Pourquoi réduire sa consommation de viande ? 5 bonnes raisons

Jadis une denrée de luxe, la viande n’est aujourd’hui plus l’apanage du roi en tant qu’aliment de tous les jours, réservée aux moments festifs pour le peuple dans les pays occidentaux. Au contraire, non seulement elle est devenue un produit de consommation quotidienne pour tous, mais en outre, on la trouve dans de nombreuses préparations : sandwiches, quiches, plats cuisinés… Et pourtant, en manger à cette fréquence n’est pas sans conséquence sur l’environnement. En fait, d’après les dernières études scientifiques, commencer à réduire sa consommation de viande est même indispensable pour la planète à l’heure actuelle. Voici les 5 raisons essentielles qui expliquent pourquoi il est temps de se modérer.

1. Réduire la consommation de viande pour préserver le climat

Produire de la viande a un coût pour la planète. En effet, d’après la FAO (Food and Agriculture Organization of the United Nations), 14,5 % des émissions de gaz à effet de serre sont imputables à l’élevage. Ce secteur émet pas moins de 7 milliards de tonnes de CO2 par an. En tête, l’élevage bovin avec 62 % des émissions dues à la consommation de viande. Il faut compter 27 kg de dioxyde de carbone pour produire 1 kg de bœuf. Étonnamment, bien que moins consommée, la viande ovine (d’agneau) génère proportionnellement plus d’émissions de CO2 que la viande bovine. Mais c’est simplement parce que le bœuf a la faveur des consommateurs par rapport à l’agneau qu’il finit premier dans le classement.

On pourrait alors penser qu’il est préférable de se tourner vers le porc et le poulet, qui génèrent respectivement 12,1 et 6,9 kg de CO2 pour obtenir 1 kg de viande. Des chiffres nettement inférieurs, en comparaison. Pour autant, les élevages porcins et aviaires ne sont pas nécessairement préférables sur le plan environnemental. Réduire sa consommation de viande, quelle qu’en soit la variété, demeure un impératif pour sauver la planète.

2. Consommation de viande : des conséquences pour les eaux et les sols

Si les élevages de poulets, dindes ou cochons sont moins générateurs de GES, ils ne sont pas pour autant inoffensifs pour la planète. Au contraire, les excréments produits par ces animaux, dus à un régime très riche en nutriments, sont chargés d’azote à outrance. Certes, la terre a besoin d’azote pour nourrir la végétation et en assurer une croissance optimale. Dans la nature, les déjections animales participent à la bonne santé des plantes. Mais en élevage intensif, les animaux sont bien trop nombreux et la terre reçoit une quantité d’azote deux fois supérieure à ce qu’elle a la capacité d’absorber !

Ce trop-plein d’azote s’infiltre aisément dans les nappes phréatiques, puis dans les rivières et fleuves, entraînant ainsi la prolifération d’algues vertes, des algues toxiques pour les écosystèmes. Extrêmement gourmandes en oxygène, ces algues en laissent insuffisamment aux poissons et autres animaux aquatiques qui peuplent les cours d’eau… Et ces zones contaminées deviennent alors des « zones mortes » dont les habitants ont perdu la vie et qui ne peuvent être repeuplées. Les invasions d’algues vertes, ou « marées vertes », représentent également un danger mortel pour l’humain et les animaux terrestres. Une fois échouées sur les plages, elles sont décomposées par les bactéries environnantes et leur fermentation produit un gaz mortel, le sulfure d’hydrogène. Il suffit alors de marcher sur l’une de ces algues pour inhaler ce gaz hautement toxique. Plusieurs accidents de ce type ont déjà eu lieu en Bretagne, où ce problème de santé publique est récurrent.

Un problème exacerbé par l’usage d’engrais azoté qui prévaut, hélas ! de nos jours en agriculture. Les sols sont surchargés en azote et, du même coup, les eaux aussi.

3. La surconsommation de viande gaspille d’autres ressources alimentaires

Les animaux terrestres que nous consommons sont en totalité herbivores ou en partie granivores. De ce fait, leur consommation de céréales est extrêmement élevée. Pas moins de 40 % des cultures servent à nourrir le bétail… alors que ces récoltes pourraient nous nourrir directement. En fait, nous pourrions même résoudre le problème de la faim dans le monde en consommant nous-mêmes ces plantes. En effet, en sachant que 10 à 25 kg de céréales sont nécessaires pour produire un seul kilogramme de bœuf en élevage industriel, le calcul est vite fait ! En définitive, produire des protéines sous forme de légumineuses plutôt que des protéines d’origine animale est bien plus rentable.

Par ailleurs, le kilo de bœuf n’est pas seulement gourmand en céréales, il l’est aussi en eau. Il nécessite la consommation de 13 500 litres de notre source de vie ! À titre de comparaison, il faut 4 600 litres d’eau pour produire un kilogramme de porc et 4 100 pour un kilogramme de poulet. Et concernant la culture de céréales telles que le maïs, le blé ou le riz, respectivement 700, 1 200 et 1 400 litres suffisent. Que faut-il en penser à l’heure où la population mondiale va bientôt atteindre les 10 milliards ?

À noter qu’une faute de bon sens analogue est commise dans l’industrie des produits de la mer. Le saumon étant un poisson carnivore, produire 1 kg de cette denrée de luxe demande 10 kilogrammes de plus petits poissons comme les maquereaux, sardines ou anchois… En aquaculture aussi, on marche sur la tête.

4. Manger moins de viande pour sauver la forêt amazonienne

Élever des animaux pour leur viande n’est pas anodin en termes d’espace utilisé. Un simple terrain ou une grange ne suffisent pas. Dans l’élevage intensif pratiqué en Amazonie, on construira un hangar et on prévoira une zone de pâturage, une pour stocker le fourrage et une pour les cultures de soja destinées à nourrir le bétail. Ce type d’élevage monopolise les terrains agricoles de façon effarante. D’après la FAO, 70 % de ces terrains sont consacrés à l’élevage.

De plus, l’excès d’azote contenu dans les déjections animales laisse les sols appauvris. Alors, on poursuit sans discontinuer la déforestation amazonienne afin de retrouver des terrains neufs et prêts à être exploités… 91 % de ces nouvelles terres serviront à l’élevage intensif pour produire de la viande brésilienne, ce marché juteux qui générerait près de 50 milliards d’euros chaque année. La forêt amazonienne, contrairement à une croyance répandue, n’est pas le « poumon vert » de la planète. Ce sont les océans qui produisent 50 % de l’oxygène mondial, le « poumon bleu ». En revanche, cette jungle luxuriante abrite des écosystèmes uniques au monde et absorbe une partie significative du CO2 émis par l’activité humaine. Sa préservation demeure un enjeu crucial.

5. Réduire sa consommation de viande pour le bien-être animal

Un dernier argument – et pas des moindres –, ce sont les dérives de l’élevage intensif quant aux conditions dans lesquelles vivent les animaux que nous mangeons. Entassés les uns sur les autres dans des hangars, ils ont peu, sinon aucun accès à l’extérieur.

Les poulets sont sélectionnés génétiquement pour grandir à une vitesse non naturelle, ce qui leur cause de sérieux handicaps moteurs, voire des problèmes respiratoires. Ils sont abattus à l’âge de 35 jours, dès lors qu’ils ont atteint leur taille adulte. Les cochons vivent dans des lieux clos, ne voient jamais la lumière du jour et développent des stéréotypies à force d’ennui et de manque d’espace. On leur coupe la queue et les oreilles, sans anesthésie, afin d’éviter qu’ils ne se les dévorent entre eux sous l’effet de la folie engendrée par ces conditions de vie.

Les bovins élevés pour leur viande ont accès à l’extérieur pour 44 % d’entre eux, et ont même le privilège de fouler l’herbe, puisque celle-ci constitue la base de leur nourriture. Cependant, si la viande bovine est peut-être un moindre mal en matière de bien-être animal, n’oublions pas que l’industrie bovine est de loin la plus génératrice de gaz à effet de serre…

Élevage raisonné, végétarisme, véganisme : que choisir ?

Les raisons de réduire sa consommation de viande sont nombreuses, vous l’aurez compris. Mais à quel point faut-il se modérer ? À vous de décider ce que vous estimez être le choix le plus éthique ou ce que vous vous sentez capable d’entreprendre.

Le bio : manger moins, manger mieux

Parlons d’abord des élevages biologiques. Il faut distinguer les élevages bio industriels et ceux des petits producteurs locaux. Les premiers sont tenus de respecter un cahier des charges. Selon la loi, il stipule un minimum d’espace alloué aux animaux de ferme et une alimentation qui contient… moins de 0,9 % d’OGM. En fait, seule la présence « accidentelle » d’OGM est autorisée, si elle est due à la pollinisation voisine, par exemple… Mais certains éleveurs exploitent ce seuil de tolérance pour inclure une part de soja brésilien (génétiquement modifié et issu de la déforestation amazonienne) dans l’alimentation du bétail. Un moindre mal, mais en enquêtant un peu sur ce type de fermes, on s’aperçoit qu’elles rentrent dans les critères du label bio en appliquant vraiment le strict minimum. Par exemple, laisser l’accès à un terrain vague et caillouteux de 10 m2 à des poulets de chair suffit à obtenir la mention « élevés en plein air ».

Les petits élevages bio et locaux, en revanche, sont restés bien plus proches des traditions. Les animaux s’ébattent dans la nature à loisir et ne connaissent jamais la froideur des hangars : on les élève dans des granges de bois jouxtant des champs herbeux. Ils sont nourris avec des aliments de qualité, et cela se ressent tout de suite au goût ! On choisit des races d’origine naturelle et non sélectionnées pour produire le plus de chair possible. Ils vivent également plus longtemps.

Certes, le prix de la viande bio et locale est plus élevé que celui de la viande industrielle. C’est le cas pour la simple et bonne raison qu’offrir plus d’espace, une nourriture de qualité et une vie plus longue aux animaux est forcément moins rentable. Mais en matière d’éthique, le choix est vite fait. Puisqu’il est de toute façon nécessaire de réduire sa consommation de viande aujourd’hui pour diverses raisons, privilégions la qualité à la quantité et tout rentrera dans l’ordre !

Opter pour le végétarisme ou le véganisme

Si les conditions de vie des animaux de fermes traditionnelles sont indéniablement meilleures que celles des animaux vivant en élevage intensif, on peut aussi ne pas adhérer au principe même de consommer de la viande. Auquel cas, on se tournera vers des solutions plus radicales : devenir végétarien(ne) ou végane.

L’être humain, comme tous les grands singes, est omnivore. Il est cependant possible de retrouver la plupart des nutriments contenus dans la viande dans les végétaux. L’exception notoire est cependant la vitamine B12. Présente en trop faibles quantités dans les plantes, elle devra être prise en complément alimentaire dans le cadre d’un régime végane. Les végétariens devront veiller à manger des doses suffisantes d’œufs et/ou de fromage pour couvrir leurs besoins. Auquel cas, attention à ne pas tomber dans la surcompensation : le but du végétarisme est de réduire sa consommation de produits animaux sans toutefois s’en passer complètement. Mais pas de remplacer la viande par des sous-produits animaux !

D’autres nutriments présents en grandes quantités dans la viande et le poisson, mais pas tant dans les plantes, devront également faire l’objet de votre attention : l’iode, la vitamine K2, la vitamine D… Mais tout ceci relève de changements d’habitude. Un coup à prendre, en somme ! Consommer des algues pour obtenir de l’iode, de la choucroute ou du nattô japonais pour la vitamine K2… En cas de doute, consultez un nutritionniste qui saura vous guider.

Au bout du compte, pour des raisons écologiques, pour le respect du bien-être animal, pour lutter contre la faim dans le monde et la surpopulation à venir, il convient de limiter sa consommation de viande. Pour ce faire, le flexitarisme et la consommation raisonnée de viande sont des solutions idéales.

Quels que soient les choix alimentaires de chacun, il est en tout cas intéressant de cuisiner des plats véganes ou végétariens quelques fois dans la semaine afin de réduire sa consommation de viande. C’est ce que l’on appelle devenir flexitarien. En outre, c’est l’occasion de faire de nouvelles découvertes culinaires ! Les végétariens et véganes rivalisent d’ingéniosité pour rendre délicieux des plats sans viande ni poisson.

À ce propos, si l’on parle communément de « réduire sa consommation de viande », n’oublions pas le poisson ! D’un point de vue écologique, la consommation de poisson et de fruits de mer, à l’heure actuelle, entraîne la surpêche. Les stocks de poissons ont déjà été vidés de leur moitié depuis l’avènement de la pêche industrielle, soit en 40 ans seulement… Ce qui cause naturellement une perturbation des écosystèmes. Pour les friands de poisson, vous pouvez trouver par exemple de la délicieuse truite bio et locale élevée dans des conditions saines, plus respectueuses et écoresponsables sur les marchés dédiés : « bio et locaux ». Et il en va de même pour la consommation de viande !

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