétiques |
Polybromodiphényles (PBDE) | Retardateurs de flamme | Produits pour les meubles, tapis, électroménager |
DDT, Dieldrine, Chlordane | Pesticides anciens | Résiduels de stockage, pollution rémanente |
Benzo(a)pyrène | Hydrocarbures aromatiques polycycliques | fumée de cigarette, moteurs diesels, incendies |
PCB, Arochlor | Plychlorobiphényles | Transformateurs électriques |
Quels sont les risques liés aux perturbateurs endocriniens ?
Leurs effets sur la santé
Les perturbateurs endocriniens agissent en déséquilibrant le système hormonal de la personne exposée. Il faut savoir que les effets sur la santé vont dépendre de plusieurs facteurs. En effet, il y a des périodes de la vie où l’on est plus vulnérable et donc plus enclin à subir les effets néfastes des perturbateurs endocriniens, comme par exemple lors de la croissance. Cela va dépendre également du degré d’exposition aux perturbateurs. Si les interactions sont limitées, le corps va les éliminer naturellement par les urines sans effets sur la santé. Cependant, une trop forte exposition aux perturbateurs endocriniens peut affecter certaines fonctions de notre organisme et entraîner des maladies. Comme par exemple :
- les cancers que l’on appelle « hormono-dépendants » : cancer des ovaires, des testicules, de la thyroïde, de l’utérus, de la prostate ;
- les troubles du système reproducteur chez l’homme : baisse de la testostérone, mauvaise qualité du sperme, malformation congénitale ;
- les troubles du système reproducteur chez la femme : malformation des ovaires, endométriose, puberté précoce ;
- les troubles du développement : diabète de type 2, prématurité, obésité, faible poids à la naissance, troubles du comportement, maladie du métabolisme.
Chez la femme enceinte
Les femmes enceintes doivent faire preuve d’une extrême prudence quant à leurs interactions avec les produits polluants et plus particulièrement se méfier des phtalates, bisphénol A, parabens… Toutes ces substances toxiques sont susceptibles d’atteindre le placenta et par voie de conséquence d’atteindre le fœtus. Une étude a été réalisée et il semblerait que les femmes enceintes qui ont été soumises à de nombreux produits chimiques auraient des enfants avec un retard du développement intellectuel. La femme enceinte se doit d’être particulièrement vigilante lors de ses 9 mois de grossesse. Durant cette période, il faut absolument éviter les édulcorants, les plats préparés, les contenants en plastique… Il faut faire attention également au niveau des cosmétiques et proscrire toutes les huiles essentielles qui sont nocives pour le bébé.
Comment adopter les bons réflexes face aux perturbateurs endocriniens ?
Dans notre alimentation
- Évitez les contenants en plastique.
- Faire réchauffer toujours sa nourriture dans une assiette et surtout pas dans des récipients plastiques ou des emballages.
- Sortir toujours de l’emballage l’alimentation à décongeler.
- N’utilisez pas de poêles ou casseroles anti-adhésives lorsqu’elles sont rayées.
- Bien rincez les fruits et les légumes et préférez ceux qui sont issus de l’agriculture biologique.
- Faire très attention aux fruits et aux légumes importés, car les normes de leur pays d’origine sont différentes de celles de la France. Ils peuvent, donc, avoir été traités avec des pesticides interdits en France.
- Mangez du poisson une fois par semaine, mais pas plus.
- Cuisinez du « maison » en priorité et évitez au maximum tout ce qui est transformé ou « tout prêt ».
- Achetez les produits en vrac et stockez-les dans des pots en verre.
- Réduire sa consommation de médicaments.
En matière d’hygiène et beauté
- En cosmétique, les produits les plus risqués et donc à éviter sont : le vernis à ongles, la laque, les tatouages et les colorations chimiques pour cheveux.
- Utiliser des crèmes bio avec un Écolabel ou pourquoi pas amusez-vous à les fabriquer vous-même : on trouve facilement des recettes sur certains sites.
- D’une manière générale, il faut varier les produits pour ne pas être toujours confronté au même perturbateur.
- Lavez tous les vêtements neufs que vous achetez et aérez les avant de les porter.
- Pour le ménage, utilisez des produits simples et naturels : le vinaigre blanc, le bicarbonate de soude, le sel, le citron, le savon de Marseille, etc.
- Évitez de faire du sport en ville.
Dans notre intérieur
- Bien aérer au moins dix minutes le matin et recommencez l’opération le soir.
- Passez l’aspirateur une fois par semaine.
- Éteindre TV et ordinateurs lorsqu’on ne les utilise pas.
- N’utilisez que des produits naturels pour parfumer votre maison et employez les avec parcimonie.
Pour bébé
- Utilisez, pour préparer la chambre de bébé, des peintures avec le logo A+ et aménagez-la bien avant son arrivée afin de pouvoir aérer correctement la pièce.
- Choisissez un matelas bio 100 % latex.
- Lavez systématiquement tous ses vêtements neufs et utilisez des produits basiques comme le savon de Marseille par exemple.
- Limitez les risques en choisissant des biberons en verre.
- Évitez les couches de supermarché et optez pour des langes en matières naturelles.
- Faites sa toilette avec des produits simples.
- Cuisiner ses repas avec des produits bio de préférence.
- Privilégiez les jouets en bois ou en tissus bio. Le cas échéant, regardez que le jouet soit récent, car les normes sont plus strictes aujourd’hui. On respecte toujours l’âge conseillé.
- Sortez les jouets de leurs emballages et aérez-les.
- Fuyez les jouets parfumés et limitez ceux qui sont gonflables.
Cet article peut vous paraître un peu effrayant ou encore fataliste, mais pourtant, ce n’est pas le but de celui-ci. C’est en connaissant bien l’ennemi qu’on parvient à le maîtriser. En adoptant les bons gestes, on peut tout à fait diminuer nos interactions avec les perturbateurs endocriniens. On peut en effet les limiter, mais on ne peut pas y échapper complètement. Si vous voulez en savoir plus, n’hésitez pas à consulter ce site spécialisé sur les perturbateurs endocriniens. Et vous ? Avez-vous déjà mis en place des actions pour limiter votre exposition aux polluants de la vie courante ? Seriez-vous prêt à modifier vos habitudes de vie pour mieux éviter les perturbateurs endocriniens ?
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