Végétalisation : Quand les Villes se Mettent au Vert

En France, 20 000 hectares d’espaces naturels sont artificialisés chaque année. Objectif : la construction de routes, de logements, de bâtiments… Pourtant, les enjeux climatiques invitent les zones urbaines à passer la marche arrière pour enrayer la hausse des températures. Et si on invitait les arbres, les pelouses et les plantes à se faire une place au soleil, ou plutôt à l’ombre de nos rues ? Toits recouverts d’herbe et d’arbustes, façades envahies par le lierre… Découvrez les bienfaits de la végétalisation en ville !
En quoi consiste la végétalisation ?
Pour végétaliser, il ne suffit pas de planter quelques massifs de fleurs au centre d’un rond-point. La végétalisation urbaine va plus loin que cela ! Il s’agit dans un premier temps de permettre à un certain type de flore dite pionnière de recoloniser nos milieux citadins. Mousse, algues, graminées et autres légumineuses sont encouragées à reprendre le pouvoir sur les trottoirs et le béton : c’est la résilience écologique.
Pour pousser plus loin la démarche, végétaliser nécessite surtout une action volontaire de l’homme pour reverdir la ville. Plantations d’arbres, création d’espaces verts, réhabilitation de sols perturbés ou fragilisés permettent ainsi à la nature de reprendre place au cœur de lieux d’où on l’en a chassée.
Enfin, les toits, les terrasses et même les façades et murs des bâtiments peuvent faire l’objet d’un habillage végétal. Dans le cadre d’une certification HQE, la végétalisation des surfaces est un des points de référence permettant d’obtenir le label. Loin d’être une caution verte, cette exigence présente de nombreux bienfaits, notamment en termes d’isolation. Mais ce n’est pas tout !
La végétalisation urbaine et ses bienfaits
Biodiversité et résilience climatique, pour anticiper le changement
Comment adapter le milieu citadin aux importants changements climatiques en cours et à venir ? Réintégrer la nature en plein cœur de la ville contribue à favoriser l’essor d’une biodiversité qui n’y avait plus sa place. Multiplier les plantations, mais aussi fleurir les rues, installer des ruches… Tout ceci participe à la restauration de notre écosystème : un enjeu nécessaire pour faire face au changement climatique.
La végétalisation urbaine est une des solutions privilégiées pour limiter la hausse des températures en ville. En effet, entre immeubles hauts et bétonnés, bitume et circulation routière, on se retrouve vite coincés dans de véritables îlots de chaleur. Or, il ressort d’une enquête de l’ADEME que les végétaux permettent de lutter contre le réchauffement climatique, diminuant la température de nos rues de 0,5 à 2 degrés.
Les arbres nous offrent une partie de la résolution de cette équation écologique. Leur feuillage absorbe en effet 70 % du rayonnement du soleil, le reste étant réfléchi ou atténué dans leur l’ombre.
Des sols de terre plantés de pelouse ou de végétaux permettent quant à eux une meilleure rétention des eaux de pluie, ce dont nous privent nos routes imperméabilisées.
Enfin, la végétalisation des constructions urbaines, qu’elles soient nouvelles ou en rénovation, améliore l’isolation des bâtiments. Un toit-terrasse végétalisé procure de la fraîcheur grâce au phénomène d’évapotranspiration humidifiant l’air. Une façade verte limite les nuisances sonores.
L’amélioration de la qualité de l’air et des sols
Vous connaissez déjà la photosynthèse : les végétaux absorbent le CO2 et, en contrepartie, produisent le dioxygène que l’on respire. Mais savez-vous qu’un arbre peut capter chaque année jusqu’à 20 kg de particules présentes dans nos airs pollués ?
Le rôle filtrant des végétaux est d’autant plus important que nos milieux urbains sont soumis à une pollution atmosphérique intense. Circulation des véhicules et industrialisation dégradent la qualité de l’air. Outre la mise en place de restrictions d’accès de certaines villes aux voitures, pourquoi ne pas s’aider du monde végétal pour améliorer notre qualité de vie ?
La végétalisation permet aussi d’amender les terrains et cours d’eau saturés de polluants, grâce aux techniques de bioremédiation. Des arbres, plantes et micro organismes peuvent ainsi naturellement extraire ou dégrader certains contaminants et assainir les sols.
La santé et le bien-être des citadins
L’exode rural intervenu à la suite des confinements de 2020 a témoigné d’un besoin, presque viscéral, de se reconnecter à la nature. Mais pour ceux qui restent vivre en ville, la végétalisation urbaine apporte une véritable respiration. La présence d’espaces verts dans notre environnement a un effet bénéfique sur la réduction du stress. Ce sont les scientifiques qui le disent : les arbres et la nature participent activement à la préservation de notre santé mentale.
Quant à notre santé physique, elle est mise à mal par la pollution atmosphérique responsable de maladies respiratoires (asthme, allergies…) et de décès. Un cadre de vie végétalisé, a contrario, prend soin de votre corps, en régulant également votre rythme cardiaque et en diminuant votre tension artérielle. Certaines études ont démontré une récupération des malades plus rapide au contact de la nature.
Enfin, la végétalisation possède une force créatrice. Elle crée du lien entre les habitants (qui n’a jamais discuté avec de parfaits inconnus lors d’une balade au parc ?). Elle crée du bien-être, rend l’activité physique motivante et agréable. Elle crée enfin des emplois car oui, il en faut des travailleurs pour rendre nos villes plus vertes !
Comment faire place au végétal en milieu urbain ?
Développer les espaces verts
Faire la part belle aux parcs municipaux, aux jardins de ville est la manière la plus conventionnelle de revégétaliser le milieu urbain. Des lieux composés d’herbe, de plantes et fleurs locales ou exotiques, d’arbres mais aussi d’étendues d’eau constituent de véritables îlots de fraîcheur. De tels espaces verts, agréables et ombragés favorisent la biodiversité et font le bonheur des citadins !
Il peut aussi s’agir de planter des arbres en plein cœur de la ville, pour limiter les apports calorifères de la circulation et de la rétention de chaleur des bâtiments.
Végétaliser les bâtiments
Toitures, terrasses, façades ou même parkings, chaque infrastructure est utile pour être recolonisée par Dame Nature. Plusieurs techniques de végétalisation existent pour coller aux contraintes de surface. Elles permettent toutes d’améliorer l’isolation thermique et phonique, de manière plus ou moins poussée. Il est intéressant de les mettre en œuvre lors de travaux de rénovation énergétique par exemple.
- La végétalisation extensive nécessite un substrat peu épais, d’une dizaine de centimètres. D’un entretien simple et adaptée à tous les matériaux, elle permet d’accueillir de la végétation rasade type mousse ou plantes vivaces.
- La végétalisation intensive et semi-intensive : ces toits-terrasses sont de véritables minis jardins suspendus ! Ils nécessitent une surface résistante (ossature béton pour l’intensive) car le substrat est épais de 15 à 50 cm, et donc lourd. Ils peuvent accueillir de la végétation haute et même des arbustes et arbres. Un véritable havre de biodiversité, à entretenir et arroser, et une isolation naturelle extrêmement performante.
Le permis de végétaliser, pour une action individuelle
Mis en place dans de nombreuses communes, le permis de végétaliser permet à tout citoyen de contribuer à reverdir son environnement. On ne se limite plus à son jardinet ou son balcon : la rue est à vous (avec quelques restrictions tout de même). Ce document s’obtient auprès de votre mairie : une fois muni de votre sésame, allez jardiner en ville !
Tel un agent des espaces verts, vous pouvez faire vos propres plantations dans certaines zones : au pied des arbres, en pleine terre au bas de votre immeuble ou dans un espace non planté. Fleurs et végétaux adaptés au lieu de culture, fruits et légumes dont la récolte bénéficie à tous… Presque tout est possible tant que la circulation et la visibilité ne sont pas gênées. Évidemment, les engrais chimiques et pesticides ne sont pas les bienvenus puisqu’il s’agit d’une initiative écologique !
Et si vous avez envie de cultiver pour votre propre consommation, pensez aux jardins partagés. De nombreuses villes mettent à disposition de leurs habitants ces petites parcelles potagères dans lesquelles vous prendrez plaisir à travailler la terre. Une occasion idéale de tester la permaculture !
La végétalisation de nos milieux urbains a clairement tout bon : belle, utile, alliée puissante contre le changement climatique… Les initiatives communales se multiplient pour inviter la nature à reprendre ses droits, et c’est tant mieux. D’ailleurs, si vous êtes citadin, racontez-nous : votre ville à vous, elle se met au vert ?
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