Climatosceptiques : 4 astuces pour répondre à leurs arguments

Vous avez récemment eu affaire à un climatosceptique, qui vous a affirmé haut et fort que le réchauffement climatique n’existe pas ? Vous vous êtes senti pris au dépourvu ? Pas de panique ! Je vous délivre ici mes 4 astuces pour répondre aux arguments des climatosceptiques.
1. Expliquer la différence entre météo et climat
La première (et classique) erreur du climatosceptique : confondre météo et climat. En réalité, il s’agit d’une faute réalisée par beaucoup de personnes parmi le grand public. Pourtant, pour pouvoir répondre aux arguments des climatosceptiques, il est essentiel de bien savoir les distinguer l’une de l’autre… Je vous propose donc ici une petite liste des phrases qui démontrent qu’il y a une confusion entre ces deux sciences, ainsi que quelques éléments de réponse à apporter.
« On ne sait pas prédire la météo de demain et on veut nous parler du climat de 2100 ! »
Certes, prédire le futur est toujours un peu compliqué, surtout lorsqu’on parle d’un sujet aussi délicat que le climat… Mais comparer les prévisions météos aux prévisions climatiques n’est pas possible, tout simplement parce que la météorologie et la climatologie sont deux sciences différentes…
En effet, dans le premier cas, on parle d’un phénomène local (un village, par exemple), influencé par des milliers de paramètres différents qui changent à chaque minute. Alors que, dans le second cas, on met plutôt l’accent sur des conditions moyennes, définies à partir de données issues de plusieurs dizaines d’années (30 ans minimum) et d’une zone géographique large.
On comprend donc aisément qu’il est plus facile de dire « en moyenne, la température terrestre en 2100 aura augmenté de x °C » que d’affirmer « dans une semaine, à Messimy-sur-Saône, il fera 15,3°C à 9 h et 17,6°C à 18 h »… Bien que cela reste très complexe, car le climat est lui aussi influencé par des milliers de paramètres différents !
« Dans ce cas, pourquoi ont-ils présenté un bulletin météo pour 2050, sur France 2 ? »
Tout simplement pour une question de vulgarisation auprès du grand public. L’objectif était de marquer l’esprit des gens : voici le genre de météo qui nous attend pour 2050 (à plus ou moins quelques années). Il peut en effet être difficile de se représenter l’impact du réchauffement planétaire global sur nos vies, et avoir un exemple concret permet de bien nous rendre compte de l’importance de ce sujet… Mais il ne s’agit en aucun cas d’un véritable bulletin météorologique : il faut plutôt le voir comme un exercice destiné à secouer les esprits.
« T’as vu comme il fait froid ! Je t’avais dit que le réchauffement, c’était du grand n’importe quoi ! »
Ce n’est pas parce qu’il y a une hausse moyenne des températures qu’il n’y aura plus jamais de vagues de froid. À nouveau, ne confondons pas météo et climat… Une journée intensément froide en un point particulier du globe ne signifie pas qu’il n’y a pas eu de réchauffement global (au niveau de la Terre) ces trente dernières années.
Ce n’est pas incompatible. En revanche, ce que vous pouvez affirmer, c’est que le réchauffement climatique impacte l’intensité et la fréquence des périodes de froid. Ainsi, aujourd’hui, les périodes de grand froid sont bien moins fréquentes qu’il y a un siècle.
« De toute façon, quelques degrés de plus ou de moins… qu’est-ce que ça change ? »
Et cela change tout, justement… Dans un système où l’équilibre est subtil, la moindre modification peut provoquer des conséquences catastrophiques. On peut le comparer au fameux « effet papillon » : un battement d’ailes qui peut provoquer un tsunami. Alors, comment l’expliquer ? La dernière ère glaciaire s’est terminée il y a environ 21 000 ans [1]. La fin de cette glaciation s’est soldée par une hausse des températures globales de 4 °C (qui s’est faite en 10 000 ans, et non en quelques dizaines d’années…).
Pourtant, malgré ces « quelques degrés de moins », le paysage à votre fenêtre n’aurait pas du tout été le même : un niveau des mers moins élevé de 130 mètres, des glaciers qui recouvraient l’Amérique du Nord et l’Eurasie, une faune et une flore sans doute bien différentes, etc.
À nouveau, donc, évitons de confondre météo et climat : s’il est normal d’avoir des différences de températures locales qui oscillent sur la même journée, avec des différences pouvant atteindre 10 °C, la température globale terrestre ne change pas aussi rapidement…
2. Utiliser des données fiables et sourcées pour répondre aux arguments des climatosceptiques
Une fois que vous aurez pris le temps d’expliquer aux climatosceptiques la différence entre la météorologie et la climatologie, il est fort probable que ces derniers continuent à s’appuyer sur des données statistiques qu’ils jugeront fiables… Répondez avec efficacité, si possible en vous appuyant sur des sources scientifiques. Si je vous propose ici quelques premiers éléments de réponse, je ne peux que vous encourager à aller vous renseigner et à citer des sources fiables : appuyez-vous sur des sites tels que ceux de Météo-France, de la NASA, de la NOAA, du GIEC… Ils sont plein d’informations utiles et vulgarisées
« Tu vois bien, sur ce graphique, là, qu’il n’y a pas de réchauffement ! »
Lorsque votre interlocuteur vous dit ça, il a en tête un graphique présentant l’évolution de la température terrestre année après année. Il va peut-être même vous le montrer pour soutenir son discours. Observez attentivement le graphique en question : n’est-il pas tronqué ? Si l’image présente des données sur cinq ou dix ans seulement, rappelez à votre climatosceptique les bases de la climatologie : pour suivre l’évolution du climat, il faut observer au minimum 30 ans de mesure.
En effet, sur 5 ou 10 ans de données, il y aura un trop grand écart-type : une année plutôt froide, deux années chaudes, encore une année froide, etc. Difficile d’apercevoir une tendance dans ces conditions. Mais, si vous allongez la période sur 30, 40, 50 ans et plus, vous pourrez observer une nette différence.
Je vous invite à aller voir graphique de la NOAA pour mieux vous en rendre compte : si on l’avait tronqué pour prendre uniquement les données situées entre 2015 et 2020, on ne verrait pas de hausse des températures apparaître. Pourtant, lorsqu’on observe l’image dans son ensemble, cette augmentation est très visible.
Par ailleurs, rappelons que chaque décennie depuis 1980 est plus chaude que tout ce qui a été observé depuis 1850 [3]. Il y a donc bien un réchauffement. Enfin, si la température de l’air n’est pas suffisante pour répondre aux arguments de votre climatosceptique, présentez-en d’autres : fonte des neiges, fonte des glaces, assèchement des sols, hausse du niveau de la mer, baisse de la biodiversité, etc.
« De toute façon, c’est un cycle : réchauffement, refroidissement , réchauffement, refroidissement… »
Grâce au dioxyde de carbone emprisonné dans la glace, il est en effet possible de connaître l’évolution de la température globale de la Terre sur ces 800 000 dernières années. Ceci s’explique par le fait que la température terrestre suit la même tendance que le taux de CO2 atmosphérique. Ainsi, lorsqu’il neige, les flocons viennent se déposer sur la surface du sol et, en gelant, ils forment une couche venant s’ajouter aux précédentes.
Année après année, la glace s’épaissit, emprisonnant les informations contenues dans la neige : poussières, aérosols, composés chimiques atmosphériques divers et variés… Les carottes de glace deviennent alors une source importante de connaissances climatiques. C’est grâce à elles que les scientifiques ont pu reconstituer le climat passé de la Terre. Et, en effet, si des épisodes successifs de réchauffement – refroidissement ont déjà eu lieu, ils ne suffisent pas, seuls, à valider que le réchauffement climatique actuel est lié à un cycle normal :
- Les derniers réchauffements climatiques n’étaient pas aussi rapides. Ils ont eu lieu sur plusieurs milliers d’années, et non sur quelques décennies. La faune et la flore ont eu le temps de s’adapter. Tandis que, nous, nous ne disposons pas de ce temps… C’est pourquoi, aujourd’hui, l’extinction des espèces est 100 fois plus rapide que celles qui ont précédé [2].
- Les derniers réchauffements climatiques n’étaient pas aussi intenses. Nous avons déjà dépassé tous les records… et continuons à les dépasser. Au lieu de nous trouver sur un plateau et d’attendre que les niveaux atmosphériques de CO2 redescendent naturellement, ces derniers augmentent sans cesse, dépassant tout ce que la Terre a connu ces 800 000 dernières années.
Pour mieux comprendre les différences du changement climatique actuel par rapport aux précédents, voici la fameuse évolution du taux de dioxyde de carbone sur Terre : ici. On se rend bien compte de l’importante différence entre les réchauffements passés et le réchauffement actuel…
3. Rappeler qu’il n’y a pas d’autre facteur au dérèglement climatique actuel que l’humain
Les climatosceptiques sont des personnes têtues. Il est donc possible que, malgré toutes ces informations, votre interlocuteur persiste : « Le réchauffement climatique n’est pas causé par l’Homme ! » Il pourrait alors vous affirmer que tout ceci est la faute de ce bon vieux soleil, vous rappelant que le mini réchauffement climatique du Moyen-Âge était dû à cet astre… (et peut-être aussi à l’activité volcanique faible de l’époque). En réalité, aujourd’hui encore, il est difficile de connaître exactement les causes de ce réchauffement, les données à disposition étant trop peu nombreuses.
Dans tous les cas, indiquez-lui que l’activité solaire connaît des cycles : elle se renforce, puis diminue, et ce, tous les 11 ans en moyenne. Elle ne permet donc pas, à elle seule, d’expliquer l’important changement que nous vivons depuis l’ère industrielle.
À ce moment de la discussion, vous pouvez également répondre aux arguments des climatosceptiques en leur rappelant le fonctionnement de notre système climatique : la Terre se réchauffe grâce à ce qui s’appelle l’effet de serre. Ce dernier est dû, entre autres, au dioxyde de carbone, à la vapeur d’eau, au méthane et à bien d’autres composés chimiques contenus dans l’atmosphère… Il s’agit d’un phénomène naturel et nécessaire à la vie terrestre. Mais, lors d’un déséquilibre au niveau des proportions de ces composés atmosphériques, il y a un dérèglement climatique… Et c’est justement en émettant, à travers son activité industrielle, de tels gaz à effet de serre dans l’atmosphère que l’humain a provoqué l’actuel réchauffement…
4. Enfin, si votre climatosceptique est un adepte des théories du complot, une seule solution : fuir !
« De toute façon, tout ça, c’est un truc d’écolo-bobo et un complot des gouvernements ! » Il n’y a pas grand-chose à répondre à cet argument de climatosceptiques… En effet, vous aurez beau lui rappeler que 97 % des climatologues, météorologues, océanographes et autres scientifiques compétents s’accordent sur l’existence du réchauffement et de son origine anthropique, votre interlocuteur ne vous écoutera sans doute pas.
De plus, vous pourrez affirmer que l’écologie et l’environnement sont des sujets qui influencent la vie de toutes et tous, et pas seulement les bobos… Mais je ne suis pas certaine qu’il vous entendra davantage.
Il faut savoir que le Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat (GIEC), créé en 1988, est souvent critiqué par les climatosceptiques (certains d’entre eux s’autoproclament aussi, non sans humour, « climato-réalistes »). En effet, il est financé par 195 États et représente les gouvernements.
Vous pouvez leur rétorquer que cette entité a pour objectif de synthétiser les milliers de travaux réalisés chaque année à travers le monde : leur rapport est donc une compilation des travaux scientifiques sur le sujet, avec des recommandations à l’adresse des gouvernements et des industriels pour minimiser notre impact écologique. Il ne s’agit pas d’un travail orienté dans un but de manipulation des masses.
Un autre argument des climatosceptiques est d’affirmer que les sciences climatiques sont jeunes et qu’on ne peut donc affirmer avec certitude que le réchauffement est dû à l’humain… Dans ce cas, rappelez-leur le simple principe de précaution. Puisque, d’après eux, on ne peut pas l’affirmer avec certitude, mais que cela fait tout de même partie des hypothèses, autant agir dès maintenant pour limiter au maximum l’impact climatique des activités humaines…
Je ne vais pas vous le cacher : il peut être difficile, voire usant, de répondre aux arguments des climatosceptique. Ces derniers trouveront toujours à redire, se croyant devenu experts des sciences climatiques en quelques jours seulement. Ne vous laissez toutefois pas abattre : ce n’est pas en une discussion que vous parviendrez à les faire changer d’avis, mais vous pourriez peut-être les faire réfléchir…
Sources :
[1] Édouard Bard, « Le dernier réchauffement climatique », La Recherche, no 474, avril 2013, p. 54-57. https://www.larecherche.fr/le-dernier-r%C3%A9chauffement-climatique
[2] J.H.Lawton et R.M.May, Extinction rates, Oxford, Oxford University Press
[3] http://www.meteofrance.fr/climat-passe-et-futur/comprendre-le-climat-mondial/387
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