Une ruche dans mon jardin : est-ce possible ?

Une ruche dans son jardin permet de récolter entre 10 et 40 kg de miel par an ? Accueillir des abeilles chez soi, c’est contribuer à la sauvegarde d’une espèce et de la biodiversité tout en profitant d’un délicieux miel maison toute l’année. Mais est-ce faisable ? Quelles sont les démarches à effectuer ?
Puis-je posséder une ruche à domicile ?
Une première bonne nouvelle, c’est que le gouvernement a lancé un plan de sauvegarde des abeilles et encourage tout un chacun à posséder une ruche dans son jardin. Ainsi, des formations, aussi bien pour apiculteurs professionnels que pour les amateurs, ont été mises en place. En outre, la tolérance concernant l’implantation de ces abris pour abeilles s’est étendue. Néanmoins, avant de se lancer, certains points pratiques et juridiques sont à vérifier.
Pratiquer l’apiculture chez moi : ai-je le droit ?
Pour commencer, que dit la loi ? Une certaine distance entre ruche et habitations doit être respectée selon la législation en vigueur dans votre commune. Pour la connaître, il vous faudra probablement vous renseigner auprès de votre mairie.
Cependant, nous pouvons d’ores et déjà vous livrer un début de réponse. L’article 211-7 du code rural stipule que : « Ne sont assujetties à aucune prescription de distance les ruches isolées des propriétés voisines ou de la voie publique par un mur, une palissade en planches jointes, une haie vive ou sèche d’une hauteur de 2 mètres au-dessus du sol et qui s’étend sur au moins 2 mètres de chaque côté de la ruche ». Autrement dit, si votre ruche est placée dos à l’une de ces « barrières », vous ne serez soumis à aucune contrainte de distance, à partir du moment où votre habitation n’est pas adjacente à une collectivité (école, hôpital, etc.).
Par ailleurs, si vous souhaitez sauter le pas, il vous faudra effectuer une déclaration de ruche. En mairie, les futurs apiculteurs et futures apicultrices peuvent retirer un formulaire cerfa dédié. Sinon, plus simplement, il est possible de réaliser cette démarche en ligne en complétant un formulaire dématérialisé. Pratique, non ?
Quels sont les autres facteurs qui pourraient m’empêcher d’avoir une ruche ?
Avant d’installer une ruche chez vous, il est primordial de vous assurer que ni vous ni aucun membre de votre famille ne souffre d’allergie au venin d’abeille. Renseignez-vous auprès de votre médecin qui vous orientera vers un spécialiste pour effectuer un test cutané.
Ensuite, afin d’éviter tout contentieux, nous vous recommandons de prendre le temps d’informer vos voisins de votre projet. Il serait regrettable que votre belle initiative vous cause des problèmes de voisinage. Une ruche, qui plus est, peut également profiter aux foyers alentours. Et si vous pouviez troquer un pot de miel contre des pommes du verger des voisins, par exemple ? En somme, il serait bien dommage de se brouiller !
En dehors de ces deux éventuelles problématiques, tant que vous remplissez les bonnes conditions au niveau législatif, alors la voie est libre !
Une ruche dans mon jardin : je me lance !
Alors, comment fait-on pour accueillir chez soi nos amies les abeilles ? Deuxième bonne nouvelle, monter une ruche soi-même n’a rien de sorcier de nos jours. Voyons ensemble comment s’y prendre.
Comment se procurer une ruche ?
La solution la plus simple consiste probablement à acheter une ruche plutôt que de la réaliser à partir de zéro. Aujourd’hui, grâce à internet, il est extrêmement aisé de trouver des boutiques proposant des ruches en kit à monter. Ces « petites maisonnettes » sont faciles d’utilisation et ont été conçues pour respecter le mode de vie des abeilles à l’état sauvage.
Du reste, le prix d’une ruche n’a rien de rédhibitoire. Son achat vous coûtera entre 100 et 150 € environ, et ce tarif descend entre 30 et 99 € pour une ruchette. En clair, soyez rassurés : non seulement le montage d’une ruche est à la portée de tous, mais en plus, vos économies ne partiront pas en fumée !
Pour les bricoleurs, vous pouvez vous lancer dans la construction de votre propre matériel. Des tutoriels vidéo existent pour vous montrer comment fabriquer une ruche soi-même.
Ensuite, il ne vous restera plus qu’à acheter des abeilles pour la peupler ! Pour ce faire, le plus sûr est de vous tourner vers un apiculteur de votre région. Sinon, vous pouvez faire appel à une boutique spécialisée. Une reine fécondée coûte entre 20 et 30 €, et un essaim entre 85 et 115 € selon la taille.
Comment installer une ruche dans mon jardin ?
Avant de procéder à l’installation de la petite maison pour abeilles, il est nécessaire de prendre quelques précautions :
- Choisir un espace adapté. Une ruche naturelle est construite par les abeilles elles-mêmes, dans le creux d’un arbre, à l’abri des vents forts et à une hauteur de 2,5 mètres environ. Ainsi, on veillera à implanter la ruche dans un lieu dégagé, loin de branchages (dont le bruissement pourrait effrayer les occupantes), légèrement en hauteur et orientée dos au sens des vents violents.
- Installer un point d’eau. Afin de permettre à vos abeilles de s’abreuver régulièrement sans prendre le risque de trop s’éloigner de la ruche, on déposera une grande soucoupe en terre cuite, un pot ou une bassine par exemple à proximité de leur demeure. On prévoira 50 litres d’eau par saison.
- Protéger les abeilles du frelon asiatique. En effet, il s’agit de leur plus grand prédateur. Afin d’écarter la menace, l’une des solutions les plus efficaces consiste à avoir des poules dans son jardin qui vous en débarrasseront. Si vous voulez, en plus du miel, profiter d’œufs frais toute l’année tout en respectant le bien-être des gallinacées, c’est l’occasion d’en adopter ! Ainsi, vous ferez d’une pierre deux coups.
Présentation de nos amies les abeilles
Maintenant que vous connaissez les détails pratiques concernant l’installation d’une ruche chez soi, voyons ce qui se passe dans la maison des abeilles. Ces hyménoptères sont des créatures pour le moins étonnantes.
La vie des abeilles
Les colonies d’abeilles au sein d’une ruche forment une véritable société savamment organisée, proche d’une entreprise créée par des humains. Celle-ci est constituée :
- d’une reine ;
- de 50 000 ouvrières environ ;
- de quelques mâles ou faux-bourdons.
Le rôle de la reine consiste à assurer le renouvellement de l’espèce en pondant encore et encore. En moyenne, elle peut générer jusqu’à 2500 œufs par jour dans les périodes les plus propices, de mai à juillet. Plus imposante que les ouvrières, elle jouit d’une longévité de 5 ans environ.
Les ouvrières, quant à elles, sont stériles. Leur rôle est néanmoins crucial : ce sont elles qui veillent à la bonne marche de la colonie, et de leur activité dépend la survie de la reine. Chaque ouvrière endossera plusieurs rôles au cours des différents stades de sa vie :
- les nettoyeuses retirent les débris de pollen et de cire qui jonchent le sol de la maison. Les nourrices s’occupent de sustenter le couvain (les larves des abeilles) ;
- les architectes construisent les rayons de la ruche ;
- les ventileuses veillent à battre des ailes régulièrement pour assurer l’aération du bâtiment ;
- les gardiennes contrôlent les entrées des mâles et des éventuelles femelles étrangères à la colonie ;
- les butineuses apportent des récoltes de nectar destinées à produire le miel ;
- les magasinières, pour finir, stockent les récoltes apportées par les butineuses.
Les mâles, quant à eux, ont pour rôle de féconder la reine. Ils se déplacent de ruche en ruche afin de s’accoupler avec différents individus : cela permet de préserver la diversité au sein de l’espèce. Il arrive néanmoins que certains mâles ne survivent pas à l’accouplement. En outre, celui qui ne parvient pas à accomplir sa mission peut se voir évincé de la ruche par les femelles. Le même sort est réservé à celui qui ne remplit pas ses fonctions et se contente de piller oisivement les réserves de nourriture (en somme, on peut dire qu’il s’agit d’une vraie société matriarcale !).
Comment les abeilles fabriquent-elles le miel ?
Le miel, c’est un délice sans égal ! Nous apprenons dès l’enfance à l’étaler sur nos tartines… Mais savons-nous comment les abeilles le produisent ? Voici comment se déroule le processus.
Dans un premier temps, les ouvrières butineuses ont pour mission d’aller se procurer du nectar issu de plantes à fleurs diverses. Il peut s’agir de thym, de tilleul, d’acacia… d’où les divers goûts et appellations que l’on peut trouver en boutique ou au marché.
Afin de récolter ce nectar, les butineuses aspirent le liquide présent au cœur de la fleur à l’aide de leur trompe, puis le conservent un moment dans leur jabot (petite poche située juste à l’entrée de l’œsophage). C’est là que débute la transformation. Un premier enzyme change le saccharose en sucres plus digestes, puis un deuxième va y ajouter un conservateur naturel. C’est ce qui explique pourquoi le miel est une denrée impérissable !
Puis, une fois rentrées à la ruche, les abeilles se passent le nectar tour à tour. Le miel en devenir est finalement déposé dans les alvéoles du nid où il entamera sa maturation. Les abeilles ouvrières recouvrent de cire le lieu de stockage afin de préserver la précieuse substance des agressions extérieures.
Et sinon, quelle est l’utilité de cette production ? Les abeilles fabriquent du miel dans le but d’assurer une bonne réserve de nourriture pour l’ensemble de la colonie durant l’hiver. Rassurez-vous, cependant : lors de la récolte du miel par les humains, il est uniquement question de prélever le surplus, et non de priver ces dames de leur pitance.
Pourquoi offrir un toit aux abeilles ?
Les humains qui s’improvisent apprentis apiculteurs obtiendront du délicieux miel maison à la belle saison, qui se conservera toute l’année, mais cet échange n’est pas à sens unique. Avoir une ruche dans son jardin, c’est aussi venir en aide à une espèce menacée d’extinction, et même contribuer à la sauvegarde de la… planète. Oui, rien que cela ! Lisez plutôt.
Les abeilles sont en danger, sauvons-les !
C’est officiel depuis quelques années. Les abeilles sont en voie de disparition. Les causes sont multiples : la prolifération des parasites, les monocultures qui supplantent les espèces de végétaux nécessaires à la survie des abeilles… Les nouveaux virus et agents pathogènes ont également raison de nos amies ailées. Les pesticides, quant à eux, figurent en première ligne sur le banc des accusés. Car, non seulement leur toxicité cause la mort de nombreux individus, mais en plus, leur odeur couvre celle des plantes mellifères, que les abeilles peinent à retrouver.
Préserver la biodiversité, et plus encore
Les abeilles jouent un rôle décisif dans le maintien de la biodiversité. Leur disparition entraînerait des conséquences dramatiques. En effet, il s’agit d’insectes pollinisateurs : ils assurent le transport de grains de pollen permettant la fécondation des plantes. Or, on estime que les insectes pollinisateurs permettent de générer 75 % de la production mondiale de nourriture, un service d’une valeur de 265 milliards d’euros environ ! En effet, entre 60 et 90 % des végétaux dépendent des insectes pollinisateurs pour se reproduire.
En définitive, c’est bien simple : sans les abeilles, c’est l’équilibre des écosystèmes qui est menacé… et la survie de l’humanité aussi.
Participer à la sauvegarde des abeilles est également une question de bon sens d’un point de vue économique. Une étude menée par 2 agro-écologues du CNRS et de l’INRA a révélé que la pérennité des insectes pollinisateurs était plus rentable que l’usage de pesticides sur les cultures de colza.
Installer une ruche dans son jardin, c’est lutter contre la disparition des abeilles, une espèce qui joue un rôle vital à l’échelle de la planète. Il s’agit par ailleurs d’un échange gagnant-gagnant : à vous le succulent miel maison ! Au bout du compte, on peut dire que les intérêts sont nombreux, et les contraintes minimes.
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