Pollution : le Constat

Depuis le XXe siècle et l’avènement de l’industrialisation, l’activité humaine n’a cessé de modifier le visage et la composition de la Terre. La surexploitation des ressources, la surproduction et l’émission de produits de synthèse toxiques pour l’environnement sont les premiers facteurs responsables des problèmes de pollution. Le constat est inquiétant au niveau océanique, terrestre et atmosphérique, tant et si bien que la sauvegarde de l’environnement représente aujourd’hui un enjeu majeur pour l’avenir de l’humanité et même de la planète entière. Bilan de l’ampleur des dégâts.

La pollution : constat alarmant pour les océans

Les océans couvrent environ 70 % de notre planète bleue et abritent pas moins de 250 000 espèces. Responsables de la production de 50 % de notre oxygène notamment, ils sont indispensables à notre survie. Et pourtant, lourde est la menace qui pèse sur eux de nos jours.

Le plastique, responsable numéro 1 de la pollution des océans

Depuis ces dernières années, des images d’animaux marins victimes des déchets plastiques font le tour des réseaux sociaux. Une paille profondément enfoncée dans les narines d’une tortue, une baleine échouée sur la plage l’estomac gorgé de déchets… On recense le décès de 100 000 individus par an à cause de cette pollution massive. Ce phénomène ne tient pas seulement à l’insensibilité de touristes qui jettent nonchalamment leurs déchets sur la plage… mais surtout à la production industrielle de cette matière nocive, dont les océans sont fatalement le point de chute. 80 % des déchets océaniques seraient d’origine terrestre, dont le plastique représente les trois-quarts. Seuls 10 % de ces rejets sont attribuables aux activités côtières (pêche à la ligne, loisirs aquatiques…) et les 10 autres aux activités maritimes.

Plus de 220 milliards de tonnes de plastique sont produites chaque année. Avec une telle invasion, les objets constitués de cette matière, jetables ou non, finissent par atterrir dans la vaste étendue d’eau salée. Abandonnés au sol, le vent les emporte progressivement dans les fleuves et les rivières ou dans les égouts qui les entraînent vers ces derniers… qui se jettent dans les mers et les océans.

Cette accumulation de détritus a fini par créer de véritables continents de plastique. Voici comment se déroule le processus. Les gyres océaniques représentent le point de rencontre de tourbillons de courants marins allant dans le sens des aiguilles d’une montre. C’est ainsi que des amas de déchets plastiques titanesques se sont formés, emportés par ces vortex convergents. Les continents de plastique sont actuellement au nombre de 5. Le plus important, le fameux 7e continent, a émergé entre Hawaï et le Japon. D’après l’Agence Européenne pour l’Environnement, sa taille avoisinerait le tiers de celle de l’Europe.

En plus de tous ces rebuts présents sous forme d’objets entiers, ce sont également des quantités incalculables de microparticules de plastique qui sont déversées dans les mers et les océans chaque jour. Le remplissage et le rinçage des bouteilles d’eau, les éclaboussures sur les flacons de shampoing emportent ces microparticules dans les canalisations, puis dans les égouts… et ainsi elles finissent par gagner les mers. De plus, les déchets plastique entiers finissent de toutes façons par s’y dissoudre en microparticules au fil des années. Celles-ci seront alors avalées par les animaux marins. Or, certains types de plastiques sont potentiellement toxiques pour les organismes vivants.

Outre les déchets (plastiques ou non), d’autres substances délétères viennent envahir continuellement les océans. Parmi celles-ci, on peut citer notamment les rejets de pesticides, d’eaux usées non-traitées, et bien entendu d’hydrocarbures qui alimentent les bateaux.

Le plus vaste écosystème de la planète menacé

L’expansion des zones touristiques vient également mettre en péril les écosystèmes marins. La construction de ports et la bétonisation des littoraux qui s’en accompagnent privent de nombreuses espèces de poissons de leurs zones de reproduction, des niches naturellement présentes près des côtes.

Par ailleurs, depuis l’arrivée de la pêche industrielle dans les années 1970, on estime que les populations de poissons ont diminué de moitié. En cause, la surpêche, qui ne laisse pas le temps aux animaux aquatiques de se reproduire. Deuxième cause : les prises accessoires. Des tortues, cétacés et autres espèces non-consommées sont capturées accidentellement… et ne survivent pas à la compression des mailles des filets. En outre, les chalutiers géants qui ratissent le fond des mers à la recherche de crustacés et de poissons abyssaux emportent avec eux de nombreux habitants de ces lieux, détruisant au passage des écosystèmes entiers.

Or, les écosystèmes marins jouent un rôle primordial sur la santé de tout l’ensemble de la planète. La Terre fonctionne comme un organisme à grande échelle : sa bonne marche est assurée à travers les interactions entre les différentes formes de vie qu’elle abrite. En d’autres termes, toutes les espèces terriennes dépendent les unes des autres. Les océans et leurs écosystèmes (en bonne santé) participent à la régulation du climat, à l’absorption d’une partie du CO2 terrestre, à un nettoyage des déchets naturels via les phytoplanctons… Cette immense masse d’eau est aussi source de nourriture pour des milliers d’espèces. La préserver est donc primordial.

La terre et les sols : une contamination sous-jacente

Au-delà des mers, se trouve la terre ferme. Les sols arrivent en seconde position sur le podium des zones les plus polluées. Or, eux aussi jouent un rôle essentiel sur la santé des écosystèmes et sur la santé humaine.

Le sol, terreau de la vie

C’est dans les eaux que sont apparues les toutes premières formes de vie. Toutefois, métaphoriquement parlant, si l’on considère que l’eau est mère des habitants de la planète, alors on peut considérer que le sol en est le père.

De la terre émergent les plantes, qui se nourrissent de lumière par photosynthèse, mais aussi de différents nutriments présents dans les sols. Ces nutriments sont issus de la décomposition d’autres plantes et d’animaux transformés par les décomposeurs (vers de terre, bactéries, champignons…).

Les plantes absorbent donc le contenu des sols, sont mangées par les animaux herbivores, et ainsi se poursuit la chaîne alimentaire… jusqu’à nous. À partir de là, on comprendra aisément pourquoi il est crucial de veiller à la bonne santé de la terre qui se trouve sous nos pieds.

Une réaction en chaîne générée par la pollution des sols

Parmi les différentes causes de la pollution de la terre, on peut citer la survenue occasionnelle d’accidents sur des sites industriels qui libèrent des coulées de substances chimiques diverses. Ce phénomène est loin d’être négligeable, mais la raison essentielle est autre.

De nos jours, les terres sont largement contaminées par l’épandage de produits dits « phytosanitaires », c’est-à-dire les engrais et pesticides. L’élevage intensif et le lisier qu’il produit participe, lui aussi, à la pollution des sols. De cette combinaison résulte une pollution par l’azote et les phosphates notamment, deux substances toxiques notoires. On estime que la quantité d’azote actuellement générée par l’élevage intensif est deux fois supérieure à ce que la terre est capable d’absorber. Par ailleurs, une partie de ces éléments poursuivra son chemin vers les eaux… Mais surtout, ils réduisent la fertilité de la terre.

De plus, le passage d’engins agricoles lourds provoque la destruction de la faune des sols. Or, avec une quantité réduite de décomposeurs, les terres se retrouvent appauvries en nutriments. Ce problème est encore accru par la prévalence des monocultures (vastes étendues dédiées à la culture d’une même plante consommable). Ces dernières affaiblissent, en effet, la biodiversité et donc la richesse et la fertilité des sols. En conséquence, on a recours à l’usage massif d’engrais chimiques, afin de contrer le problème… et le serpent se mord la queue.

Les plantes, gorgées de « produits phytosanitaires » toxiques, sont consommées par les insectes. Alors, ceux-ci voient leurs populations diminuer fatalement, entraînant du même coup le déclin des populations d’oiseaux. 80 % des effectifs auraient disparus en 30 ans chez les premiers et près d’un tiers chez les seconds. Encore un coup dur à encaisser pour la biodiversité… D’autres facteurs sont liés à ces chutes brutales, mais la part de responsabilité des engrais et pesticides est considérable.

Les sols fournissent pas moins de 95 % de nos ressources alimentaires. Constitués en grande partie de débris de roche et de grains de sable et d’argile, ils mettent plusieurs milliers d’années à se reconstituer.

La pollution atmosphérique, toujours source d’inquiétude

Une amélioration de la qualité de l’air a été observée au cours de ces 20 dernières années. Pour autant, cela ne signifie en aucun cas que nous sommes hors de danger. En fait, la toxicité de l’air causerait pas moins de 48 000 décès par an d’après Santé publique France. La pollution atmosphérique reste donc un sujet de préoccupation résolument important.

Les origines de la pollution de l’air

Tout comme pour la pollution des océans et des sols, les principales causes de la pollution atmosphérique sont imputables à l’activité humaine. Au palmarès : les industries, les transports, le chauffage et l’agriculture.

  • Les industries émettent des gaz et poussières qui génèrent 79 % des émissions de dioxyde de soufre ;
  • Les transports sont générateurs de 90 % des particules primaires et de l’oxyde d’azote ;
  • Le chauffage rejette dans l’atmosphère 84 % des particules fines avec la combustion du fioul ou du bois ;
  • L’agriculture produit 94 % de l’ammoniac notamment à cause de l’épandage des engrais, des pesticides et du lisier des animaux d’élevage.

Les substances délétères qui contaminent l’atmosphère sont charriées par le vent, parcourant parfois des milliers de kilomètres depuis la source émettrice. Certaines conditions météorologiques (vent, fortes chaleurs…) peuvent causer des réactions chimiques, qui entraînent l’apparition d’autres éléments polluants. C’est ainsi que l’on connaît parfois les fameux pics de pollution.

Pollution : quels effets sur la santé ?

Toutes ces substances nocives émises chaque jour dans l’atmosphère sont susceptibles d’irriter les voies respiratoires, voire de provoquer des maladies cardiovasculaires. Sur le plan environnemental, certaines d’entre elles participent par ailleurs au réchauffement climatique ou à l’acidification des pluies et des sols. C’est notamment le cas du dioxyde de soufre.

On observe depuis quelques décennies une augmentation des maladies respiratoires telles que l’asthme, les allergies au pollen et même les cancers du poumon. Les personnes déjà concernées par ces problèmes de santé les voient s’aggraver. Le coût des dépenses (principalement sanitaires) liées à la pollution de l’air représente un total de 100 milliards d’euros chaque année.

Les émissions de gaz à effet de serre (GES), source de préoccupation majeure du XXIe siècle, sont à distinguer de la pollution de l’air. Cependant, une corrélation a récemment été établie entre les deux : les températures élevées ont tendance à exacerber la production de certains polluants atmosphériques. C’est notamment le cas de l’ozone, responsable notoire du réchauffement climatique.

Depuis plusieurs décennies, un cocktail s’insinue dans nos corps, dans celui des animaux et dans tous les organismes vivants. Un subtil mélange de produits chimiques, de plastique, de pétrole et autres substances nocives. D’abord produites en usines, elles se répandent dans les airs, dans les sols et jusque dans les océans. C’est un cycle sans fin… auquel il nous faut mettre un terme ! Concernant la pollution, le constat est sans appel : nous devons inverser la tendance au plus vite pour pouvoir espérer laisser une planète viable aux générations futures et vivre en bonne santé.

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