Évolution : pourquoi a-t-on peur des araignées ?

Les mignons petits lapins, les adorables chèvres, les jolis papillons colorés… si certains animaux font immédiatement sourire ceux qui les croisent, une autre espèce ne jouit malheureusement pas du même sort : l’araignée ! À sa vue, on crie, on frissonne, on a des sueurs froides, et peu sont ceux qui dorment sur leurs deux oreilles après avoir aperçu l’arachnide à 8 pattes se faufiler sur leur plafond.

Parmi les phobies les plus répandues au monde, la peur des araignées – ou arachnophobie – apparaît souvent dès le plus jeune âge. S’agit-il d’une peur irrationnelle ou une émotion d’auto-protection légitime ? On vous dit tout sur la phobie des araignées et sur ce qu’elle exprime !

Une peur ancestrale ?

Vous êtes-vous déjà demandé combien d’araignées vous avez croisées dans votre vie ? Si vous faites le compte, vous réaliserez vite à quel point l’arachnophobie peut être handicapante pour ceux qui en souffrent. Insomnies à répétition après avoir vu une araignée un soir dans sa chambre, sensation de fourmillements constants après avoir aperçu ses pattes tout proche de soi, palpitations à l’idée de rentrer dans une pièce où l’on a déjà vu une araignée se faufiler… Si les degrés de réaction varient et font qu’on oscille entre peur et phobie, l’anxiété est bel est bien là. Pourtant, à part peut-être une poignée de personnes sur la totalité des arachnophobes, la plupart n’ont jamais été mordues par une araignée. Alors pourquoi une telle réaction ?

La spécialiste des araignées Christine Rollard explique à quel point la transmission de la peur des parents aux enfants joue un rôle important. Si l’on est confronté dès l’enfance à des réactions de dégoût et de panique devant une toile d’araignée, difficile d’associer cet animal à quelque chose de positif ! Evidemment, le mythe de l’invasion d’araignées typique des films d’horreur ne contribue pas à redorer le blason de cette petite bête dans les esprits.

Une étude réalisée conjointement dans des universités allemandes, autrichiennes et suédoises en 2017 va plus loin. La phobie des araignées ne se transmettrait pas seulement aux plus jeunes via des parents inquiets, elle serait même innée, voire héréditaire ! En observant des enfants de 6 mois effrayés devant des images d’araignées (bien que trop petits pour que cette peur soit acquise), les chercheurs ont abouti à une conclusion : la peur des araignées ferait partie d’un mécanisme inné, d’origine évolutive, lié à une « menace ancestrale » pour l’être humain. Autrement dit, ces réactions seraient ancrées en nous de façon génétique, et passées de génération en génération !

La peur : bonne ou mauvaise réaction ?

Si l’on en croit ces recherches, la peur des araignées serait donc logique, puisque connectée à une forme d’auto-protection automatique. Mais ce mécanisme naturel de défense est-il toujours fondé au XXIe siècle ?

Posons un cadre chiffré à la situation en France : le World Spider Catalog recense environ 1 700 espèces d’araignées en France sur les 48 800 répertoriées dans le monde. « Une centaine d’espèces d’araignées peuvent provoquer une réaction chez l’homme mais seulement une quinzaine sont potentiellement dangereuses. » La probabilité de morsure d’araignée est donc faible, et celle d’une réaction qui mettrait la vie en danger l’est encore plus !

Par ailleurs, les spécialistes s’accordent à dire que les araignées ne mordent que lorsqu’elles se sentent menacées. Vous avez peut-être en mémoire les images de milliers d’araignées déferlant en Australie suite aux inondations de juin 2021. Dans ce pays comme ailleurs, les araignées ne se montrent pas pour attaquer l’homme, ce ne sont pas des prédateurs (sauf, comme on le verra après, pour d’autres petits insectes !) : en l’occurrence, elles ont été « chassées » de leur environnement naturel à cause des conditions climatiques extrêmes. L’enchaînement de sécheresses, d’incendies puis d’inondations les a en effet forcées à trouver un nouveau refuge.

Pour résumer, la peur ancestrale des araignées, préconditionnée chez les humains par le cerveau, n’est plus vraiment basée sur une menace réelle !

Apprendre à côtoyer les araignées sans trembler

On ne va pas essayer ici de vous convaincre d’adopter des mygales en tant que compagnons du quotidien. En revanche, apprendre à contrôler sa peur des araignées passe par une meilleure compréhension de ce qu’elles peuvent nous apporter. Il est essentiel de remplacer les associations d’idées « araignée = danger = panique et angoisse » par des images moins anxiogènes qui limiteront les réactions d’anticipation. En déconstruisant les légendes urbaines autour de cet animal, on détricote aussi en effet le côté irrationnel de la peur.

Tout d’abord, si vous êtes jardinier, sachez que les araignées peuvent être vos alliées ! Elles ont en effet pour proies des insectes qui sont nuisibles pour les cultures. En s’invitant dans votre potager (ou dans votre maison), elles vous permettent de limiter l’usage d’insecticides, et donc d’avoir un comportement plus écologique. Une étude américaine sur la peur et le dégoût des araignées établit la liste de tous les services qu’elles rendent d’un point de vue environnemental :

« Les arthropodes assurent de nombreux services écologiques essentiels, tels que la décomposition des organismes morts, la fragmentation des sols en creusant des galeries pour faciliter la croissance des racines des plantes, la participation aux cycles de nutriments qui assurent la fertilité des sols, […], la pollinisation des plantes et une myriade d’autres phénomènes scientifiques que la science commence seulement à comprendre pleinement. Si les arthropodes ne rendaient pas ces services écologiques essentiels, les écosystèmes mondiaux s’effondreraient rapidement et les humains disparaîtraient »

Par ailleurs, le venin des araignées fait l’objet de recherches médicales très prometteuses : intégré à certaines thérapies spécifiques, il aurait des vertus multiples.

Et si vous n’êtes toujours pas convaincu à l’idée de laisser tranquilles les araignées chez vous, voici de quoi voir les choses du bon côté et avec plus de légèreté : cette espèce animale aime vivre dans un espace sain et aéré. Si elle a élu domicile chez vous, c’est donc un véritable compliment pour votre intérieur !

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