Agriculture biologique : pourquoi faut-il la privilégier ?

Dans un monde globalisé où tout s’accélère et où l’argent est roi, les crises sanitaires et catastrophes naturelles ne cessent de menacer nos sociétés. Depuis de nombreuses années, des citoyens du monde entier prônent un mode de vie plus sain et plus respectueux de l’environnement. Comme nous le rappellent certains ouvrages et films documentaires : il y a urgence de ralentir ! Notre manière de consommer se doit d’être plus durable et responsable. Ainsi et depuis une dizaine d’années, on assiste en France et dans de nombreux pays occidentaux à un véritable essor du marché biologique. L’achat local n’a jamais été autant encouragé tout comme la cuisine de fruits et de légumes de saison. Mais qu’en est-il réellement de l’agriculture biologique? Pourquoi devrions-nous privilégier le bio ?
L’agriculture biologique : définition, histoire et principes
Une définition commune
Comme vous l’aurez constaté, le web croule de définitions sur l’agriculture biologique. Toutefois et comme le souligne l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture, elles se rejoignent toutes pour définir : « un système privilégiant la gestion des écosystèmes plutôt que l’apport d’intrants agricoles extérieurs ». En effet, l’agriculture biologique se veut être une méthode de production saine, équilibrée, et respectueuse des hommes et de la terre. Elle s’oppose à l’agriculture traditionnelle et bannit l’usage de produits chimiques de synthèse tels que les engrais, OGM (Organismes Génétiquement Modifiés), pesticides, insecticides et antibiotiques. L’agriculture biologique s’inscrit dans une approche globale de l’exploitation et de l’environnement ainsi que dans une logique de développement vertueux et durable.
Un siècle de recherches sur le bio
Pour la petite histoire, l’intérêt porté pour l’agriculture biodynamique et biologique fait son apparition en Europe dès les années 20. En effet, de nombreuses sources mettent en avant les travaux de recherche du philosophe allemand Rudolph Steiner (1861-1925), de l’agronome et botaniste anglais Albert Howard (1873-1947) et du docteur allemand Hans-Peter Rusch (1906-1977). En France, les travaux portés autour de l’agriculture biologique se développent à la fin des années 40. À l’époque certaines personnes s’inquiètent déjà de l’intensification agricole et de l’usage excessif des pesticides.
C’est en 1948 que le français Henri Charles Geffroy ouvre le premier magasin de distribution de produits biologiques appelé « la Vie Claire ». Il répond alors à une demande émergente de produits sains et naturels. Ce n’est qu’en juillet 1980 et dans le cadre de la loi française d’orientation agricole que les pouvoirs publics reconnaissent officiellement : « une agriculture n’utilisant pas de produit chimique de synthèse ». Cette loi sera complétée par le décret du 10 mars 1981 qui met en place une Commission nationale chargée de l’homologation des cahiers des charges de l’agriculture biologique. Le mouvement bio se poursuit en 1991 avec l’adoption d’une nouvelle réglementation à l’échelle européenne. Avant d’aborder plus en détail les avantages de l’agriculture biologique, il semble important de s’attarder sur ses quatre principes de base.
Quatre grands principes indissociables
L’agriculture biologique est considérée comme une agriculture moderne, innovante et en constante évolution. Elle s’apparente à une méthode de production durable et respectueuse des vivants et des cycles. Voici les quatre grands principes de l’agriculture biologique identifiés par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture.
1) Le principe de la santé
L’agriculture biologique se doit de préserver la santé de tous, des individus, des animaux, de la terre et des sols comme un ensemble uni, vertueux et indivisible. La première condition étant bien évidemment la non-utilisation de pesticides et autres engrais chimiques. L’exploitation des sols se réfléchit dans le long terme notamment à travers une rotation des cultures. Elle peut recourir à de l’engrais naturel (compost) et organique.
2) Le principe de l’écologie
En toute logique, l’agriculture biologique s’inscrit dans une démarche écologique équilibrée et harmonieuse entre les individus et l’environnement. Il s’agit de respecter les cycles de la nature. Elle encourage ainsi la conservation et l’usage des espèces locales qu’elles soient animales ou végétales. En plus de s’inscrire dans un circuit court et de saison, elle se doit bien évidemment d’être non polluante.
3) Le principe d’équité
Ce principe se fonde sur une relation de respect, d’intégrité et d’équité entre tous les acteurs de la chaîne de l’agriculture biologique. Les animaux comme les Hommes doivent pouvoir vivre de manière digne et dans des conditions respectueuses. Cela implique que les échanges et relations commerciales entre les parties soient équitables. Les ressources naturelles et environnementales doivent être gérées de manière juste tout en prenant en considération les besoins des générations futures.
4) Le principe de précaution
Ce principe s’appuie sur l’expérience humaine, la sagesse et les savoirs traditionnels. En effet, la science est nécessaire, mais ne peut résoudre les risques liés par exemple au génie génétique (OGM). L’agriculture biologique doit ainsi être gérée de manière prudente et responsable et toujours en faveur du bien-être des générations actuelles et à venir.
L’agriculture biologique : ses avantages et inconvénients
Les labels bio : la garantie de produits contrôlés
L’ensemble des produits issus de l’agriculture biologique sont clairement identifiés, étiquetés et contrôlés. Ils doivent répondre à des règles strictes avant de pouvoir être commercialisés. En 1985, le ministère français de l’agriculture a ainsi développé le label et logo vert et blanc AB (Agriculture Biologique). Il s’agit d’une marque exclusive. Côté consommateur, elle permet à l’acheteur d’identifier des produits 100% issus de l’agriculture biologique ou contenant au moins 95% de produits agricoles biologiques notamment dans le cas des produits transformés.
Au niveau européen, le logo Eurofeuille répond aux mêmes exigences que le logo AB. Il est devenu obligatoire au 1er juillet 2010 sur l’ensemble des produits alimentaires préemballés dans l’Union européenne et est facultatif pour les produits importés. Des logos privés peuvent être apposés en complément. Les deux logos certifient un niveau de qualité ainsi qu’un mode de production et de transformation respectueux de l’environnement, de la biodiversité et du bien-être animal.
Les bonnes raisons de privilégier le bio
En plus de l’assurance de produits contrôlés et de qualité, encourager l’agriculture biologique revêt de nombreux aspects positifs.
Des produits 100 % naturels et authentiques
Neutres de tous intrants chimiques, les produits issus de la filière biologique sont reconnus pour leurs qualités nutritionnelles. Ils sont meilleurs pour la santé et permettraient même de réduire des risques de contracter certaines maladies. Contrairement aux produits non bio, ils ne contiennent ni colorant ni arôme chimique de synthèse ce qui leur confère un bien meilleur goût. Dans l’agriculture biologique, les vitamines, minéraux, traitements ionisants et antioxydants sont interdits. Privilégier l’agriculture biologique, c’est choisir de consommer des produits locaux, de saison et qui ont du goût.
Un mode de production sûr
Comme évoqué précédemment avec les labels, la filière biologique est strictement réglementée et encadrée. Tous les opérateurs, que ce soient les producteurs, les transformateurs, les distributeurs ou importateurs, sont contrôlés au moins une fois dans l’année par des organismes indépendants et certifiés ;
Un respect de la terre et des hommes
Le choix d’une agriculture biologique s’inscrit au cœur du développement durable. Faire le choix du bio consiste à prendre en considération ceux et celles qui nous nourrissent et à respecter les agriculteurs trop souvent exposés aux produits chimiques de l’agriculture traditionnelle. Privilégier l’agriculture biologique, c’est reconnaître la fragilité du vivant et choisir de respecter la terre ;
Un respect du bien-être animal
Privilégier l’agriculture biologique c’est aussi défendre la cause animale en favorisant des pratiques respectueuses. En effet, les animaux sélectionnés doivent avoir accès à un parcours extérieur et leur nombre est limité. Leur espace de vie doit être sain, sécuritaire et garantir d’une surface minimum. Toute souffrance animale se doit d’être réduite au minimum. Les traitements hormonaux, le clonage et transfert d’embryons sont également bannis ;
Une manne pour l’économie
En 2020, l’agriculture biologique n’a jamais pesé aussi lourd dans l’économie mondiale. Elle est clairement synonyme d’avenir. En France, le marché bio s’envole et pèse près de 12 milliards d’euros. Connue pour être exigeante, l’agriculture biologique nécessite plus d’investissements et de mains d’œuvre que l’agriculture conventionnelle. Elle serait créatrice de plus d’activités et donc d’emplois.
Les limites de l’agriculture biologique
Les bienfaits du bio sont nombreux, et d’innombrables études le démontrent. Toutefois, il semble important d’évoquer certains inconvénients, à savoir :
- l’existence de marchés noirs du bio. Selon de récents rapports, il existerait dans certains pays de réelles plaques tournantes de trafic de faux produits biologiques. Les fraudes seraient importantes. Il va sans dire que cela remet en question tout un système supposé très réglementé. Il est alors à craindre pour la santé des consommateurs ;
- l’impossibilité de contrôles stricts. Le label bio garantirait la manière dont le produit a été fabriqué et non pas le produit en lui-même. Ceci laisse entendre qu’il serait en réalité difficile de distinguer un produit biologique d’un produit issu de l’agriculture traditionnelle. Certains évoquent la facilité d’apposer une étiquette bio sur un produit issu en réalité de l’agriculture conventionnelle ;
- du bio de l’autre bout du monde. Victimes de leur succès, les produits biologiques arrivent parfois en magasin en très grande quantité et de destinations lointaines. Ce schéma s’inscrit à l’opposé des principes même du bio à savoir : respecter l’environnement, consommer localement et de saison ;
- des prix élevés ou parfois douteux. D’après certaines études, les prix élevés des produits biologiques représenteraient un réel frein à l’achat. À l’inverse, certains produits biologiques seraient étonnamment vendus à très faible coût. Dans ce dernier cas, on peut alors douter des conditions de travail.
Malgré les critiques, le bio semble durablement installé et le nombre d’adeptes, tout comme les ventes, ne cessent de progresser. D’un autre côté et comme dans toute logique de marché, il est parfois à craindre certains abus et scandales. Et vous : qu’en pensez-vous ? Quel est donc votre rapport au bio ? Avez-vous changé vos habitudes de consommation ?
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