Qu’est-ce que l’agroécologie ? Ce qu’il faut savoir

Face aux enjeux environnementaux du XXIe siècle, l’agroécologie est une réponse à de nombreux défis lancés par l’agriculture de masse. Mais qu’est-ce que l’agroécologie, au juste ?
Quels sont ses principes fondamentaux et avantages ? Y a-t-il une différence avec la permaculture ?
On vous explique tout sur ce modèle agricole du futur !
Qu’est-ce que l’agroécologie ? Les fondamentaux
Le système agricole moderne a été créé progressivement à partir de la fin du XIXe siècle et n’a cessé d’évoluer au cours du XXe siècle. La nécessité d’améliorer le rendement afin de subvenir aux besoins de la population a poussé les scientifiques à effectuer des recherches dans cette optique. Aujourd’hui, cependant, l’agriculture intensive arrive à une impasse.
Les limites de l’agriculture moderne
Afin de produire au maximum en un temps réduit, les techniques agricoles majeures qui ont révolutionné le XXe siècle ont été le recours aux engrais et pesticides de synthèse couplés aux monocultures. Pour ces dernières, on a procédé à la sélection des espèces de plantes les plus rentables que l’on cultive désormais seules sur des centaines d’hectares.
À force d’usage de produits « phytosanitaires » chimiques, les sols s’appauvrissent, trop chargés en azote. Les monocultures attirent les insectes ravageurs pour la simple et bonne raison qu’une vaste étendue de la même plante est extrêmement facile à repérer pour eux. Les pesticides, quant à eux, rompent l’équilibre des écosystèmes. Ils provoquent ainsi une hécatombe chez les insectes, notamment les pollinisateurs, mais aussi les proies des oiseaux… qui, du même coup, voient leurs populations diminuer à leur tour. Par ailleurs, aux États-Unis notamment, on a mis au point des plantes OGM dans le but de créer des espèces résistantes aux produits chimiques pour contrer le problème… sans prendre en compte les potentiels effets néfastes sur l’environnement.
La nécessité de recentrer l’agriculture sur la protection de la nature et de l’humain
Pour mettre fin aux dérives de l’agriculture intensive, qui met en péril la biodiversité, les sols et l’ensemble de notre planète, l’agroécologie émerge à partir des années 1970. En somme, qu’est-ce que l’agroécologie ? Plus qu’un retour aux sources, il s’agit d’un système agricole qui reproduit le fonctionnement de la nature et l’optimise, en ayant recours, par exemple, à la synergie des plantes.
Afin de redonner vie aux sols, l’agroécologie utilise des méthodes naturelles qui les nourrissent. Le compostage, les engrais verts, le fumier ou encore le paillage (couvrir les sols d’éléments organiques, comme de la paille ou des feuilles, pour les protéger des températures extrêmes et maintenir leur humidité) sont privilégiés.
Pour préserver les écosystèmes, on introduit un patrimoine végétal et animal en de mêmes lieux selon les intérêts écologiques que cela présente. Certaines associations de plantes sont connues des jardiniers pour être particulièrement bénéfiques. En résumé, on utilise les interactions positives au sein des espèces pour améliorer le rendement tout en préservant l’environnement.
L’humain est également placé au cœur des préoccupations en agroécologie. On favorise une alimentation saine pour les populations et une économie sociale et solidaire. Les AMAP, la vente à la ferme, la production locale et le circuit court sont centraux dans ce système agricole respectueux de tous. L’éthique veut aussi qu’une autonomie au sein des communes et régions soit assurée : on utilise les ressources environnantes et non des matières premières venues de l’autre bout du pays ou de la planète.
L’agroécologie, que d’avantages !
Dans le cadre de la protection de l’environnement, l’agroécologie proscrit l’utilisation d’énergies polluantes et non renouvelables. Les produits de synthèse et les OGM sont également exclus. Une démarche agroécologique permet de retrouver des sols sains, de lutter contre le réchauffement climatique et de sauvegarder la biodiversité. On estime que toute volonté de préserver l’environnement doit se traduire par des actions convergeant dans ce sens.
L’agroécologie a pour autre avantage celui d’améliorer la productivité des cultures en les protégeant des nuisibles. Nous parlions plus haut d’associations de plantes, que l’on peut appeler également « compagnonnage ». Entre autres, planter oignons et carottes côte à côte présente un double avantage. En effet, l’oignon éloigne la mouche de la carotte, la carotte éloigne la mouche de l’oignon. L’oignon peut mourir s’il absorbe trop d’eau, tandis que la carotte est justement assoiffée… Un exemple très intéressant de bénéfices mutuels entre plantes qui permettent effectivement d’augmenter le rendement sans avoir recours aux pesticides. C’est d’autant plus vrai que le coût des produits phytosanitaires est par conséquent ramené à zéro.
Ce système écologique vient en outre contrer le problème de la dégradation des paysages et de la stérilité des sols, causées par les abus d’engrais et pesticides chimiques, grâce à l’usage d’alternatives respectueuses de la nature.
Au niveau humain, l’agroécologie lutte contre l’insécurité alimentaire en produisant suffisamment de denrées. Elle crée de l’emploi, assure l’autonomie des femmes paysannes et rémunère les producteurs et productrices au juste prix avec le circuit court.
Agroécologie et permaculture : quelles différences ?
La confusion est fréquente entre ces deux mouvements. Il est vrai que les deux sont axés sur des valeurs analogues en matière d’éthiques environnementale et sociale. En fait, la frontière est tellement ténue entre agroécologie et permaculture qu’il n’est pas aisé de formuler une réponse universelle.
Cependant, il semblerait qu’en permaculture, l’accent soit davantage mis sur l’aspect « mode de vie » voire « philosophie de vie », tandis que l’agroécologie serait davantage considérée comme une technique d’agriculture et officiellement reconnue comme une science. En permaculture, le principe de base repose sur l’idée de placer chaque élément au sein d’un milieu selon sa fonction et ses capacités d’interactions avec les autres. Cela inclut la végétation, les animaux, les énergies (propres), l’humain.
Par ailleurs, il semblerait que l’agroécologie insiste davantage sur sa volonté d’optimiser le rendement, de redonner vie aux sols et d’assurer une sécurité alimentaire. Mais finalement, les deux sont très semblables et partagent une volonté commune : celle de nourrir la planète de façon durable tout en préservant le climat, l’environnement, son intégrité et ses ressources.
Alors, qu’est-ce que l’agroécologie ? On pourrait conclure qu’il s’agit d’une nécessité pour notre avenir. En effet, les problèmes environnementaux causés par l’agriculture conventionnelle, une croissance démographique continue et des inégalités sociales de longue date sont autant de défis cruciaux qui nécessitent une solution efficace et pérenne. Ce modèle agricole sera-t-il donc celui du futur ?
Pour révolutionner l’agriculture moderne, il faudra que les pouvoirs publics décident d’instaurer et de généraliser ce système durable et respectueux de tous… De préférence bien avant que l’appauvrissement des sols ne devienne visible jusque sous nos fenêtres !
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