Vêtements Responsables : Comment les choisir ?

2ème industrie la plus polluante après l’activité pétrolière, l’industrie de la mode accumule les impacts négatifs sur l’environnement et la société. Principalement montrée du doigt, la fast fashion a généré pendant plusieurs dizaines d’années, des surproductions de vêtements, souvent de qualité médiocre. Tout cela pour nous faire consommer toujours plus. Mais les choses évoluent. En 2017, selon l’Institut Français de la Mode, près de 22 % des français déclaraient avoir acheté des vêtements conçus dans une démarche de développement durable. Ainsi, au-delà des labels et des certifications, plusieurs critères peuvent vous aider à bien choisir vos vêtements responsables. Cependant, ce secteur est encore particulièrement compliqué à déchiffrer, c’est pourquoi, au-delà des étiquettes, il est nécessaire de s’informer toujours plus sur les textiles que l’on achète.
3 critères à scruter pour identifier des vêtements écoresponsables
Un lieu de fabrication proche de chez soi
65 000, c’est le nombre moyen de kilomètres que parcourt un jean avant d’arriver à destination. En effet, une grande majorité des vêtements à bas prix que nous trouvons dans nos magasins est fabriqué à l’étranger. Cela est en effet plus intéressant financièrement pour les enseignes de payer le prix du carburant que de produire en Europe. Acheter des vêtements conçus localement chez des créateurs par exemple, est un premier pas vers plus d’écoresponsabilité. En choisissant d’acheter des vêtements produits près de chez soi, les savoir-faire sont valorisés et l’économie locale soutenue.
En matière de certifications, il faut rester vigilant. Par exemple, la mention « Made In France » n’est pas un label. En effet, il est possible que la notion de fabrication française ne concerne que la dernière étape d’assemblage en France, alors que les matières premières et le travail de tissage proviennent d’Asie par exemple. D’autres appellations sont plus solides et exigeantes : les labels « France Terre Textile » et « Origine France garantie », par exemple. Ce dernier stipule que la coupe, le montage et la finition doivent être réalisés en France, et qu’au moins 50 % du prix unitaire du produit alimente le territoire français.
Une production respectueuse de l’environnement
4 % de l’eau potable produite dans le monde est utilisée pour fabriquer des vêtements (Fondation Ellen Mc Arthur). Les matières végétales et synthétiques avec lesquelles ils sont conçus consomment énormément de ressources naturelles (eau, pétrole, etc.) Pendant toute la phase de production, le vêtement passe par plusieurs étapes, chacune apportant son lot de pollution et de rejets nocifs pour l’environnement. Lors de la filature et du tissage, pour renforcer la résistance des tissus, les fils sont enduits de produits chimiques que l’on retrouve ensuite dans les eaux usées. De même, les techniques de délavage et de teinture sont particulièrement néfastes pour l’environnement et pour les travailleurs du textile, souvent très exposés.
Pour s’y retrouver, l’ADEME (l’Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie) conseille de privilégier le coton bio (label GOTS par exemple) ou des marques qui utilisent des matières synthétiques recyclées, le label Global Recycled Standard qui certifie l’usage de matière recyclée.
Un vêtement conçu de façon éthique
Les détails de fabrication de nos vêtements figurent rarement sur l’étiquette, et pour cause : les conditions de travail des ouvriers du textile sont souvent difficiles et dangereuses. En 2013, l’effondrement de l’immeuble du Rana Plaza au Bangladesh a fait plus d’un millier de mort. Il abritait 6 usines textiles qui travaillent principalement pour des grandes marques, peu soucieuses des conditions de travail des ouvriers. Cet événement tragique a mis en lumière l’énorme défaillance éthique des grandes enseignes de vêtements. Pour bien choisir des vêtements responsables, respectueux des droits humains et des travailleurs, le label « Fairtrade » est un gage de qualité, il garantit des conditions de travail décentes ainsi que l’interdiction du travail des enfants.
De son côté, la fondation Fair Wear apporte son soutien aux entreprises pour mettre en place une production éthique et respectueuse des travailleurs. Cette fondation ne délivre pas de label, mais son logo peut figurer dans la communication commerciale des marques concernant leur produits vestimentaires. Vous l’aurez compris, choisir un vêtement écoresponsable nécessite de s’intéresser à toute la chaîne de production et de valorisation du vêtement. Bien souvent, les labels ne garantissent que partiellement l’ensemble des critères. Un vêtement en coton bio peut être produit dans des conditions particulièrement dramatique du point de vue humain. Pour cela, il faut être vigilant, recouper les informations et bien se renseigner auprès d’organismes spécialistes du sujet.
S’informer sur les marques éthiques auprès de sites reconnus
Chercher à connaître l’origine de ses vêtements
Les consommateurs sont de plus en plus exigeants sur l’impact environnemental des produits qu’ils achètent. Certaines grandes marques l’ont bien compris en communiquant à tout va sur leurs nouveaux concepts écoresponsables. Si les avancées sont réelles, il reste encore beaucoup à faire, car ces marques produisent encore de trop gros volumes pour être réellement considérées comme respectueuses de l’environnement.
Choisir ses vêtements responsables implique d’avoir un œil de lynx. Pour vous aider, plusieurs organisations internationales comme Greenpeace mettent en place des dispositifs d’information à destination des consommateurs : un « Podium Détox » a été créé. Ce classement répertorie les grandes marques de l’industrie textile en fonction des mesures concrètes prises en faveur de la réduction des toxiques. Il cite également les « Greenwashers » et les « Losers » qui trainent encore les pieds. Autres sources bien utiles pour faire son choix : les sites de collectifs impliqués dans les démarches de mode écoresponsable.
Le collectif Éthique sur Étiquette propose une véritable mine d’informations et de veille sur les conditions de fabrication des produits commercialisés par les grandes marques. Enfin, la plateforme d’information SloWeAre, communauté consacrée à la « slowfashion », a créé un label écoresponsable ayant pour objectif de guider les consommateurs vers une mode plus durable. Cette plateforme analyse chaque nouvelle marque selon un panel de critères : production raisonnée, impact social, qualité des produits et des matières premières, etc. Elle propose des listes d’enseignes et de créateurs répondant au mieux aux exigences environnementales et sociétales.
Oser prendre les devants en interpellant les marques
Pour aller encore plus loin, pourquoi ne pas demander directement des comptes aux enseignes ? C’est l’objectif que vise la Fashion Revolution Week, organisée chaque année en avril, en mémoire de la catastrophe du Rana Plaza au Bangladesh. Pendant cette semaine, les consommateurs sont invités à choisir un vêtement dans leur dressing, à poster une photo sur les réseaux sociaux avec l’étiquette apparente, et à interpeller la marque avec le hashtag #WhoMadeMyClothes. En 2018, 3,25 millions de personnes ont participé à cette manifestation, et cela a porté ses fruits puisque certaines marques ont accepté de publier la liste de leurs fournisseurs.
Choisir des vêtements responsables en consommant autrement
Et si pour choisir des vêtements responsables on commençait par moins consommer ? Pour y arriver, différentes solutions existent et sont désormais accessibles à tous.
Privilégier l’achat de vêtements d’occasion
Autrefois réservé aux personnes modestes, l’achat de vêtements de seconde main a pris une ampleur considérable en témoigne le succès de nombreux sites internet spécialisés. Selon l’Institut Français de la Mode, 39 % des français disent avoir acheté un vêtement d’occasion en 2019, contre seulement 15 % en 2010. Même si une grande majorité des ventes se fait par internet, de nombreuses enseignes proposent à leurs clients d’acheter des vêtements de leur propre marque en version vintage. C’est le cas pour plusieurs enseignes spécialisées dans la mode enfant : Okaïdi, Obaïbi, Jacadi, Cyrillus, Petit Bateau, etc.
Louer ses vêtements
77 % des Français considèrent qu’il est plus important d’utiliser un produit que de le posséder (Observatoire des Sociétés et de la Consommation). Certes, la pratique de la location est connue pour de nombreux biens de type outillage, véhicule…, elle l’est moins pour ce qui est des habits. Et pourtant, plusieurs sites proposent ces services, qui permettent, sous condition de louer manteaux robes et différents accessoires pour se créer une garde-robe sur mesure.
Surcycler ses anciens vêtements pour éviter de les jeter
Surcycler ou upcycling en anglais permet de créer de nouveaux vêtements à partir d’anciens. Cette pratique diffère du recyclage, où l’on détruit avant de recréer, alors qu’avec le surcyclage, le vêtement est seulement modifié ou adapté pour répondre à d’autres besoins ou simplement être remis au goût du jour. Cette pratique a inspiré plusieurs enseignes pour lancer leurs propres lignes de vêtements « reworked ». Mais rien ne vous empêche, avec quelques talents en couture, de vous y mettre et de renouveler votre dressing sans avoir recours à votre porte-monnaie.
Tester un #haulternative pour donner envie de consommer responsable
Et pourquoi pas céder à la tentation de réaliser un « haulternative » ? Le « haul » est une vidéo publiée sur les réseaux sociaux dans laquelle on montre et on commente ses nouveaux achats de vêtements. Le « haulternative » en est la version écoresponsable. Testez un #haulternative permet de monter que l’on peut renouveler sa garde-robe en chinant, en transformant d’anciens habits sans faire de shopping ! Quelque soit votre choix : achat de vêtement responsable, location, recyclage ou surcyclage, plusieurs possibilités s’offrent désormais à vous afin de participer activement à la réduction de la pollution issue de l’industrie de la mode, alors, n’hésitez pas à en parler autour de vous.
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